Quand Nezuko est née, la lune était haute dans le ciel. Les renards criaient. Les hiboux hululaient. L’air était froid, humide et pénétrant. Le nourrisson ouvrit un regard aussi neuf que la lune à cette période sur un monde où l’attendait déjà un grand frère d’un an son aîné. Cette nuit-là, Tanjirô devenait le premier soleil qui offrait ses rayons chaleureux à la petite.

La bambine vécut les premières années de sa vie dans la maison familiale, perchée au mont Kumotori, isolée du village le plus proche. La petite famille eut bien le temps de s’apprivoiser à cette ribambelle d’enfants. Le mont Kumotori fut le témoin de toutes les premières fois de la jeune fille : ses premiers éclats de rires, ses premières colères, ses premiers pas mais aussi et surtout ses premiers signes de magie.

La petite Nezuko connaissait la forêt aux alentours de leur maison comme sa poche. Mais en cette soirée d’été, en jouant à cache-cache, elle avait voulu battre tous ses frères et sœurs et s’était aventurée un peu plus loin que d’ordinaire. La brune s’assoupit, allongée sous un buisson. Elle ne se réveilla que quand les derniers rayons du soleil coloraient le ciel de ses teintes favorites et que le chant des cigales se calmait. Rapidement prise de panique, l’enfant se mit à pleurer à chaudes larmes, non sans avoir appelé ses parents et son grand frère.

C’est alors que la jeune fille se frottait les yeux, sa vue complètement troublée par le chagrin, qu’une petite fleur s’ouvrit devant elle. Il s’agissait d’une anémone, dont les pétales commençaient à virer au rose foncé, signe que l’automne était proche. Elle attira l’attention de l’enfant, elle s’attendait presque à ce que la plante se mette à lui parler car elle suivait les mouvements de la jeune fille de son pistil. Au lieu de quoi, quand Nezuko fut toute proche, la fleurs se tourna vers une autre qui, à son tour, s’ouvrit pour “observer” la gamine. Les fleurs continuèrent leur petit stratagème jusqu’à ce que l’aînée des Kamado retrouve le chemin de la maison. Très inquiets, les membres de sa famille l’avaient accueilli avec d’autant plus de joie à son récit. Les dons de Nezuko s’étaient manifestés d’une manière aussi élégante qu’elle, et elle passa le reste de cet fin d’été à tenter de faire pousser des petites fleurs par magie.

Dans cette maison, la japonaise se créa de nombreux souvenirs heureux. Et tout comme son frère, elle se mit vite à aider ses parents à prendre soin de ses frères et sœurs. Pour la jeune fille, il s’agissait d’aider sa mère aux tâches domestiques. Elle adorait particulièrement coudre et recoudre des vêtements pour toute sa famille. Ses petits doigts de fée faisaient des merveilles.

Si la vie à la montagne lui plaisait, elle fut enchantée par la vie au village, dans lequel ils s’établirent quand son frère entra à l’école. Nezuko travaillait toujours avec acharnement pour aider sa mère, et l’état leur père empirait. Celui-ci s’usait la santé à force de travailler. Mais le rythme de vie effréné lui seyait plus. Elle se faisait plein d’amis avec ses talents en couture et son charme. Si son grand frère était très extraverti et se faisait beaucoup d’amis facilement, Nezuko était très timide et c’était plutôt aux autres de l’approcher.

Quand la jeune fille rejoignit l’école de magie locale où son frère étudiait déjà, sa magie s’était déjà manifestée. Elle étudia avec autant d’assiduité que Tanjirô, voire plus tant elle voulait être à la hauteur !

C’est aussi durant ces années-là que la petite se mit au judo. Elle adorait cette discipline qui lui permettrait ensuite de défendre son frère même contre les grands du village qui voulaient se moquer de lui, bien que c’était à l’encontre des valeurs de ce sport. Aussi, ses parents étaient heureux que leur fille s’intéresse à un art martial qui la rende forte même contre les plus grands gabarits qu’elle, redoutant que sa beauté attire aussi l’attention de personnes malintentionnées. Elle se découvrit aussi certaines prédispositions aux chants. Si Nezuko avait de la peine à s’exprimer sans marmonner et était timide, sa voix devenait forte et s’imposait lorsqu’elle chantait.

Lorsque Tanjirô s’en alla pour rejoindre l’école de magie d’Ilukaan, peu de temps avant le décès de leur père, elle perdit d'un coup ses deux figures paternelles. Nezuko supplia sa mère de pouvoir le rejoindre dès qu’elle en aurait l’âge. Face à son insistance et la ferveur avec laquelle elle terminait ses tâches et son travail scolaire, sa mère ne put refuser. Toute la tristesse provoquée par le décès de leur père, la brune la transféra dans son travail.

Quand elle rejoignit Ilukaan à son tour, Nezuko priait pour que la fontaine l’envoie dans la même maison que son grand frère. Malheureusement pour elle, alors qu’elle se tenait les épaules voûtée en avant, accablée par le poids des regards sur elle, la fontaine poussa un grand brame, signe qu’elle était faite pour devenir Cervirald. La cadette eut beaucoup de peine au début, mais elle s’y est faite à présent. Elle a bien assez d’amis pour s’y sentir comme chez elle !

(c) Ilukaan