ILUKAAN est un forum MULTIFANDOM dans l'univers d'Harry Potter. Ilukaan est une école de magie internationale se situant en Nouvelle-Écosse au Canada. L'histoire se déroule en 2024, mélangeant magie et technologie. Vous pouvez jouer des personnages de manga/anime, jeux vidéos, films d'animation, dessins animés, romans jeunesse ou encore un OC. L'intrigue se fait à la fois en RPCB et RP-POST.
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Depuis que son père, l’illustre — à ses yeux surtout — Manfred von Karma, l’a envoyé à Ilukaan avec cette liberté de mouvements, il est clair et évident qu’il compte sur son autonomie pour poursuivre et parfaire l’éducation qu’il lui a donné depuis la petite enfance. Être parfaite devait être subjectif, et sa seule subjectivité, c’était celle de son paternel.
Et donc, dans la suggestion de Manfred, être parfaite signifiait gagner. Pour gagner, il fallait pouvoir effacer tous les obstacles. Ce qui bloque la route, ce qui ralentit, comme les personnes, et donc les sentiments. Même lui n’avait pas laissé le divorce de son couple le freiner dans sa carrière — quel modèle, quelle force de caractère ! Franziska devait absolument lui ressembler.
Parce qu’elle n’avait pas d’autre but dans la vie, après tout.
Sauf que, ces derniers temps, les aspects repoussés par le principe von Karma peinaient à laisser Franziska tranquille. Et pourtant, tout se passait bien jusqu’ici ! Mais il a fallu que des obstacles idiots se dressent sur sa route, et aussi faibles ou même ridicules soient-ils, ils persistent malgré tout. Donc, si Franziska ne pouvait les écarter avec sa force de conviction actuelle… elle doit devenir plus forte encore. Quoi de mieux donc, pour ça, que d’affronter un obstacle bien choisi qui la rendrait indiscutablement aussi puissante qu’elle prétend pouvoir le devenir ? L’éducation fournie par son père a toujours été ainsi, après tout : plus fort est l’ennemi, plus grande est la victoire.
Et être victorieuse, c’est être parfaite. La seule issue possible.
Ce pourquoi, après s’être renseigné parmi les élèves, puis les enseignants, l’Allemande avait trouvé dans le profil de Mithrun of Kerensil l’adversaire idéal. Peut-être pas aussi parfait qu’il ne le faut, mais après tout, la perfection, c’est surtout pouvoir toujours s’élever plus haut qu’autrui. Un peu de patience, et… Franziska n’aura bientôt plus personne à sa hauteur.
Elle sera aussi forte qu’elle l’a toujours désiré. C’est ainsi qu’elle poussa la porte menant à la pièce utilisée spécifiquement pour les duels magiques, et les cours justement adéquats. Puisqu’il n’y avait personne ne l’occupant à cette heure-ci, elle avait pu s’arranger — avec l’accord du professeur, bien sûr. Elle avait d’ailleurs bien dû insister auprès de lui, autant pour le match que pour briser cette barrière qui éloignerait un prof’ de la possibilité à affronter directement un élève. Mais si elle demandait et insistait, pour le bien de sa propre magie et de son éducation, il n’y avait aucun mal, n’est-ce pas ? De toute façon, elle n’avait pas peur.
Non, elle ne fonçait pas la tête baissée. Non, ce n’était pas une façon de faire exploser sa frustration…
…
Franziska analysa la pièce d’un balayement du regard, sortant sa baguette de sa manche.
- Soyons clairs une dernière fois, Herr of Kerensil. Aucune retenue. Ce duel n’en serait que moins concret, autrement.
Devant lui, Mithrun avait une adolescente qui semblait tout à fait décidée à en découdre — mais avec quoi exactement ?
Sujet: Re: [Terminé] [Juin 2024] Stop feeling, keep fighting Mar 25 Juin 2024 - 1:25
Stop feeling, keep fighting
Une certaine nostalgie s’empara de Mithrun alors qu’il franchit la salle de cours réservée aux duels. Combien de temps est ce qu’il avait passé dans cette pièce quand il était élève? Probablement trop. Après tout, dans sa jeunesse il était le meilleur membre du club de duels, leur star, leur duelliste invaincu. Et à quoi est ce que tout cet entraînement avait servi? A ce que sa première défaite fasse de lui une coquille aussi vide que son orbite droite. Il avait suffit d’un seul moment de faille, d’une seule défaite pour qu’il chute du pinacle de la perfection où il s’était si durement hissé et se retrouve plus bas que terre. Que penserait le jeune homme qui avait passé tant d’heures dans cette salle s’il pouvait voir l’homme qu’il était devenu? Rien de bien. Il lui adresserait sûrement ce sourire condescendant qui ornait si souvent son visage tout en le méprisant intérieurement, comme il le faisait avec tous ceux qui ne pourraient jamais être aussi parfait que lui. Parfois, quand ce genre de pensées envahissaient son esprit, il avait presque envie de s’excuser auprès de celui qu’il était, pour avoir fini comme ça, pour avoir détruit tout ce qu’ils avaient construit, pour avoir ruiné tous leurs efforts. Mais bon, ce n’est pas comme si Mithrun pouvait encore avoir envie de quelque chose et ce n’était pas comme si la personne horrible qu’il était sous les apparences méritait la moindre excuse. Il l’avait cherché, non? Qui était responsable de son état actuel si ce n’était son orgueil et son arrogance?
Toujours était-il que le professeur d’archéologie ne s’attendait pas à participer à un autre duel de si tôt. Le tournois opposant le personnel de l’école aux élèves avait eu lieu il y a peu de temps après tout, il ne s’attendait pas à ce qu’une étudiante vienne le voir pour demander de l’affronter. S’était il fait remarquer lors de l’évènement? Peut être. Ses adversaires du jour l’avaient complimenté après tout, mais peut être était-ce par politesse? Il avait perdu après tout… ou plutôt il les avait laissé gagner. Celui qu’il était avant que l’apathie ne s’empare de tout son corps l’aurait maudit pour ça. Avant, seule la victoire comptait, il fallait toujours être le meilleur, il fallait sans cesse prouver sa valeur, imposer aux autres sa supériorité, mais maintenant? Maintenant plus rien ne comptait. Gagner, perdre, être admiré de tous, ça n’avait plus la moindre importance, ça ne changerait rien à sa situation, ça ne lui permettrait pas de la revoir. Peut être qu’il devrait se sentir flatté qu’on veuille malgré tout l’affronter à nouveau, que malgré son apparence et son état actuel, on le considère toujours comme un adversaire qui en valait la peine. Malheureusement, ce défi ne lui avait fait ni chaud ni froid. Est ce qu’il aurait été flatté, s’il était toujours le même qu’avant sa malédiction? Probablemement pas, il se serait plutôt dit que cette jeune femme était bien arrogante de l’aborder avec autant de confiance.
