Ce n’est pas si souvent que les Gavinners acceptent de se rendre dans des petits événements, s’ils devaient tous les faire en plus de leurs concerts réguliers, ils n’auraient jamais fini. Mais là c’est à Blommbury, dans un petit restaurant qui accueille parfois des soirées musicales et qui a profité qu’ils soient tous à Ilukaan pour leur proposer de se montrer. Ils seront le clous de la soirée, avec d’autres petits groupes locaux qui viennent avant… et après. Klavier, dans toute son humilité, plaignait les groupes qui viendraient après eux. Ils vont tellement tout déchirer… C’est triste.

En plus, ils vont manger et boire à l’oeil toute la soirée, et ça, c’est plaisant. Pas que l’argent leur manque, mais c’est toujours agréable d’avoir des choses gratuites. Klavier est donc venu en avance pour manger ici, ses collègues ayant choisi que… la flemme. Il soupire. Qu’ils sont bêtes ! C’est aussi un moyen de tester la clientèle du magasin, de voir si tout va bien, s’ils sont ‘’opés’’. Il est debout dans l’entrée, attendant un serveur qui voudra bien le guider à une table en sifflotant. Il observe déjà un peu la salle vide… Et croit entendre un cri qui lui rappelle quelque chose.

Aussi un sourire énorme et lumineux s’étale sur son visage lorsqu’il voit Apollo débarquer devant lui, tout guindé et dans la tenue de service du restaurant. Tiens donc.

« Oh mais si ce n’est pas Herr Grand front que voilà ! » Il s’exclame, ravi. « Tu as tout bien résumé, je vais manger ici et bien surveiller que tu fasses ton travail du coup ! En attendant. » Il glousse et le suit jusqu’à la table. Il repère l’organisation des lieux, il n’est pas venu souvent, et rarement dans un but professionnel alors il n’a jamais fait attention à la porte battante qui sépare la salle des zones staff, ou à la manière dont les bouteilles sont alignées derrière le bar. Il hoche la tête.

« Aura-t-on des petites loges ou ça sera à la bonne franquette, on s’installe quand c’est notre tour ? J’ai mes guitares avec moi, les autres auront aussi leurs instruments. » Oui, même le batteur. C’est tellement pratique d’être sorcier quand même. Et oui, deux guitares, pas le même sons, pas pour les mêmes morceaux. Il se penche vers Apollo. « Tu t’occupes de moi toute la soirée ? » Il arrive, il ne sait trop comment, à rendre ces mots tendancieux. « Quelle chance j’ai de t’avoir tout pour moi ! »

 
 

« Ah oui ? » Il plaisante, il se doute qu’Apollo est très sérieux dans son travail, il l’est dans ses cours, il n’imagine pas le jeune ursirre faire autrement. Il l’écoute lui expliquer le programme, ça lui convient parfaitement. Une salle sur demande, trop cool ! Une loge comme ils en ont rarement eu, plutôt surprenant dans un petit restaurant comme ici. Il a pourtant bien noté qu’il a été agrandi et qu’il y a du renfort. Le patron prévoit que leur présence ramène du monde, c’est intelligent de sa part d’avoir anticipé.

« J’irais après, j’ai déjà tout de prévu et j’ai une faim de loup. Ça sent déjà divinement bon ici, et ça m’ouvre l’appétit, Mein Polly boy ! » Il est penché vers lui, souriant de le voir perdre un peu ses moyens grâce à ses sous entendus. Il fait une moue.

« D’autres que moi ? Oh que je suis triste... » *Il jette un rapide regard sur le menu. « Je vais prendre une margarita avec de l’eau pétillante. » Pas de sucre ou d’alcool pour ne pas toucher sa voix avant le concert. Petite habitude qui a fait ses preuves jusqu’à présent. Il fait très attention à lui, autant à sa tenue qu’à son corps tout entier. Musculation, légère, mais présente, mise en plis totale. Il est passer chez l’esthéticienne avant de venir pour avoir des ongles impeccables et un maquillage discret mais fait pour la scène. Ses cheveux sont toujours en bataille, il trouve que ça fait rock, et sexy, en général ça plaît. Et bien sûr, chemise un peu brillante, à demi déboutonnée, et pantalon moulant sont au rendez-vous. Il adore se sentir désirable pour ses fans… mais surtout pour le petit gars devant lui qui rougit et ose à peine regarder son décolleté.

