Histoire« Maman disait toujours que la vie c'était comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. » Forrest Gump
Citation inoubliable d'un film culte. Peut-être est-ce une manière de commencer ce récit.
Mais au fond, elle était loin d'être fausse... L'on ne peut se préparer entièrement à ce que nous réserve la vie et toi, cher lecteur, tu t'en rendras compte bien assez tôt.
Autant commencer dès le début.
L'histoire commence au crépuscule du XXe siècle, en Afrique du Sud, après la fin de l'Apartheid.
La situation du monde magique dans le pays était assez spéciale. La magie était perçue comme actes des noirs et, en ce sens, était marginalisée chez les blancs.
Chez les Africains, si avant la colonisation, non-magiques et magiciens vivaient ensemble dans une unité et une cohésion certaine au sein de la communauté (ces derniers se devant de protéger ces premiers contre les maux invisibles ainsi que les soigner), l'arrivée des Européens apporta le christianisme et l'évangélisation qui scindèrent profondément cette façon de vivre.
Les superstitions s'accrurent au fil des années et à mesure, les sorciers durent cacher leurs existences à tel point qu'ils ne devinrent que des légendes, des contes du soir pour les enfants qui s'agitent beaucoup trop.
Les unions entre non-magiques et sorciers étaient choses rares, les sorciers nés de familles non-magiques étaient bien souvent livrés à eux-mêmes, surtout dans les foyers les plus modestes. Toutefois, la communauté magique, bien organisée, les localise et les prend en charge dans des délais extrêmement courts, faisant du pays un des territoires où les sorciers sont les mieux lotis.
Dans le monde non-magique, l'on assiste à peu d'unions entre les différentes cultures du pays. Chose qui est toute autre chez les sorciers, ce qui permet un brassage ethnique important au sein de la nation arc-en-ciel et un certain nombre de familles sang-pur malgré la raréfaction de ces dernières dans le monde.
C'est au sein de l'une de ces familles que l'histoire, qui va t'être contée cher lecteur, se déroule.
Le Cap, 1999, le 1er Décembre.
Mkhuseli Mweki, un Xhosa travaillant dans les relations magiques, et Sandile Ndlovu, une Ndebele magizoologiste, virent naître les premiers enfants issus de leur union en ce jour d'été austral suffoquant.
La grossesse avait été éprouvante pour Sandile et elle donna naissance à deux filles, des jumelles, premières nées d'une fratrie qui comptera six enfants, cinq filles et un garçon.
L'une fut appelée Thembile, l'autre, Thandiwe et elles retiendront l'attention de l'histoire, surtout la dernière.
Toujours flanquées ensemble, les deux petites étaient le jour et la nuit. Thembile est extravertie et prend les devants, Thandiwe suit sa soeur. Ses parents l'orientèrent vers le quidditch, sport importé par les sorciers européens sur le continent africain et qui aujourd'hui fait partie des sports les plus populaires, ceci dans le but qu'elle prenne plus de confiance en elle. Ce qui arriva mais ceci surtout grâce à l'aide de sa jumelle.
Toutefois, Thembile fit preuve assez tôt d'une absence de pouvoirs magiques contrairement à sa sœur.
Mais si l'on s'attendait à ce qu'un fossé se creuse entre les jumelles, il n'en fut rien, elles étaient toujours aussi proches toutes les deux et si la cracmolle ressentait une pointe de jalousie, la fierté d'avoir une sœur sorcière et joueuse de quidditch prédominait, ce fut elle qui lui donna le surnom d'"Umbani", "l'Éclair" en Xhosa. Mot que Thandi fit graver sur tous les balais qu'elle eut jusque là.
Sa famille étant originaire d'Afrique du Sud, Thandi était prédisposée à aller à Uagadou, comme les siens depuis des siècles, à devenir animagus comme le reste de sa famille et à être douée en alchimie et astronomie.
Cependant, Mkhuseli et Sandile reçurent une brochure venant d'une des écoles de magie les plus récentes au monde.
Les discussions étaient intenses. Pourquoi envoyer Thandi, leur fille adorée, loin des siens ? Dans un pays qu'elle ne connaissait pas, où il faisait si froid, qui était si différent de l'Afrique du Sud.
Cela pouvait être formateur, bien plus que Uagadou. De plus, les sang-pur appartenaient au vieux monde, cela était une évidence, aujourd'hui, il leur fallait s'intégrer, se mettre à la page, ne plus se mettre en marge des temps actuels.
Les montagnes de la lune et Uagadou risquaient d'être un cocon protecteur comme leur foyer.
La décision avait été prise. Elle irait dans cette école, tout comme le reste de ses frères et sœurs.
Les adieux furent déchirants, d'autant que Thandi était bien consciente qu'elle se retrouverait seule, dans des contrées qu'elle ne connaissait guère sinon dans les livres, dans le froid. Surtout que sa sœur ne serait pas là pour l'aider et la soutenir, comme cela avait été le cas jusque là.