Face à la Lupy, une part de lui ne pouvait pas s’empêcher d’admirer sa détermination. Est ce que lui aussi avait la même rage de vaincre qui brûlait dans son regard à son âge? Sûrement. Franziska voulait un vrai duel, c’était tout à son honneur, quoiqu’un peu prétentieux quand on savait qu’elle défiait un professeur qui avait le double de son âge et de son expérience. Ca ne dérangeait pas le canadien, c’était bien d’avoir du cran, c’est ce qui mènerait cette petite loin. Aussi loin que lui? Cette idée lui arracha presque une grimace. Il hésita un instant avant de répondre à la demoiselle. Est ce qu’il pouvait vraiment y aller sans aucune retenue? La tête ensanglantée de Jiang Cheng qui sombrait dans l’inconscience lui revint en mémoire. Non, ce serait injuste pour la Lupy de ne pas lui offrir le combat qu’elle voulait uniquement à cause des erreurs d’un de ses camarades. Ne pas se donner à fond, ça serait lui manquer de respect. Si elle aussi devait finir à l’infirmerie, qu’il en soit ainsi, elle devait avoir conscience des risques. Il hocha doucement la tête, acceptant les conditions de leur duel.
-Il en va de même pour vous, Mademoiselle von Karma. Le temps de ce duel, vous oublierez que je suis un professeur et j’oublierais que vous êtes une élève. Voyez ça comme une mise en situation et lancez chaque sort comme si la moindre erreur pouvait vous être fatale.
Sa voix monotone et son visage aussi inexpressif que d’habitude ferait oublier que cet homme adorait les duels, à l’époque où il était encore capable d’adorer quoique ce soit. Contrairement à ce que pouvaient laisser penser les apparences, il prenait cet affrontement tout à fait au sérieux, il n’était pas aussi blasé qu’il en avait l’air, il avait même… hâte que ça commence? Aussi hâte qu’il le pouvait, en tout cas. Il sortit sa baguette avant de se mettre en garde, dans une position clairement désaxée comparée à ce qu’on pourrait attendre. Il essayait de compenser la cécité de son oeil droit, ne laissant pas Franziska s’approcher de son angle mort.
-Pouvons-nous commencer? Je vous laisse la première offensive. Premier et dernier cadeau de ma part.
Sujet: Re: [Terminé] [Juin 2024] Stop feeling, keep fighting Mar 25 Juin 2024 - 19:34
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franziska x mithrun
Ainsi donc, le professeur était entièrement d’accord sur la manière à adopter, hein ? Dire qu’elle doutait encore un petit peu de ce fait — après tout, elle ne pouvait reprocher à un membre du personnel d’y aller mollo sur une élève. Ses exploits au tournoi avaient atteint ses oreilles, et depuis, elle avait refusé d’en démordre. C’était cet homme ou rien.
« Voyez ça comme une mise en situation et lancez chaque sort comme si la moindre erreur pouvait vous être fatale. »
Elle appréciait ce langage, mais il fallait rester dans le jeu de l’adversaire : éprouver de la sympathie maintenant pouvait déjà tout ruiner. Rester stoïque. Rester de marbre. Ce sera son mot d’ordre du début à la fin (c’est-à-dire la victoire).
- Dans ce cas, je me permettrai sans retenue d’utiliser toute ma force. Vous n’avez pas intérêt à me sanctionner pour le moindre mal, Monsieur.
Et donc, les barrières étaient tombées.
Mithrun s’était même déjà mis en garde. Ce manque d’expression était tout ce qu’il y a de plus idéal. Un professeur — techniquement plus fort qu’elle, donc — qui ne se retiendra pas, qui n’arbore aucune émotion entravant à la tentative d’y aller à corps perdu, et une assurance comme celle-ci… C’est un mélange parfait pour un duel comme elle en désire immédiatement. Un adversaire que personne n’aurait peur d’affronter ou de blesser (pas elle, en tout cas).
« Pouvons-nous commencer? Je vous laisse la première offensive. Premier et dernier cadeau de ma part. »
Un sourire narquois étira le coin de ses lèvres, et elle leva son bras non sans une certaine élégance.
- Pas la moindre pitié.
Si le professeur acceptait de ne laisser passer aucune sensibilité, aussi bien à son propre égard qu’à celui de l’Allemande, alors tous les coups sont permis. Ce qui compte, de toute façon, c’est de gagner. Tricher ? Tant que les sortilèges sont utilisés pour ce qu’ils sont, il ne s’agit certainement pas de triche, jamais. Aucune règle établie, beaucoup de détermination à anéantir l’autre, alors pas de quartier.
- Expelliarmus ! commença-t-elle pour faire échapper la baguette de la main de son propriétaire.
Lorsque celle-ci sauta dans l’air, la Lupy s’empressa d’y jeter un « Immobulus ! » pour geler le mouvement de l’objet à deux ou trois mètres au-dessus de la tête de Mithrun. C’était inventif, soudain, et plutôt vicieux. Bref, c’était du von Karma tout craché.
Sujet: Re: [Terminé] [Juin 2024] Stop feeling, keep fighting Jeu 27 Juin 2024 - 3:58
Stop feeling, keep fighting
Il secoua doucement la tête en entendant la mise en garde de la Lupy. Une sanction? Ce serait stupide. Accepter un duel, c’était connaître les risques, quelqu’un qui se plaint d’une blessure n’est pas un duelliste qui se respecte. S’il fallait qu’il termine à l’infirmerie, qu’il en soit ainsi, ce n’était pas la jeune allemande qu’il devrait blâmer mais son propre échec. Mithrun n’avait qu’une seule obsession depuis un peu plus de quatre ans désormais: retrouver la mage noir qui l’avait maudit et terminer son duel avec elle. Tout entraînement pour être à la hauteur de cette revanche était bon à prendre. Le tournois en début de bois était amusant mais il n’avait rien de sérieux, et les duels amicaux qu’il faisait contre Reijiin les poussaient tous les deux à se retenir pour éviter de blesser l’autre. Ce duel, ça serait la première fois qu’il aurait le droit à un duel sérieux depuis elle, depuis que sa défaite lui avait coûté un oeil ainsi que tous les désirs qui l’animaient. Si Franziska ne lui faisait pas au moins une égratignure avant la fin de leur affrontement, il serait déçu.