Il sourit donc. « Mes camarades ont la flemme de venir avant le concert, ils me font confiance pour faire les repérages et préparer leur installation. Ils ont l’habitude, ça devrait se faire vite, ne t’inquiète pas. Et moi je voulais manger de la bonne nourriture avant le concert… Ils n’ont pas d’aussi bons goûts que moi. » Regard de bas en haut sur Apollo pour lui faire comprendre qu’il est inclus dans ses « goûts ». Que c’est dur de draguer ce garçon, mais il s’accroche, de toute manière, personne ne l’amuse plus, ou ne lui plaît plus que lui à l’heure actuelle, alors pourquoi se priver ? Bon, parfois il se regarde dans un miroir et réalise qu’il drague un homme… et ça lui fait étrange… Mais sinon, il n’arrête pas, c’est tellement drôle de le voir rougir comme ça, tellement touchant aussi.

 
 

« Exactement ! » Il rit, très content de sa connerie, parce qu’Apollo est toujours si divertissant dans ses réactions, de son point de vue. « J’espérais aussi que tu ferais le service massage et câlins de soutien, mais visiblement je vais devoir me contenter de peu. » Il ajoute avec un air mutin.

Autant dire que voir Apollo le mater et rougit comme une jouvencelle quand il lui fait des sous-entendus le ravi au plus haut point. Il sourit largement et se penche même un peu pour que la vue soit encore plus plongeante pour le jeune serveur. Allez mate ce que tu rates, tu pourrais l’avoir… Tu pourrais même toucher ! Quel dommage de le voir s’enfuir comme s’il avait le feu au cul (et pas Klavier qui le reluque allègrement) vers les cuisines… Dommage dommage, encore une occasion manquée. Le blond commence à en avoir l’habitude malheureusement.

Il le remercie d’un sourire quand il lui apporte son eau, et lui fait un clin d’œil, on ne s’arrête pas sur une si bonne lancée ! « Parfait, j’ai hâte de goûter ça ! »

Il s’attend à le voir repartir… mais non. Quoi que puisse dire Apollo, vraiment, il n’est pas simplement réactif à ses moments de drague, il s’intéresse aussi à lui, et ça touche Klavier, malgré ce fichu vouvoiement. « On va essentiellement faire de l’acoustique ce soir, peut-être une ou deux chansons électriques à la fin de soirée pour hyper avant le prochain groupe mais ce sera tout, on ne va pas faire exploser les enceintes, l’idée c’est que les gens puissent quand même discuter et manger tranquillement s’ils n’ont pas envie de faire attention à nous. Donc oui, on s’adapte, comme on peut avec notre registre. On a prévu une douzaine de chansons en tout cas, et on se laisse la spontanéité d’en choisir neuf parmi toutes, pour laisser du temps aux autres. »

Il se cale dans sa chaise et s’étire un peu avant de répondre. « Le patron nous a demandé une de nos balades les plus populaires, et on va jouer les versions acoustique de pas mal de nos titres, mais notre sélection vise aussi à faire découvrir ceux qu’ils ont moins l’habitude d’entendre. C’est un peu risqué, mais ça nous faisait plaisir de les jouer pour une fois. »

 
 

« Oui, c’était l’idée » Il hoche la tête, satisfait par le programme qu’ils ont prévu. Le patron leur avait donné peu d’instructions mais c’était un de ses camarades qui avait soumis la remarque comme quoi rester sur l’électrique serait une mauvaise idée. Ils sont là pour le spectacle, pour le fun aussi un peu parce que le cachet n’est pas énorme. C’est parce que c’est à Bloombury et non ailleurs qu’ils ont accepté un plan aussi légère au vu de leur notoriété.