Thembi lui offrit un pendentif, semblable en tous points à celui qu'elle portait elle-même tout le temps, un coquillage simple qui pendait au bout d'un fin cordon de cuir. Un lien physique qui les unissait, autre que ceux du sang et de leur gémellité juste avant que le feu de la cheminée l'emporte au Canada.
Bien qu'elle avait craint ce passage, Thandi réussit à s'intégrer à Ilukaan, ayant été répartie dans la maison des loups de rubis. Elle s'est fait des amis proches, changea pour le mieux en prenant confiance en elle et écrivait souvent à sa famille et surtout à Thembile. Ses autres soeurs et son frère la rejoignirent bien assez tôt, ce qui adoucit la distance.
Elle réussissait à se distinguer dans les arts de la métamorphose et de la défense contre les forces du mal. Elle voulait devenir Auror mais avait du mal et peu de patience pour la botanique et les potions et elle avait formé des amitiés solides et durables sans le moindre doute. Elle eut une adolescence normale, faite de rires, de moments de complexes, de pleurs, de joies et de déceptions. Elle réussit en troisième année à rejoindre l'équipe de Quidditch de sa maison.
Pour elle, tout lui souriait.
Cela ne dura pas.
« Puisqu’on ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les voiles. » James Dean
Elle était en cinquième année.
Elle avait seize ans.
C'était un hiver rigoureux comme chaque année mais elle n'était pas arrivée à s'y habituer. Emmitoufflée, elle discutait gaiement dans les jardins avec des amis, suite à une victoire de l'équipe de Quidditch de Lupy et ne remarqua pas le directeur de sa maison venir vers leur groupe, l'air grave.
Elle sursauta en entendant son prénom et son nom de famille et se leva derechef.
Elle accepta de le suivre plus loin.
Et se glaça au fil du récit qu'on lui énonça.
Cela s'était passé la veille. Le 4 janvier 2015.
Thembile était sortie avec des amis.
Elle s'était éclipsée de leur soirée afin de prendre l'air et un groupe d'individus émêchés l'accosta.
Elle avait essayé de repartir, s'était débattue quand l'un d'eux l'attrapa par le bras et continuait à essayer de se défendre pour ce qui suivit, ses cris glaçant la nuit.
À court de patience, ses agresseurs lui cassèrent le bras et la laissèrent, inanimée sur le sol.
Alertés par son absence, ses amis la retrouvèrent.
Thandi ne sut quoi dire. Elle ne bougea pas. Le premier sentiment qui arriva était de nier.
Puis arriva une profonde tristesse et enfin la colère. Elle voulait retrouver les coupables et les tuer.
Jamais elle n'avait ressenti pareille rage, pareille noirceur.
Elle eut l'autorisation avec le reste de sa fratrie de retourner en Afrique du Sud, au chevet de leur soeur.
En Afrique du Sud, les individus de sexe féminin ont plus de chances de subir une agression sexuelle que d'obtenir un diplôme.
C'est ce qui arriva à Thembile qui avait contracté le mal non-magique qui touchait une grande partie de la population de leur pays.
Thandi fondit en larmes une fois laissée seule avec sa jumelle, la prit dans ses bras lui promettant de tout faire pour l'aider, qu'elle retrouverait ses bourreaux qui l'avaient condamnée à une lente mort, et qu'elle les tuerait.
La rage et la douleur changeaient les gens.
Thembile s'était contentée de lui sourire douloureusement, sans mot dire.
De retour à Ilukaan, Thandi s'enferma, ne parla à personne des semaines durant.
Puis arriva l'illumination.
Elle ne tuerait personne.
Mais sauverait des gens.
Ceux qui en avaient besoin, comme Thembi.
Elle prit ses livres de botanique et de potions, matières bien trop souvent délaissées par le passé et se mit au travail pour les BUSE.
Elle fit appel à des camarades forts dans ces deux matières, discutait avec les professeurs, passait plus de temps à la bibliothèque qu'en extérieur, avait relégué son poste poursuiveuse à quelqu'un d'autre, dormait peu et ne faisait que travailler.
La cinquième année fut la plus éprouvante qu'elle ait jamais vécue.
Elle réussit toutefois à obtenir Efforts Exceptionnels dans ces deux matières, au prix de sa vie sociale, de son sommeil et de son appétit. (En revanche elle obtint des Troll et Désolant en Histoire de la Magie et Sortilèges parce que trop concentrée sur les matières nécessaires pour la voie qu'elle avait choisie)
Lors de l'affichage des résultats elle faisait peine à voir. Pâle, maigre, l'air épuisé.
Mais elle souriait et ses yeux brillaient. Elle pleura en voyant ses notes.
Fière, elle était prête à soulever des montagnes pour parvenir à son but et même si elle avait réussi cette épreuve, le chemin était encore long et difficile.
Comment je sais tout ça ? Parce que je l'ai vécu pardi. Et je peux vous dire qu'aujourd'hui j'ai rattrapé mon retard et j'entre en médicomagie, j'ai décidé d'être remplaçante dans l'équipe de Quidditch de Lupy pour me concentrer à plein temps sur mes études.
Ça n'a pas été simple et ça ne le sera pas, c'est sûr et certain.
Mais je suis prête à me battre. J'en ai fait le serment.