L’allemande commença par un expelliarmus. Classique. Suivi par un immobulus qui coinça sa baguette dans les airs. Moins classique. Le professeur d’archéologie avait presque envie de la complimenter pour son inventivité mais la flatterie n’avait pas sa place dans un duel. Il aurait tout le loisir de lui faire son compte rendu sur ses performances à la fin de leur affrontement. Le fait de perdre sa baguette était, dans beaucoup de matchs, un critère disqualificatoire. Cependant, aucune règle n’avait été fixée pour déterminer le vainqueur alors le canadien n’allait pas se laisser mettre si facilement hors course. De toute façon, ce n’était pas comme s’il avait besoin d’une baguette pour faire de la magie. Il ne serait pas devenu une langue de plomb renommée s’il s’était laissé vaincre par le premier mage noir qui lui lançait un expelliarmus. De plus, tout le temps qu’il avait passé en Afrique avec Reijiin lui avait laissé assez d'entraînement pour maîtriser les sorts les plus basiques sans nécessiter l’aide d’un catalyseur. S'abaissant au sol, il y posa ses deux mains à plat.
-Expulso.
Beaucoup plus simple et beaucoup moins risqué qu’un Ascendio sans baguette. En repoussant le sol loin de lui, il s’éleva dans les airs. Bon, c’était un peu plus haut que ce qu’il avait envisagé mais ça ferait tout de même l'affaire, il valait mieux trop haut que trop bas après tout. Rattraper sa baguette sembla lui redonner du mouvement, permettant à Mithrun de chuter avec son catalyseur en main.
-Arresto momentum.
Le sort ralentit sa chute de justesse. Heureusement qu’il avait gardé de bons réflexes de ses nombreuses années de parkour, s’il s’était mal réceptionné, il aurait pu se faire bien mal. Ce genre d'acrobaties commençaient à ne plus être trop de son âge. Ce n‘était pas important. Ce qui comptait dans un duel, c’était d’être imprévisible et de réagir vite. Son adversaire avait déjà démontré qu’elle avait compris ce principe, il ne fallait pas qu’il soit à la traîne. Il n’était plus le duelliste qu’il était à l’époque de sa prime jeunesse mais il avait tout de même une réputation à tenir. Son petit numéro avait fait de lui une proie facile, il fallait répliquer avant que Franziska ne puisse repasser à l’offensive.
-Obscuro.
Voyons comment la demoiselle s’en sortait si elle ne pouvait plus le viser. D’ailleurs, en l'empêchant de voir, il rendait toute esquive plus difficile. C’était l'occasion d’utiliser sa cécité temporaire à son avantage…Après tout, n'avaient ils pas dit que tous les coups étaient permis? Lui laisser le temps de se reprendre, c’était manquer de respect à leur duel. Non, son adversaire du jour n’avait pas besoin qu’il lui laisse du répit.
Sujet: Re: [Terminé] [Juin 2024] Stop feeling, keep fighting Jeu 27 Juin 2024 - 12:49
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Grâce à la méthode du professeur of Kerensil, Franziska put confirmer une chose à prendre en compte pour la suite du combat : il est tout à fait capable d’utiliser la magie sans baguette — et à une extension non négligeable. Il aurait été décevant que ça ne soit pas le cas, ceci dit, surtout de la part d’un professeur dont on vante quelque peu les talents de duelliste. Elle avait brièvement reculé en voyant une partie du sol s’extraire du reste.
Un adversaire à la hauteur de ses attentes. Elle savait qu’elle n’avait pas à perdre de temps avec des élèves, même de son âge ! Et même les plus âgés ! Alors que le professeur retouchait terre, elle pointa sa baguette vers lui…
« Obscuro. »
Mais il était évidemment plus rapide.
Il pouvait être difficile de mieux prendre le coup lorsqu’il s’agissait d’un sortilège qu’on avait encore jamais subi soi-même. Autant elle connaissait l’Obscuro — évidemment ! — autant elle n’avait aucune idée de ce que c’était d’en être la cible… jusqu’à maintenant. Un bref grognement de frustration lui échappa, et la seconde d’après… elle se jeta sur le côté sans réfléchir.
Chute à moitié prévue et donc précipitée pour éviter l’Incarcerem, mais manquée à quelques détails près puisque la corde attrapa tout de même ses deux chevilles. L’Allemande s’écroula donc sur le bras en encaissant le choc au sol. Elle n’avait visiblement pas chuté assez loin — mais impossible d’en être aussi certaine avec la vue obscurcie aussi vite. Bilan de la situation actuelle donc… pas très bon. Mais Franziska refusait d’être en difficulté.
Même si les faits sont là — à savoir qu’elle est effectivement en mauvaise posture — elle refusait de les laisser passer. C’était idiot aux yeux de n’importe qui, de ne pas accepter une chose qui était juste là, sous son nez, mais la Lupy avait cette force de caractère qui était aussi bien sa plus grande qualité… que son pire défaut. Refuser les choses déjà là. Rejeter celles qu’on ne peut pas contrôler et contre lesquelles on ne peut rien. Nier en bloc, fermer les yeux, protester avec acharnement au point de s’éloigner même de la réalité pour laquelle on prétend pourtant s’obstiner.
Son frère en est l’exemple le plus probant, ces derniers temps.
Pense à autre chose. Perdre juste après avoir commencé ? Sûrement pas.
Elle sentait que seules ses chevilles étaient emberlificotées dans la corde du sortilège. Allongée au sol, elle se mit alors en position recroquevillée afin d’atteindre ses pieds. Pas de vision, alors que du toucher.
- Diffindo... marmonne-t-elle pour pouvoir couper la corde comme si sa baguette n’était plus qu’un couteau.
À peine libérée qu’elle se leva rapidement malgré sa cécité. Dépêche-toi— s’ordonne-t-elle comme si son père était juste là. Elle ne pouvait qu’imaginer la position plus ou moins exacte de Mithrun, et se donner une marge de visée pour la suite.
D’un geste grand pour appeler une meilleure puissance, Franziska leva sa baguette au-dessus d’elle et la fit tournoyer en tonnant un « Wingardium Leviosa ! » pour faire lever les bouts de cordes tout juste scindés. D’un geste vif, comme si elle envoyait un projectile à l’aide d’une fronde, elle envoya les morceaux à toute vitesse vers Mithrun — avec une marge d’erreur relativement large, puisqu’aveugle. Elle n’avait que ça en tête pour se donner le temps de retrouver la vue. Et quelle perte de temps, justement !