Il accueille la pizza avec contentement. « Merci Herr Grand Front, je vais me régaler ! Va donc manger je ne veux pas perturber complètement ton service de ce soir. » Clin d’oeil et sourire charmeur plus tard, il regarde Apollo s’enfuir vers les cuisines. Rah, il est trop mignon avec son ventre qui gargouille et lui qui essaie de garder la face. Le blond se secoue et dévore la pizza, ravi, sans surprise, par le goût délicieux de celle-ci.

Il se lève ensuite de table, passe aux toilettes pour se laver les mains, remettre du rouge à lèvres, et se recoiffer un peu. Il ressort et va s’installer dans la loge prévue, avec tout le matériel de secours qu’il a amené : micro de rechange, fils neufs, etc. Histoire de pouvoir parer à tout problème. Il ressort avec ses deux guitares, une folk et une électrique, qu’il dépose de manière stratégique sur la scène avant de sortir le micro et son pied. Pendant qu’il installe ces derniers, les membres de son groupe arrivent en discutant, et montent la batterie, installent la basse et le clavier, bref. Tout se met en place, est branché, les enceintes prêtes à envoyer. Ils font les tests micros, retours, et sons, Klavier intransigeant jusqu’à ce que ce soit à un niveau parfait.

Le concert, une fois le restaurant ouvert, se passe bien. Klavier garde un œil sur Apollo, ravi de pouvoir le voir travailler pendant que lui-même bosse, affichant sa musique aux clients, et à leurs fans qui sont venus les voir dans un cadre particulier. Ça fait des concerts inoubliables en général. Les quelques musiques plus rock qu’ils ont prévus semblent comme donner de l’énergie à tout le monde, c’est parfait. Bref, la soirée se passe très bien jusqu’à ce que la pizzeria ferme. Ils prennent leur temps, en remballant, de débriefer avec le patron et entre eux, mais Klavier cherche des yeux Apollo.

« Herr Grand front ! Tu veux bien m’apporter une bouteille d’eau ? »

 
 

La diligence d’Apollo le fait sourire tendrement. Il est trop mignon comme ça à faire son travail avec sérieux et lui ramener une bouteille, noter des choses. Cute. Si cute. Il ne fait plus gaffe au reste de son groupe qui continue de discuter avec le patron du restaurant, il est complètement focus sur son petit Polly boy. Il prend la bouteille, la vide en quelques gorgées et soupire de soulagement, ça fait du bien de s’hydrater après tout ça. Il secoue la tête à la question d’Apollo.

« Oh non, je suis épuisé, je vais rentrer prendre une douche et me coucher je pense. On célébrera demain quand on sera tous reposés de notre semaine de cours plus du concert. » Clin d’oeil, et oui, ils font attention. « En plus, ça reposera ma voix. »

Il se penche vers Apollo. « J’ai adoré, l’ambiance était excellente, bravo à toute l’équipe, tu transmettras ? » Il sourit et s’étire. « Je peux te raccompagner à l’école si tu veux. » Il dépose un baiser vif sur le front d’Apollo, comme il le fait souvent, pour l’embêter et par affection.

« Tu as bien travaillé, tu mérites du repos, je peux t’attendre pour qu’on rentre ensemble, ça serait sympathique non ? J’espère que tu as aimé le concert aussi, je sais que ça n’est pas trop ton genre de musique mais quand même ? Les clients ont été cools, j’ai trouvé. » Oui, il refait un récap avec Apollo, c’est important et il se soucie plus de l’avis du petit ursirre que de celui du patron, même si c’est ce dernier qui les paie.

Il empoche ses affaires réduites et rend la bouteille vide à Apollo. « Je t’attends ? » Il croise les jambes et met une main dans sa poche. « Il est tard. » Ça le rassurerait de le raccompagner. Et tout les membres du groupes sont en train de partir. Il les salue et leur signale qu’il reste un peu. Le patron retourne préparer la fermeture avec les autres employés.