La ferme de Juneberry. Ce lieu de vacances choisi par Ilukaan que tu ne pensais pas pouvoir voir au même titre que tout les lieux des vacances des années précédentes et pourtant, tu venais juste d'y arriver. Tu n'y échappais jamais pourtant. À chaque vacances tu devais retourner chez tes parents adoptifs et c'était le retour de cet enfer. Nuits blanches à étudier la magie et ses lois. Les journées où tu enchaînais tout tes sports de combat, les arts martiaux, tes cours de tires. Tu en étais parfois tellement fatiguée que tu en vomissais le soir. Même après toutes ses années, tu n'arrivais pas à le supporter. Comme à chaque grandes vacances tu avais donc demandé si tu pouvais partir avec l'école. Tu avais eu droit à un nouveau refus bien sûr. Habituellement tu n'en parlais qu'une fois, mais cette année tu avais osé redemander, parlant des tâches à effectuer là bas, que ce n'était pas juste des vacances à ne rien faire et à juste profiter du paysage. Et part tu ne sais quelle miracle, ils avaient dit oui. Après plus d'un mois de torture, tu avais donc rapidement fait tes bagages et était partie aussitôt. Arrivée, tu avais pris le temps d'installer tes affaires, mais c'est à la nuit tombée que tu avais décidé de visiter pour te familiariser avec l'endroit où tu allais passer les prochaines semaines.

Tu marchais tranquillement, ton regard se perdant à droite et à gauche, tu entendais le bruit des animaux dans les enclos et des élèves au loin. Tu entendais des rires, ils avaient l'air de s'amuser. Mais tu t'éloignais instinctivement pour au final n'entendre que le bruit du vent. Tu étais désormais seule, comme tu l'étais la plupart du temps. Tu avais relevé la tête. Il n'y avait aucun nuage ce soir, tes maigres souvenirs en astronomie te permettant de reconnaître quelques constellations. Quelques secondes à les observer avant de reprendre ton chemin, poursuivant ta visite de la ferme. Jusqu'à ce qu'une voix brise le silence. Tu avais d'abord continué à avancer. Tu ne reconnaissais pas cette voix, ce n'était pas quelqu'un de ton maigre entourage, aucune raison pour toi de t'arrêter. Mais tu avais entendu ses pas se presser vers toi. Un soupire avait passé tes lèvres avant de te tourner vers lui en l'entendant à nouveau..《Oui.》Tu le regardais de haut en bas et à en juger à sa posture, il n'avait visiblement pas juste posé cette question histoire de avant de continuer sa route. Tu allais devoir dire au revoir à ta tranquillement pour le moment semble t'il. Autant aller droite au but. Tu aurais bien essayé de simplement poursuivre ton chemin après avoir répondu à sa question, mais tu savais pas expérience que ça ne marchait que rarement, que dans ces moments là, la personne en face se mettait à te suivre, donc autant prendre les devants cette fois-ci.《Qu'est-ce que tu veux?》

Ton instinct te disais que tu n'allais pas t'en débarrasser tout de suite. Son sourire. Sa façon de s'exprimer. Il semblait être à l'opposé totale de toi. Sociable et bon vivant. Pas le genre de personne que tu avais l'habitude de côtoyer. Ou plutôt le genre de personne qui te fuyait dès que tu ouvrais la bouche. Tu le regardais à nouveau, comme pour essayer de le cerner un peu plus avant de répondre quoi que ce soit. Si tu avais insisté pour venir ici ce n'était pas seulement pour échapper à tes parents. En grande partie oui, mais au fond de toi, tu avais peut être besoin de voir du monde, autre que les personnes de tes cours de sports qui n'étaient d'ailleurs pas tendre avec toi. Tu n'avais jamais été quelqu'un de très sociable. Mais ces derniers temps, après avoir eu le sentiment de beaucoup trop régresser après ton changement de cursus, tu te sentais encore plus perdue. Tu ne savais plus quoi faire. Comment agir. Tu te renfermais encore plus sur toi même. Donc être à la ferme cet été alors que tu n'y avais pas cru un instant, peut être que c'était un signe que les choses allaient changer, mais que c'était aussi à toi, de faire des efforts. D'être moins distante. Voir ce que les autres pouvaient t'apporter, même si pour le moment en ce qui concerne celui en face de toi, il n'était qu'un inconnu.

Tu avais quand même hésité un peu avant de lui répondre, ton regard se perdant légèrement dans le vide.《Si tu veux.》Tu ne le connaissais pas. Il ne te connaissais pas. Tu ne voyais pas vraiment ce que tu pouvais avoir d'intéressant qui le poussait à te demander ça, si ce n'est son côté visiblement si joyeux que ca se lisait a trois kilomètres sur son visage. Un haussement de sourcil ensuite en l'entendant se présenter. C'était quoi ce titre ridicule. Qui se presentait comme ça? Tu allais demander ça après t'être présenté toi même.《Maki Harukawa.》Rien à ajouter pour ta part. Rien de bien intéressant tout du moins. Sans attendre et sans regarder s'il te suivi d'ailleurs, tu avais repris ton chemin en faisant glisser une de tes couettes derrieres tes épaules.《Pourquoi le "luminaire des étoiles"?》

Un peu curieuse. Ça ne te ressemblait pas. Mais tu avais fait l'effort d'accepter qu'il te suive. Autant diriger la conversation un petit peu avant de te retrouver avec des questions auxquelles tu n'avais pas du tout envie de répondre. Tu t'étais ensuite éloignée un peu plus, t'arretant vers un petit cours d'eau.《En résumé, tu te prends pour un astronaute. Mais il n'y a aucun cursus qui apprends ça à Ilukaan? Ça n'a même rien à voir avec le monde magique. C'est du scientifique là. Tu fous quoi dans cette école?》Vraie question. Si son but était d'aller voir les étoiles. Qu'est-ce qu'il foutait ici alors qu'aucun cursus ne permettait d'acquérir les connaissances pour ce métier? Enfin. Peut être qu'il était ici pour une bonne raison. Un autre parcours ou qu'importe. Après tout, chacun gérait son avenir comme bon lui semble. Il n'y a que toi qui n'avait pas vraiment le choix.