Après s’être guérie d’un Finite, elle était un peu plus en colère. Mais…
Sujet: Re: [Terminé] [Juin 2024] Stop feeling, keep fighting Ven 28 Juin 2024 - 4:18
Stop feeling, keep fighting
Franziska ne s’était pas laissée déstabiliser. Tant mieux, il aurait reconsidéré sa valeur en tant qu’adversaire si elle s’était effondré simplement en perdant un de ses cinq sens. Ne prenant même pas la peine de recouvrer la vue, la jeune femme coupa les liens qui l’entravaient et se releva aussi tôt. Avant que le canadien ne puisse répliquer, elle fit voler les cordes dans sa direction, avec une assez bonne précision pour quelqu’un qui ne pouvait rien voir. Bien, très bien même, si on voulait survivre à un vrai duel, loin des règles et des salles de classe, où sa vie est en jeu à chaque instant. Mithrun évita la plupart des cordes mais une vint tout de même heurter son bras gauche dans coup aussi cinglant que celui d’un fouet. Sous le tissu de sa manche, sa peau avait sûrement été rougie par l’impact.
Si le canadien avait eu l’impression d’y aller trop fort lors du tournois de duels, son adversaire du jour en demandait plus. Est ce que c’était de la détermination ou de la colère qu’il voyait en elle? En voyant le regard que lui lançait Franziska, il avait l’impression de se revoir au même âge, à l’époque où sa situation familiale et son complexe d’infériorité le remplissaient d’une rage intense qu’il ne pouvait exprimer que lors de duels, sous peine de briser le masque de perfection qui l’ornait au quotidien. Non… il se projettait sûrement. Les adolescents étaient des êtres pleins de rage après tout.
-Sachez, Mademoiselle von Karma, que ce n’est pas comme ça qu’on utilise un projectile. Voici la marche à suivre.
Le professeur d’archéologie avait tendance à voir celui qu’il était avant comme une personne à part entière, comme une entité différente qui avait habité ce corps avant lui. Comment pourrait-il faire autrement? Il avait tant changé depuis, aussi bien physiquement que mentalement. Et pourtant, l’ancien Mithrun n’était pas bien loin et parfois, loin sous l’apathie et le vide qui l’habitait, sa personnalité arrivait à briller à nouveau. Après tout, n’était-ce pas là exactement la façon dont il se comportait à l’époque? Le donneur de leçon arrogant qu’il était autrefois aurait sûrement dit cette phrase avec plus de panache, plus.. d’émotion, mais le coeur y était.
-Diffindo
Quelle ironie, n’est ce pas? D’utiliser le même sort qu’elle précédemment. Ca pourrait même être vu comme de la provocation… Est ce que le visage si fermé de Mithrun rendait ça pire? Peut être. Dans le temps, il aurait sûrement eut ce petit air suffisant qui lui donnait des airs de mec qui se croit meilleur que tout le monde… à juste titre. Mais là? Là, le professeur n’avait pas le temps pour la frime. Il devait se concentrer, ce n’était pas un duel à prendre à la légère. Le sol qu’il avait déjà abîmé tout alors avec son Expulso se fissura pour former différents débris. Peut être qu’il devrait éviter de détruire une salle de classe… Non. Ce n’était pas grave. Un Reparo devrait faire l’affaire et au pire, il paierait les frais de réparation. En ce moment, il n’y avait que leur duel qui comptait, les dégâts, les réprimandes, la reconstruction, il aurait tout le temps d’y penser plus tard. Privé de désirs ou pas, Mithrun était borné et une fois qu’il avait un objectif en tête, il était difficile pour lui de voir autre chose.
-Waddiwasi.
A peine eut-il prononcé ces mots que les débris s’élancèrent vers Franziska avec une vitesse qu’aucun Wingardium Leviosa ne pourrait jamais atteindre. C’était comme ça qu’on lançait un vrai projectile, avec la rapidité et la force d’une balle de fusil. C’était, avec les années, un peu devenu une des signatures du professeur et il ne se privait jamais pour en faire une démonstration.
Sujet: Re: [Terminé] [Juin 2024] Stop feeling, keep fighting Ven 28 Juin 2024 - 11:17
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« Sachez, Mademoiselle von Karma, que ce n’est pas comme ça qu’on utilise un projectile. Voici la marche à suivre. »
Quand bien même Mithrun est un professeur, Franziska n’aimait pas qu’on remette en question sa manière de faire. Bien que, et il faut l’avouer, elle avait surtout réuni ses forces avant de se libérer et de dégager un peu de frustration. C’était admettre le tout qui était quelque peu compliqué. Et autant elle pouvait, au mieux, le garder pour elle-même… autant le dire de vive voix était tout à fait différent.
Ne jamais regretter ses choix, ne jamais paraître hésitante, même sous les bons conseils d’un membre du personnel.
De plus, comment se sentir obligée de se tenir lorsque ce même professeur sacrifiait la pièce pour poursuivre leur duel à l’échelle que Franziska réclame ? Elle ne peut pas prétendre avoir une excuse pour se calmer. De toute façon, elle n’a pas envie de se calmer.
« Waddiwasi. »
Entendre ce sortilège confirma une chose : c’est qu’il ne se retenait vraiment pas. Comme demandé, alors elle ne va certainement pas s’en plaindre. Aucune raison de se battre contre quelqu’un qui préfère la laisser gagner, ça serait même plus insultant qu’autre chose. Dans de vrais duels, la gentillesse ne serait pas de mise ; et justement, un « vrai duel », c’est ce qu’il lui sert sur un plateau d’argent.
- Protego !
Baguette devant elle comme son autre main vide, elle forma un bouclier pouvant stopper les débris. Mais leur vitesse fut telle que la force des plus gros la fit légèrement reculer, le talon ancré autant que possible dans le sol, et les plus petits parvinrent à traverser la forme semi-opaque.
« Encore », pouvait-elle entendre dans un coin de sa tête.
Son sortilège n’a pas fonctionné à 100%. Peut-être parce qu’elle a un enseignant plus expérimenté en face d’elle, ce qui est la conclusion logique. Mais pour Franziska, qui ne jure que par sa perfection à tout bout de champ, et qui cherche en ce moment à ne pouvoir briller plus qu’avec ça… c’est simplement qu’elle n’est toujours pas suffisamment forte. « Encore. » C’est ce que son père disait lorsqu’elle échouait. Pas de conseil. Pas d’encouragement. Juste des attentes. « Encore » signifiait « Recommence, jusqu’à ce que tu réussisses. » Et lorsqu’il disait cela, c’est qu’il fallait un bon résultat aujourd’hui même, dès maintenant, là, sous ses yeux.
Même si son père n’est pas à Ilukaan, son influence est constamment présente. « Encore », ou alors abandonne car tu n’es pas à la hauteur. Seulement parce que les plus petits débris ont traversé son bouclier avec une telle vitesse !
- Repulso !
