Cela fait quelques temps déjà que Gabriel a pu observer et se rapprocher de Jack. Son fameux crush dont il parle à absolument tous ses proches. Parce que Jack par-ci, Jack par-là. Il est parfait, il est beau, il est talentueux. Ça en est devenu une obsession et depuis leur petit rendez-vous dans un fast-food, il en est certain; son gaydard sonne et lui hurle qu'il penche du même bord que lui. Les rougeurs sur ses joues à chaque fois qu'il sourit, ses compliments sur ses cheveux, leur regard complice....oui c'est un tout. Et cette fois-ci, le petit brun en est certain, il allait inviter la populaire tête blonde à aller au bal avec lui.

Quelques jours plus tard, après leur dîner en tête à tête, Gabriel a eu le temps de se poser et de réfléchir à tout ça. Et même si les rumeurs vont de bon train.....il s’en fiche. C’est vrai. Il n’a jamais eu ce don de s’entendre avec tout le monde. Mais il n’en a jamais eu rien à faire. De leur regard. À cette bande de naze. Alors pourquoi s’en soucier maintenant-? Alors que le fait que Jack et lui s’entendent à merveille et que son gaydar sonne, sont des raisons suffisantes pour foncer? Et il préférait essayer plutôt qu’à jamais avoir des remords. Et c’est les examens finis et le début des vacances là que Gabriel se décide QU’ENFIN il allait déclarer sa flamme au beau blond qui fait battre son cœur.

Mais la fin des examens annonce aussi le bal! Gabo se fiche bien des petites moqueries, il les remarque surtout à peine; l'esprit trop occupé à penser à Jack sans arrêt, il est certain que son crush est mutuel après leur petit rendez-vous. Et alors que Jack est assis à une table, entrain de manger avec ses amis, il vient faire mine de toquer à son dos:

-"Toc, toc Doc Morrison! Je peux vous parler en privé-?"

Et comme pour faire plaisir et faire craquer à coup sûr le beau blond, Gabriel a fait à peu près la même coupe de la dernière fois, une partie de ses cheveux attachés en arrière, des petites fleurs coincées dedans, en sachant que le beau blond apprécie grandement sa coiffure et lui sourit tendrement.

Il ne comprend pas bien la froideur de Jack mais n’y fait pas trop attention non plus sur le coup vu qu’il remarque très vite les rougeurs sur les joues de son petit amoureux. Il lâche un petit rire et bien que le stress soit bien présent.....il est confiant. Tout le monde l’a conseillé de foncer. Et lui aussi d’ailleurs. Il sait que Jack crush sur lui. Et il ira au bal avec lui. Il lui montrera combien il danse bien et peut-être même....qu’ils finiront par s’embrasser pendant la valse. Il secoue la tête, les joues rouges pour se l’enlever les images fleur bleue de son esprit et se gratte l’épaule:

-"Tu sais quoi...je vais le faire là! Ici!"

Il rit, timidement alors que les regards sont tournés sur eux et que son cœur bat à la chamade.

-"Bon, bas...tu vois Jack....tu m’as dit que tu avais personne avec qui aller au bal-! Et...que tu étais sûr pour moi que la personne allait accepter d’aller au bal....et cette personne c’est toi Jack-! Ahaha....c’est avec toi que je veux aller au bal!"

Il se mord la lèvre inférieure, tout heureux d’avoir eu le courage de lui demander d’aller au bal avec lui.

-"Alors J-jack....veux-tu être mon cavalier-?" Il penche la tête sur le côté en gardant son doux sourire et s’amuse avec une de ses mèches de cheveux.

Gabe y croyait au moins dur comme fer. Tous les signes étaient là et il y a des preuves qui ne trompent pas. Mais non. Alors que Gabriel était particulièrement fier de sa douce et jolie déclaration.....Jack peut voir dans les cheveux du petit brun a exactement quel moment son cœur s’est brisé. Les tremblements commencent. C’est un compte de fée qui s’écroule. Son histoire amour à lui qui tombe à l’eau. Et son cœur qui s’explose en mille morceaux pour ne plus laisser que douleur et la tête qui tourne.

Alors que jamais Gabe n’avait écouter les moqueries et les rires des autres....c’était bien la première fois qu’il les entendait, raisonner même dans son esprit.

Il tremblait.

De plus en plus fort tant l’humiliation était grande et la déception terrible. En un ultime espoir, il essaye de s’accrocher au regard de Jack alors que ses yeux s’emplissent de larmes et que sa voix commence à trembler:

-'Mais.....Jack....enfin....je compte vraiment pas pour toi-? Tu vas vraiment....écouter des bêtises pareilles-? Y’a pas de mal à être gay et-... "

Mais l’un des amis de Jack coupe Gabriel en pleine phrase:

-"Pouah! Mais la ferme la tapette! Allez Jack, pousse-le, il va te coller tout le temps sinon!"

S’en suivit le groupe qui frappe sur la table et chantonne en rythme « Pousse-le, Gabe la tapette! »

Mais Gabriel, lui, ne fuit pas. Il a confiance en Jack. Il sait qu’il n’est pas comme eux. Qu’il est gentil lui. Qu’il ne les écoutera pas....non Jack il est trop intelligent et réfléchi pour ça.

Vas-y Jack....après tout, tu es le héros et modèle de Gabo.

Gabe aurait voulu être plus fort. Rester de marbre comme il savait si bien le faire. Mais les larmes s’étaient mises à couler sans sa permission. Des chaudes larmes, un cœur brisé et une confiance trahie. Avec du recul, il aurait pu leur faire fermer leur clapet à tous ses petits cons. Mais rien. Des larmes, il hyper-ventile et sa tête lui tourne. Il passe un regard honteux sur l’assemblé de Jack avant de retourner sur la cause de tous ses maux:


Mais la question ne sort pas. Il n’y a pas de honte à être gay. On les emmerde les autres, ils sont bêtes. Mais non. Son visage se déforme sous la tristesse et le flot qui s’écoule de ses yeux ne s’arrête pas et s’intensifie au rythme que les rires moqueurs s’élèvent. Tout ça. De la faute de Jack:

-"T’es qu’un lâche Jack-! Je te déteste-!"

Une maigre contre-attaque qu’il ne pense pas. Les rires s’intensifient et il est comblé de honte. Jack. Salopard de Jack. Mais il ne peut plus rien faire. Jack a commencé la guerre et a gagné leur première bataille. Mais Gabriel se promit une chose; Il lui fera regretter. Et plus jamais personne n’osera se moquer de lui. Jamais. Il déglutit et fait demi-tour pour trottiner rapidement hors de la salle et s’enfermer aux toilettes jusqu’à ce que le torrent dans ses yeux et son cœur s’arrête de lui faire si mal.