Pourquoi est-ce que te fais du mal ? Tu sais que t’es naze.  

Se faire du mal… voilà ce qu’il avait décidé. Comme un grand. Mais il voulait apprendre. Il fallait qu’il apprenne plutôt. Il n’avait pas trop le choix. Son regard avait parcouru tous les carnets scellé par des sortilèges et des malédictions, ses propres petites créations sadiques. Un soupçon d’anciennes malédictions persanes saupoudré d’une bonne dose de sadisme aztèque. Il en avait balancé un dans son sac à dos et caressa doucement sa petite pie avant de prendre ses affaires. Direction le Labo.

« Je suis maso... »Marmonna-t-il entre ses dents.

Si se décrire de la sorte n’était pas dans ses habitudes, il devait parfois s’avouer qu’il devait avoir ces tendances, surtout quand il voyait l’état de son bras. Remplis de cicatrices plus ou moins grandes. Et que dire de son corps meurtri par une jeunesse à brûler la corde par les deux bouts. Il avait vécu pas mal d’horreurs et aujourd’hui il semblait prêt à rester calme. Marcher. Dans cette fraîche matinée d’un samedi matin, voilà qu’il approchait du labo. Une dernière inspiration profonde et il entra dans le labo.

« Nazrim, entrez, je vous en prie. Vous pouvez fermer la porte ou la laisser ouverte. Je n’ai pas de préférences pour ma part » dit alors Fox Valmont, le professeur de potions, son collègue.

Du pieds il ferma la porte et d’un sortilège informulé, il ferma la porte à clef tout en y ajoutant un assurdiato pour éviter les oreilles traînantes des élèves. Une fois rentré il déposa son sac et rangea sa baguette dans la poche de sa manche droite. Enfin depuis son entrée, Nazrim posa ses grands onyx sur le blond aux yeux bleu contemplant son collègue tout en se disant un instant que plus différents physiquement qu’eux deux, il n’y avait pas. Fox était aussi blond que lui avait les cheveux d’un noir profond, ses yeux était d’un bleu dans lequel une personne non avisé se perdrait, alors que ses yeux à leurs d’une noirceur intense ne laissait que peu de choses filtrer. Et à la pâleur de sa peau venait  se comparé le hâle sombre de l’orient. Il cessa sa contemplation de son collègue et fixa le tableau. Oh oui celles-là il avait déjà fait et moyennement réussit. Il remerciait son collègue de classe de l’époque, d’avoir découpé les ingrédients pour lui d’ailleurs.

Calmement il s’approcha et s’appuya sur le plan de travail au niveau de ses hanches pour regarder le tableau et vite fait lire les potions plus en détail, maintenant qu’il était plus proche. Si à cet instant précis, son cher legillimens de collègue avait céder à son éthique, chose qu’il ne ferait pas, il aurait pu voir dans les pensées de l’irakien, des souvenirs d’une époque plutôt douloureuse.  Il écoutait parler Fox, lui expliquer lui parler, en gardant le silence…  Puis sa dernière question …

« Mais à vous de me dire l’objectif que vous voulez vous fixer. Vous n’êtes pas élève, vous pourriez aussi bien vouloir atteindre un niveau moindre… ou supérieur » avait-il dit en montrant au-delà du tableau et sans un mot Nazrim s’était détourné du tableau.

De son sac il appela le carnet qu’il avait préalablement emporté et l’ouvrit sans formulé ses propres sortilèges, il ne faisait pas encore assez confiance au blond, bien malgré tout, pour lui laisser entendre comment défaire ses sorts scellant ses livres. Il fit léviter le livre et le posa devant le blond. C’était un test. Ça aussi, Fox aurait pu le lire. Car cette potion était un baume soignant, cicatrisant. Un baume qu’il avait déjà fait plus d’une fois, toute fois il n’existait dans aucun manuel de potions ou médicomagique du monde.