Les plus gros débris que le bouclier avait retenu firent demi-tour, renvoyés à Mithrun, bien qu’à une vitesse un peu plus moindre que la précédente. Au-delà du fait qu’elle ne voulait pas perdre, elle ne voulait pas non plus perdre à un défi qu’elle avait elle-même lancé. Alors quoi, on dirait que tout le monde avait raison ? Qu’elle est trop arrogante ? Elle a le devoir de prouver sa valeur. Que le dicton des von Karma n’est pas du vent.
Puisque le professeur ne se gêne pas pour saccager la pièce, Franziska leva les yeux…
- Ne vous plaignez pas si je fais de la casse, Monsieur…
Elle leva aussitôt sa baguette vers un lustre, non pas situé pile au-dessus de Mithrun, mais bien au moins à côté. Un Bombarda ? Non, il ne fallait pas non plus risquer de faire s’écrouler le plafond.
- Confringo !
La base du lustre se brisa dans une petite explosion qui l’y raccrochait, avant que l’objet entier ne tombe vers la direction du duelliste.
Il devait bien l’admettre, l’allemande était une bonne duelliste. Elle avait largement les capacités et la volonté pour soutenir l’assurance dont elle faisait preuve. Tant mieux, il n’y avait rien de pire qu’un adversaire qui, tel un petit chien, aboyait beaucoup pour au final ne pas savoir mordre. Non, la Lupy n’était pas comme eux, elle avait du potentiel. En quelle classe pouvait-elle être? Au vu de son uniforme, pas encore en cursus universitaire et pourtant, si jeune, elle arrivait à tenir tête à un professeur et pas n’importe lequel. Contrairement à ce que beaucoup d’élèves devaient penser, Mithrun n’était pas qu’un historien poussiéreux, il était surtout un ancien agent du Ministère de la Magie. Certes, sa malédiction l’avait rendu plus vulnérable et à cause d’elle il avait encore moins l’allure d’un grand duelliste que dans sa jeunesse, mais il n’avait pas totalement perdu la main. Et pourtant, une élève arrivait à le mettre en difficulté. Et en parlant de difficultés…Franziska lui renvoyait son attaque.
-Reverte.
Il réussit à attraper dans son sort la plupart des débris, ceux-ci venant sagement reprendre leur place dans le sol. Cependant, un d’entre réussit à lui échapper, venant écorcher sa jambe gauche, lui arrachant au passage une petite grimace de douleur. Le professeur regarda la tâche de sang qui commençait à transpercer le tissu sur sa cuisse. Tout allait bien, ce n’était rien qu’un petit sort de soin ne pourrait pas arranger. D’ailleurs, avant que son adversaire n’ait la bêtise de penser à s’inquiéter pour lui, il lança un Episkey, stoppant instantanément le saignement. Voilà, comme ça personne n’aurait l’idée idiote d’arrêter ce duel pour une petite plaie. Se faire mal faisait partie du jeu après tout. Détruire la salle en faisait moins partie.
-Je ne me plaindrais pas, nous sommes deux à faire de la casse.
Une petite voix au fond de sa tête lui disait qu’il ne devrait pas encourager Franziska à casser davantage la salle et qu’il faudrait lui retirer des points pour avoir endommagé les lieux, mais le canadien décida de ne pas l’écouter. Comment est ce qu’il pourrait la réprimander alors qu’elle ne faisait que suivre son exemple? Il se doutait qu’ils auraient sûrement tous les deux des ennuis si ça se savait, mais à partir du moment où la salle retrouvait son état d’origine, ça pouvait rester un secret entre les deux duellistes. Suite au sort de l’allemande, un des lustres se décrocha du plafond et Mithrun pointa instinctivement sa baguette dans sa direction. Son adversaire n’y allait vraiment pas de main morte! Tant mieux. C’était ce qu’il attendait d’elle.
-Immobulus.
Le lustre se stoppa dans sa chute à seulement quelques dizaines de mètres de la tête du professeur. Personne ne finirait écrasé aujourd’hui. Quoique… C’était peut être une occasion de montrer à la Lupy que c’était une mauvaise idée de lui offrir des projectiles. Il était temps de se la jouer moins scolaire et de lui montrer un sort de son invention, un de ses préférés même. Récupérant le débris qui l’avait blessé tout à l’heure, Mithrun le lança de toutes ses forces en direction de l’élève, visant volontairement très haut, puis, quand il se retrouva bien au-dessus de la demoiselle…
-Permuto.
Le lustre et le débris échangèrent de place avant de tous les deux retomber en direction du sol.
Elle avait réussi à le toucher. À le blesser — enfin, d’une petite coupure superficielle qui s’en va de toute façon très vite. C’était un point de plus pour sa fierté personnelle. Car il en fallait toujours peu pour que Franziska se persuade d’être la meilleure des meilleurs. C’est ce qu’elle est. C’est ce qu’elle doit être.
Réussir où sa soeur a échoué (a décidé de ne pas participer, plutôt), là où son frère a abandonné.
Son frère… Ce même « frère » qui disait n’avoir jamais été heureux chez les von Karma. Qu’il n’en a pas besoin. Ni de son père, ni d’elle — cette dernière partie, il ne l’avait pas vraiment dit, mais c’est tout ce qu’elle pouvait supposer en sous-entendu. Pas besoin d’elle, hein ?
Eh bien, elle non plus, elle n’a jamais eu besoin de lui !
Ce garçon, cet homme qu’on avait gracieusement accueilli sous le toit vénérable des von Karma, avait finalement décidé qu’il était trop bien pour leur nom ? Parfait, elle n’a pas besoin de sa présence dans sa vie, et encore moins de son soutien ! Les leçons de son père, le jugement d’un mentor qui cherche à atteindre la perfection au travers de son élève, toute cette dureté qu’on apprend au fil des années de son existence, c’est tout ce qu’il lui faut pour battre ce professeur qu’elle va terrasser ! Parce qu’elle est tout à fait capable de tout faire sans avoir quiconque à ses côtés… !
« Permuto. »
L’ombre du lustre qu’elle avait elle-même arraché du plafond la recouvrit soudainement. Le temps de s’en rendre compte et d’y lever les yeux, l’objet tomba vers elle.
- Raaaah ! lança-t-elle dans un réflexe enragé.
Au même moment, elle pointa le lustre de sa baguette pour lancer un nouveau Wingardium Leviosa dont elle ne sut quoi faire… à part laisser ensuite sa cible retomber lourdement devant elle, à ses pieds. Entre la poussière du sol tout juste reconstruit et celle du lustre se brisant, un nuage de saleté se forma devant elle.
Mithrun put voir la silhouette de Franziska s’agiter pour donner à sa baguette des directions à première vue aléatoires, comme si elle secouait un ruban de gymnastique. Elle déplaçait la poussière pour l’épaissir en un plus gros écran de fumée, la recouvrant quasi-totalement.
Mithrun est fort, ça elle en a bien conscience. Un sorcier désarmé est le plus souvent synonyme de fin de combat, mais tant que sa baguette reste à une portée non-négligeable, il peut toujours la récupérer sans prononcer ses sortilèges. Il va falloir réitérer avec un cran au-dessus. Il ne s’était même pas embêté d’un Accio, puisque de toute façon la baguette était immobilisée dans l’air. Y couper l’accès entièrement fonctionnerait peut-être, en supposant qu’il ne puisse pas utiliser de sorts silencieux plus complexes.
Ce sortilège de retour en arrière, elle le connaissait mais ne l’avait encore jamais pratiqué. Il serait risqué de le tenter si cela lui ferait plutôt perdre du temps. Elle ne devait laisser aucune fenêtre supplémentaire à son adversaire. Elle marcha sans faire exprès sur un des petits débris du lustre… et eut une idée.
- Accio baguette ! indiqua-t-elle en remuant la sienne vers la direction de Mithrun.
À travers le nuage de poussière surgit alors la baguette du professeur après que celle-ci lui ait soudainement échappé. De son point de vue, le bâton magique avait été comme happé par la poussière, et c’est maintenant Franziska qui le détient.
Plus vite. La moindre seconde compte. Une de trop et c’est l’inacceptable échec.
C’est ce que dirait son père.
Elle laissa tomber la baguette parterre, entre les débris, avant de pointer ces derniers. « Reparo. » lança-t-elle alors que l’écran de poussière commençait à retomber. Petit à petit, le lustre se reforma, récupérant certains morceaux qui s’étaient même aventurés pas loin des pieds de Mithrun. En même temps que la silhouette de l’Allemande ne redevenait visible, celle de la baguette disparaissait au fur et à mesure que le lustre se reconstruisait autour. Contrairement au sortilège du duelliste, celui-ci ne pouvait replaçait l’objet là où il était, mais au moins il pouvait former une cage efficace dès qu’il fut entièrement réparé.
Et même, dès que le lustre fut entièrement reconstitué, Franziska posa le talon dessus. Elle leva alors ses yeux agacés vers lui, comme si c’en était assez de l’acharnement du professeur (à être aussi bon). La baguette était désormais enfermée à l’intérieur.
- Essayez donc maintenant de venir la reprendre, Monsieur.
Evitant sans soucis le lustre, Franziska le laissa retomber lourdement en sol, créant ainsi un écran de poussière qu’elle utilisa à son avantage. Cachée derrière la fumée, la Lupy avait clairement l'avantage, pouvant préparer discrètement son prochain coup. La distraction marchait, elle marchait même si bien que Mithrun s’était fait avoir comme un débutant. Il pesta en sentant sa baguette quitter ses doigts. Ha! L’allemande n'avait-elle pas compris que le désarmer était inutile? Il récupérerait bien vite son catalyseur et il était loin d’être sans défense quand il n’était pas en sa possession. Cependant, quand la fumée retomba, le professeur ne pu que constater la ruse de la jeune femme. Sa baguette était emprisonnée dans le plafonnier qu’il venait d'utiliser comme projectile et son adversaire se tenait fièrement avec un pied dessus.
Il tendit une main vers le lustre, s'apprêtant à lancer un sort… mais quoi au juste? Qu’est ce qu’il pouvait faire qui ne réduirait pas en charpie sa baguette, ou pire, Franziska? La magie sans catalyseur, quand elle n’était pas parfaitement maîtrisée, était imprévisible, s’il manquait de précision ou ne contrôlait pas sa force, il courait à la catastrophe. Certes, il ne voulait pas retenir ses attaques, mais il ne voulait pas non plus la transformer en bouillie. Son esprit passait en revue mille idées et pourtant aucune ne lui apportait la solution qu’il voulait sans être terriblement dangereuse. Il fallait se rendre à l’évidence, il avait perdu. Le professeur d’archéologie fronça les sourcils, sa bouche se déforma tandis qu’il fixait son adversaire avec rage. Lui qui était jusque là si inexpressif était pour la première fois du duel visiblement en colère. Le voilà, l’ancien Mithrun qui refaisait surface en montrant toute la laideur de son vrai visage, celui d’un mauvais perdant, d’un control freak qui implosait dès que les choses n’allait pas dans son sens, d’un homme capricieux qui bouillonnait de rage dès qu’on remettait en cause sa perfection. Il prit une grande inspiration pour se calmer, se consentant sur sa respiration jusqu’à reprendre sa neutralité devenue si caractéristique. Non, il n’était plus cet homme, il n’allait pas faire une crise pour une défaite. Ce n’était pas de la faute de Franziska s’il avait perdu, elle n’avait pas à subir sa colère, c’était lui l’adulte ici de toute façon. Elle avait gagné à la loyale, il n’avait que lui-même à blâmer pour cette situation. C’était un signe qu’il devait s’entraîner davantage. Il avait perdu. Il n’était pas parfait. Tout allait bien. Il n’avait pas besoin de toujours gagner. Il n’avait pas moins de valeur parce qu’il avait subi une nouvelle défaite.
-Non. Je dois m’avouer vaincu pour cette fois. Mes félicitations mademoiselle von Karma, vous avez gagné.
Il applaudit doucement la jeune femme. Avec son ton monotone et son air blasé, ça aurait pu paraître sarcastique, mais le professeur était sincère. Est ce qu’il était déçu d’avoir perdu? Bien sûr. Mais c’était son rôle d’encourager et de féliciter les élèves. Franziska s’était très bien battue, elle méritait qu’il mette un peu son ego de côté et essaye d’être fier d’elle.
-Est ce que vous voulez bien me rendre ma baguette? J’aimerais réparer un peu les dégâts.
D’un signe de main, Mithrun désigna toute la salle. Elle se rappellerait de leur passage, c’était sûr… Mais ce n’était rien qui ne pouvait pas être résolu par quelques reparo! Du moins il espérait.
-Et j’aimerais également pouvoir discuter un petit peu avec vous et vous faire un petit retour sur ce duel.