« C’est possible ? Me semble que c’est un truc pas trop complexe. J’ai les ingrédients spéciaux, aussi. Désolé si ce n’était pas dans vos plans Fox. »demanda-t-il

Lui tester son collègue ? Non voyons … Si. En fait totalement si. D’ailleurs le baume n’était pas pour lui. Il en avait encore 4 kg dans son appartement. C’était simple à faire quand on avait tous les ingrédients spéciaux, et quand on avait passé 10 longues années en Amérique du Sud arpentant la forêt amazonienne de temps à autre, ramasser les ingrédients n’avait pas été si compliqué. Enfin. Ça dépendait desquelles. Il posa son regard sur les mains de Fox et puis le releva, fixant le blond dans les yeux. Il le remercierait cet hiver, s’il acceptait d’essayer cette potion. Ses mains, elles le remercieraient c’était certain. Comment ça en fait Nazrim était doux ? Il le réfuterait toujours, il n’était pas tendre ou sympathique. Simplement prévoyant. Il connaissait les cicatrices et les cicatrices mal soignées. Il en connaissait la douleur.

«On teste ça ? … Pour la petite histoire, elle vient du Brésil d’une petite tribu amazonienne. » dit-il avec la voix la plus calme possible. Il acceptait de parler un peu de ses dix ans d’escapades, petit à petit.

Pourquoi est-ce que te fais du mal ? Tu sais que t’es naze.  


Il avait calmement écouté Fox lui décrire la potion, non sans hocher la tête à chaque énumération. En bon élève il n’avait pas interrompu son professeur et avait simplement regardé le blond. Evidemment qu’il savait tout ça, qu’il connaissait l’utilité de ce baume. Il ne l’avait pas choisie pour rien. Il savait bien toutes les spécificités. La preuve, il l’avait déjà faite, mais ça aussi il le garderait pour lui.  Il fixa son sac, qui flotta jusqu’à lui et l’ouvrit distraitement coinçant sa baguette entre ses dents. Il sortit plusieurs fioles sans savoir à relire les ingrédients.

« Che crois ch’on a tout. » Marmonna-t-il avec la baguette entre ses dents.

Le professeur de sortilèges sortit de son sac un tablier et le passa. Il semblait user et sentait très fort les épices. Il poussa doucement les fioles vers Fox et les tourna chaque une vers lui, l’étiquette portant la même écriture que le carnet. Ce qui en soit pouvait déjà offrir au blond un peu plus d’informations sur le réel écrivain de ce carnet.

Nazrim avait par réflexe posé sa baguette derrière son oreille pour enfiler un gant avec ses dents et enfin ranger sa baguette une fois le gant mit. D’une main il ouvrit l’une des fioles les premières sur la liste et en posa exactement 3 gouttes dans le chaudron.

« De c’que je me souviens le sang de kurupira est presque aussi mortel que la morsure d’un Basilic, même si j’ai rarement croisé des basilic. Plus de kurupira. » Marmonna-t-il avec lassitude.

Oh oui il en avait croisé des kurupira dans les forêts amazoniennes, bien avant que son périple ne se transforme en cauchemar. C’est pour ça que parler du brésil était plus facile. Le Brésil avait encore la douceur d’un temps où rien ne l’avait blessé. Il referma la fiole et la donna a Fox.

« C’est rare, et ce qui est rare vaut cher. Vous mieux que quiconque devez savoir la dangerosité de ce que contient la fiole. » Nazrim leva les yeux «Et soyons honnête, je serais plus rassuré de savoir les ingrédients ici, plutôt que chez moi. » Marmonna-t-il « Je vous laisse l’étape suivante. » dit-il calmement.

Et puis ça lui permettait de voir le potioniste à l’œuvre. En soi il était aussi un peu là pour ça. Pour apprendre de lui.

Pourquoi est-ce que te fais du mal ? Tu sais que t’es naze.  

Ah. Il s’en était rendu compte. Il n’était donc pas con. C’était bien. Nazrim afficha même un sourire satisfait et ouvrit son sac pour poser des gants en cuir sur le plan de travail. Il prit des ingrédients qui allaient suivre et en ajouta quelques branches avec douceur comme il fallait.

« Rien de tout ça. » Dit-il calmement

Il s’étira un peu puis resta un moment à regarder son collègue. Il s’étire un peu et regarde le blond calmement alors que la potion commence à bouillir. Il lève sa baguette et murmure le sortilège en Tuppi qui active la potion.  La potion commence à prendre une teinte bleu puis sous le coup du sortilège des stries d’or s’y mélange.