Le canadien fit un petit signe de tête vers les gradins, l’invitant à s’y installer pour qu’ils discutent. Il comptait la complimenter pour ses talents de duelliste, bien sûr, mais c’était surtout un moyen de l’appater pour évoquer ensuite un autre sujet. Pendant tout leur affrontement, Franzika avait eu l’air en colère. Ce n’était pas un entraînement, c’était un défouloir. En temps normal, le professeur essayait de ne pas se mêler des affaires des élèves, elles ne le regardaient pas et ne l’intéressaient d’ailleurs pas. Mais il s’était un peu vu dans l’allemande. Il ne connaissait que trop bien ce sentiment, celui de passer sa rage et sa frustration sur un adversaire. Si quelqu’un lui avait tendu la main à l’époque, lui avait permis de mieux gérer ses sentiments, de ne pas se laisser dévorer par sa jalousie et son complexe d’infériorité, est ce qu’il en serait toujours là aujourd’hui? Sans désir? Avec un oeil en moins? Peut être pas…
« Mes félicitations mademoiselle von Karma, vous avez gagné. »
Si d’ordinaire Franziska entendrait ça d’une oreille adoucie, cette fois-ci son ego le lisait autrement. Elle avait gagné. Évidemment qu’elle avait gagné ! Il ne pouvait en être autrement… !
La victoire qu’elle s’était acharnée à obtenir était désormais entre ses mains — ou plutôt, sous sa chaussure — et même le duelliste l’avouait humblement (trop humblement à son goût, mais on ne peut pas tout avoir). Elle avait réussi son défi contre le professeur, et son pari contre elle-même : Franziska était bien aussi forte qu’elle l’a toujours dit. Au diable les rumeurs et autres on-dits, aucun mot de ce genre de venin ne pouvait l’atteindre ! Un sourire victorieux, tout aussi animé par une vanité sans vergogne, remplaça alors la mine renfrognée qu’elle avait arboré tout au long du combat.
- Je n’en attendais pas moins de moi-même, Monsieur.
À la demande de Mithrun, Franziska ôta donc son pied afin de craqueler de nouveau le lustre. Ce dernier put ensuite s’ouvrir comme une boîte pour que la Lupy puisse aller chercher la baguette à l’intérieur. Puisque le duel était terminé, elle eut cette fois-ci la délicatesse (trop bon venant de sa part) de la lui rendre de main à main. Quand bien même l’enseignant se donna la tâche de rendre à la pièce son allure originelle, l’Allemande se donna celle de nettoyer la poussière environnante d’un Recurvite qui ne fit pas que de la déplacer, cette fois.
Franziska savoura encore ce défi remporté. Elle avait bien fait de se lancer là-dedans ; rien de tel qu’une preuve supplémentaire de sa perfection pour montrer qu’elle est digne de son nom. Que les von Karma ne sont pas juste un nom.
- Contre toute attente, ce fut un duel des plus inspirants. Enfin quelqu’un qui accepte de jouer le jeu.
« Et j’aimerais également pouvoir discuter un petit peu avec vous et vous faire un petit retour sur ce duel. »
Elle se tourna alors vers lui, avant de regarder vers les gradins… Compte-t-il lui faire une leçon là-dessus ? Il n’est pourtant ni son professeur, ni en plein contexte d’apprentissage. Le tout était que l’un puisse battre l’autre, ni plus ni moins, alors ce soudain retournement l’intriguait. Mais… puisqu’elle avait gagné, elle accepta donc de lui faire cette fleur. Toujours enivrée de sa réussite, elle avança vers la place assise la plus proche, une main sur la hanche.
Mithrun laissa échapper un petit soupir de soulagement en récupérant sa baguette intacte. Il n’aurait pas aimé qu’elle soit détruite, cela aurait été très inconvénient de devoir en trouver une autre, surtout si près des vacances. Le professeur d’archéologie ne faisait pas partie de ceux qui étaient attachés à leur catalyseur, ce n’était qu’un objet à ses yeux, un vulgaire morceau de bois qui lui permettait de mieux maîtriser sa magie. Cependant, il savait tout de même voir le côté pratique de la chose: acheter une nouvelle baguette qui lui conviendrait serait une véritable corvée, tant mieux s’il pouvait l’éviter pour cette fois.
Avec quelques Reparo et l’aide de Franziska, la salle de duels avait repris son état d’origine. Tant mieux, cela aurait également été un problème particulièrement pénible à gérer si tout n’était pas revenu en ordre. Les dégâts causés pourraient rester un secret entre la Lupy et lui, les autres n’avaient pas besoin de connaître les détails de leur affrontement, encore moins les professeurs de duel ou le directeur. Une fois que le ménage fut terminé, le canadien vint s'installer sur les gradins, non loin de la jeune femme. Comment trouver les mots justes? Parler, ce n’était pas son truc, ça ne l’était plus en tout cas. Loin étaient les jours où il savait captiver une audience en quelques phrases et rendre une salle entière pendue à ses lèvres. Maintenant, il n’avait plus aucun tact, il ne savait plus se forcer, plus faire semblant. Que dirait l’ancien Mithrun s’il était toujours là?
-Vous m’avez impressionné Mademoiselle, vous êtes très talentueuse pour votre âge, assez pour tenir tête à un adulte avec de l'expérience dans le domaine.
Voilà, commencer par la complimenter semblait être une bonne piste pour débuter, vu l’arrogance de l’allemande, cela ne devrait pas faire de mal de la brosser un peu dans le sens du poil. Par contre, pour le bien de son propre ego, le professeur n’allait pas s’étaler sur l’étendue de son expérience. Il faisait de son mieux pour se comporter en adulte, ne voyant plus l’intérêt de faire une scène pour une défaite, mais le fait que lui, ancien langue de plomb, se fasse battre par une gamine, ça lui restait un peu en travers de la gorge.
-Vous avez de l’avenir dans le milieu, vous pourriez devenir une grande duelliste plus tard. Avez vous pensé à rejoindre le club de duel? Il pourrait beaucoup vous aider pour la pratique, bien que je ne m’oppose pas à l’idée de refaire un entraînement comme celui-ci, si l’envie vous prend.
Être pédagogue, très bien. En plus, il lui proposait de refaire un duel un jour, cela devrait sans doute lui plaire. Comme ça, il lui montrait qu’il la considérait comme un adversaire sérieux qui valait la peine d’être affronté à nouveau. Très honnêtement, un entraînement de ce style de temps en temps ne lui ferait pas de mal. Sa défaite d’aujourd’hui montrait bien que Mithrun s’était trop reposé sur ses lauriers. Il était en train de perdre la main et il ne pouvait pas laisser une chose pareille arriver. Mais maintenant que c’était dit… il était tant de passer à la partie qui fâche.
-Cependant… pardonnez la question car elle est assez personnelle: est ce que tout va bien? J’ai remarqué votre attitude pendant le duel et croyez moi, je connais ce sentiment, celui de passer sa rage et sa frustration dans un combat. Est ce que quelque chose vous tracasse? Est ce que vous avez besoin d’en parler?
Le professeur quitta du regard le terrain qu’il fixait depuis tout à l’heure pour regarder la jeune femme dans les yeux, du moins autant qu’il le pouvait avec sa prothèse qui donnait sans doute l’impression qu’il n’y avait qu’un seul oeil qui la regardait réellement, ce qui était le cas. Depuis sa malédiction, Mithrun avait du mal à exprimer ses émotions. Il était difficile pour lui d’afficher autre chose que de l’indifférence et pourtant, sous son apathie, il était constamment submergé par tant de sentiments différents qui laissaient successivement place à un grand vide avant de déborder à nouveau. Ne plus avoir de désirs ne voulaient malheureusement pas dire qu’il ne ressentait plus rien. Son visage n’avait pas l’air vraiment moins indifférent que précédemment et pourtant, il essayait de se montrer un peu vulnérable devant Franziska, de lui faire savoir qu’il compatissait et comprenait ce qu’elle traversait. Est ce qu’elle voudrait lui parler? Probablement pas. Ce n’était pas grave. Au moins il aurait essayé et ça suffisait largement à ce que sa conscience le laisse tranquille. Libre à elle de saisir la main qui lui était tendue.
Franziska a toujours été bonne élève. Ce qu’on faisait de cette définition dépendait ensuite de chacun. Un bon élève pouvait être travailleur, poli, bon exemple pour ses camarades et ensuite encensé par ses professeurs… L’Allemande n’était pas le même cas typique. Elle était douée, comme le soulignait Mithrun, ça oui ; le fait est qu’elle est douée uniquement parce qu’elle est acharnée à ce point.
« Vous m’avez impressionné Mademoiselle, vous êtes très talentueuse pour votre âge, assez pour tenir tête à un adulte avec de l'expérience dans le domaine. »
On ne pouvait lui retirer son intelligence, ça c’est sûr. Au sein de sa famille, Franziska était considérée comme un petit génie, et ce don était gracieusement nourri par l’apprentissage digne que recevaient les von Karma — surtout celui de la part d’un von Karma pour un von Karma. Si son mentor n’était également pas son père, les choses auraient peut-être été différentes. Pas de grand-chose au niveau des notes, mais au niveau de l’éducation, des convictions, de la manière de faire…
Franziska gardait le menton relevé et un petit sourire de fierté aux lèvres le temps d’écouter tous les compliments du professeur. Elle était en vérité plus fière de sa victoire que de son avis, quand bien même c’était toujours gratifiant à prendre. Mais pour elle, un tel palmarès, c’est… évident. On l’avait habitué déjà toute petite à être une gagnante. Alors ce genre de compliments, pour son ego, c’est comme une banale piqûre de rappel.
« ... bien que je ne m’oppose pas à l’idée de refaire un entraînement comme celui-ci, si l’envie vous prend. »
- Pourquoi pas. Ce n’était toutefois qu’une étape. Si je vous ai battu, c’est que je peux me confronter à bien plus fort encore.
Car ça marche comme ça : affronter du plus faible au plus fort, jusqu’à atteindre le sommet.
« Cependant… pardonnez la question car elle est assez personnelle: est ce que tout va bien? »
Et enfin, le coeur du problème était abordé.
Dans le fond, Franziska était parfaitement au courant. Cet entraînement n’était pas juste un entraînement. C’était une manière de se défouler, de passer les nerfs. Un deux-en-un. Faire face à un tel adversaire lui permettait à la fois de se rendre encore plus forte et de pouvoir s’acharner sur quelqu’un qui ne craindrait pas autant sa magie qu’une personne de son âge. Elle croisa les bras.
Elle qui n’a pourtant jamais de problèmes, jamais de quoi la rendre aussi agacée au quotidien, et pourtant… parce qu’elle a été élevée par le grand mais rustre Manfred von Karma, elle ne se rend pas compte que la colère est son tracteur quotidien. Battre tout le monde, être meilleure que tous, même les plus âgés, ceux du même domaine, se démarquer pour prouver sa valeur évidente… En fait, si Franziska n’avait jusqu’à aujourd’hui pas de vraie raison d’être en colère, elle aurait dû se rendre compte des années auparavant qu’elle n’avait jamais à l’être. En colère pour quoi ? Enragée pour quoi ? Pour la victoire ? Mais pourquoi faudrait-il être autant sur la touche en permanence ?
Parce qu’il suffit d’un moment de faiblesse pour tout perdre.
« Est ce que vous avez besoin d’en parler? »
Et laisser parler ses émotions, ses sentiments, serait la pire des défaites. Le premier domino qui donnerait suite à une réaction en chaîne. Exactement comme avec Miles Edgeworth. Se laisser aller, abandonner, se fier à ses humeurs, ses émotions, et ainsi devenir faible. Pour un peu de plaisir, certes, mais au prix de beaucoup de choses qui sont d’ordinaire difficiles à atteindre.
Son père n’a pas fabriqué sa réputation à partir de pâquerettes et de sourires.
- Certainement pas, dit-elle sèchement.
Toute sa vie, Franziska a tout fait pour ne pas céder à ce qui la rend humaine. Se faire des amis ? Tomber amoureuse ? Aider les autres ? Puisqu’elle est humaine, elle est évidemment sujette à la même chose que tous les autres : sentir, ressentir, être sensible. Elle était toujours capable de devenir faible, ce pourquoi elle doit être constamment motivée par ce qui ferait barrage à de tels obstacles. Même envers son traître de frère adoptif, elle ne peut rien laisser passer. La colère est excellente pour ne pas devenir triste, et pour rester dans ses motivations.
L’Allemande se leva, refusant définitivement l’aide que Mithrun semble vouloir apporter. Ce ne serait pas la première fois qu’elle s’obstine fermement à ce genre de main tendue.
- Je vous ai demandé un entraînement, et c’est ce que j’ai obtenu. Vous pouvez conserver vos conseils de vie pour d’autres que moi, elle se tourna alors vers lui. Ce n’est pas une façon dissimulée de dire que j’aurais besoin d’aide : je ne veux pas d’aide. Car je n’en ai pas besoin.
De toute façon, ce n’est pas à Mithrun qu’elle confierait ce qui la tracasse, ce qui l’énerve au point de presque saccager une salle de duel au cours d’un défi un peu lancé à l’aveugle… A-t-elle besoin de Miles, après tout ? Absolument pas. Jamais. Car elle a pu se prouver aujourd’hui une fois encore combien elle est forte, même toute seule.
- Je vous remercie pour ce duel, Herr of Kerensil. Sur ce.
Tournant ensuite les talons une bonne fois pour toutes, la Lupy marcha vers la porte.
Une fois encore, elle aura prouvé qu’une von Karma n’a besoin d’aucun soutien pour demeurer parfaite.
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