« Je cherchais simplement à voir si je pouvais avoir confiance en vos capacités. » Il montra le carnet et soupira un peu  « Ce carnet est le moins dangereux de tout ce que j’ai trouvé au cours de certains voyages… »

Il prend un contenant en or et avec sa baguette il transvase le mélange qui au contact de l’or se durcit et devient un baume d’or et de bleu. Il ferme le pot et le donne a Fox calmement.


« J’espère que vous ne m’en voulez pas d’avoir user de votre savoir-faire pour vous fabriquer quelque chose qui vous aidera cet hiver. » Il regarde le blond avec un simple sourire « Ni d’avoir souhaité tester votre curiosité avant de vous dévoiler certaines choses, que seuls nous semblons être en mesure de comprendre l’un de l’autre. »

L’irakien sourit navré et se gratte le cou. Oh oui il se sent con mais au moins maintenant Fox saura à quoi s’en tenir avec lui. Nazrim teste souvent, de ses élèves à ses collègues, son manque de confiance de base l’y oblige.

Pourquoi est-ce que te fais du mal ? Tu sais que t’es naze.  

Acheter… Oh. Nazrim toussa un peu alors qu’il écoutait calmement Fox. Oh oui il marquait plusieurs points importants, de la discrétion à l’importance de la préservation de cette magie. Sans un mot l’irakien l’écouta, patiemment avant de le voir refuser le baume. Il soupira un peu plus avant de regarder  le baume, il leva son t-shirt pour le caller entre ses dents et prit ensuite du baume sur les doigts. Il restait encore une cicatrice  sur son torse, au niveau du cœur qui n’était pas bien refermée et il en appliqua. La pommade fit sa magie et la cicatrice se ferma définitivement, laissant une marque plus fine et plus discrète.

« Pour vos mains cet hiver. » Dit-il calmement « Si j’estimais avoir besoin d’acheter votre silence, je ne serais même pas ici. Mais j’ai pu constater que vous ne posez pas de questions et c’est ce qui vous vaut, désormais, ma confiance. Comme vous l’avez deviné ce sont des sortilèges anciens. Certains sont dangereux, d’autres inoffensifs. Pour ce qui est de ce baume, je peux sans craintes affirmer qu’il m’a sauvé la vie plus d’une fois. C’est le meilleur cicatrisant et coagulant que j’ai pu voir à l’œuvre, toutes magies et potions confondues  »

Il recula légèrement laissant le baume sur le plan de travail , sifflant après son sac, qui vient voler vers lui. Quelque chose que Fox avait dit lui revint en tête et Nazrim soupira encore plus profondément.

« J’ai vécu toute ma vie seul, Fox. Je n’ai pas besoin de libérer ce que j’ai vécu, c’est ancré dans ma peau. Quand à m’arrêter ? Nul besoin. Il y a des choses que j’ai fait, que j’ai sacrifié pour ces secrets, pour préserver cette magie qui sans mon intervention serait morte. Même si elle n’est plus de ce temps, même si elle est dangereuse, elle ne peut s’éteindre. Que deviendrait le monde si il ne se souvenait pas de son passé ?  »

Pendant qu’il parlait de ce qu’il avait vécu, la douleur pu se voir dans ses yeux. Il s’apprêta à sortir, et se tourna vers le français.

« Je vous remercie toute fois de m’avoir laisser vous montrer l’un de mes secrets et m’excuse de cette entourloupe pour le moins alambiquer.  J’espère que vous saurez me pardonner. »

Il resta près de la porte avant de laisser échapper un léger rire.

« Plus sérieusement Fox, sans achat ou sans mauvaise intentions, sans sous-entendus ou sans espoir de retour, usez de ce baume sur vos mains. Ou ne l’usez pas. Sachez juste que j’ai encore 4kg de cette merveille chez moi, au cas où… vous viendriez à l’utiliser. »

Car si Fox avait la recette, il n’avait pas le sortilège qui activait la formation du baume, par prudence, Nazrim l’avait gardé secret. Il restait encore trop de choses sur lesquelles Nazrim ne faisait confiance a personne.