Tu avais ensuite attrapé tes cheveux en detournant le regard.《Oublie le "chan". Contente toi de Harukawa tout court.》Tu avais tiqué un peu en entendant ça, tu n'allais pas dire le contraire. Tu avais l'habitude qu'on t'appelle par ton prénom, c'était normal dans un lieu avec des personnes venant de tant de pays différents dont beaucoup où il était normal d'appeler quelqu'un par son prénom plutôt que par son nom. En revanche le "chan", sauf quand ça venait d'une autre fille, ça sonnait toujours mal dans ton oreille. Comme si on se foutait de ta gueule ou qu'on te voyait comme une gamine en détresse. Ça et simplement que tu n'aimais pas les surnoms, ça te mettait mal à l'aise. Surtout venant de quelqu'un que tu venais de rencontrer. Autant mettre les choses au clair tout de suite comme tu étais partie pour te le coltiner jusqu'à la fin de ta visite. À sa nouvelle question, tu étais restais silencieuse un petit moment. Est-ce que tu réfléchissais ou est-ce que tu n'avais tellement rien à répondre que restais muette semblait pour toi une réponse assez claire?Peut être un peu des deux.《Non, je n'ai aucun rêve. Je n'ai pas le temps pour ça.》

Ambitieux. C'était le premier mot qui t'était venu à l'esprit en entendant sa réponse. Et de ton côté, tu étais presque un peu envieuse. Pour qu'il se visualise un tel parcours, soit il était seul et n'avait donc personne pour lui dire quoi faire, soit il avait une famille derrière lui qui l'encourageait à aller aussi loin. Quelque chose que tu n'aura jamais. Si en prenant le cursus éducation magique la première fois, tu avais demandé à tes parents adoptifs si tu pouvais aller jusqu'au bout comme c'était dans ce domaine que toi tu voulais travailler, mais que tu étais prête à faire le cursus auror et défense magique juste après pour leur faire plaisir, ils t'auraient tout simplement incendié. Tu les voyais de là dire que ce serait des années de perdues après tout ce qu'ils avaient fait pour "toi", pour que tu réussisse. Enfin. C'était ta vie. Tu faisais malheureusement avec.《On a l'air d'avoir le même âge. Même en t'arrêtant à la douzième année ici, tu vas finir tes études extrêmement tard.》Ça sonnait méchamment de ta bouche, comme un peu tout ce que tu disais sans mentir. Alors que pourtant c'était une façon de dire qu'il avait visiblement de la motivation pour vouloir aller aussi loin.

Et le retour du rêve. Un soupire avait passer tes lèvres avant que tu ne t'accroupisse au bord de l'eau, veillant à placer correctement ta robe au passage. Tu avais ensuite attrapé un petit caillou, le lançant dans les airs avant de le rattraper.《Je vais formuler autrement. On ne m'a pas laissé la possibilité d'avoir de rêve. Que j'arrive à trouver du temps ou non, je n'ai rien à accomplir. Je fais simplement ce que mes parents me dise de faire.》Un peu perdu dans tes pensées, tu t'étais vivement redressée tout en lançant le caillou le plus loin que tu pouvais dans l'eau avant de t'éloigner à nouveau, tu t'étais un peu trop exprimé et tu avais peur du retour que tu pouvais avoir.《Pourquoi je te dis ça? Je ne te connais même pas.》

Tu pressais le pas. Est-ce que tu essayais de fuir? Peut être. Tu n'aimais pas montrer tes faiblesses. Quoi que tu en dises, n'avoir aucun contrôle sur ta vie en était une. Ne pas avoir le choix sur tes études. Ne pas avoir le choix sur tes activités. Devoir continuer systématiquement même quand ça te ne plaisait pas, que ça t'en rendait malade. Par moment tu te disais, heureusement que tu n'avais pas d'amis, sinon tu étais persuadée que tes parents auraient trouvé à redire. Il/Elle n'a pas une assez bonne apparence. Il/Elle n'a pas un projet d'avenir suffisamment glorifiant. Il/Elle est trop vieux, trop jeune pour traîner avec toi. Ils n'avaient jamais dit ses phrases et pourtant, elles sonnaient dans ta tête comme si ça avait été le cas. Tu voulais de nouveau être seule. Seule pour ne pas avoir à assumer ce que tu venais de dire. C'était peu. Mais suffisamment pour qu'on s'en serve sur toi. D'une bonne ou d'une mauvaise manière. D'ailleurs, il était en train d'en rajouter une couche. Tu t'étais stoppée net avant de te retourner pour lui faire face.《Je ne vais pas mal et je n'ai pas besoin de me confier.》Tu haussais la voix, sans vraiment le vouloir. Tu ne montrais que rarement des émotions quand elles etaient positives, il fallait dire que c'était rare. Les négatives en revanche, tout se lisait dans ton regard. Et là tu étais agacée. Agacée parce qu'il avait raison, le poids que tu portais était trop lourd et ta vie serait tellement plus simple si tu lâchais parfois un peu prise. Mais ça, tu refusais totalement de l'avouer.《Je ne l'ai jamais fait. Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui ferait exception. Arrête d'essayer de jouer les héros ou qu'importe ce que tu essayes de faire.》

Tu t'éloignais encore un peu plus jusqu'à tomber sur un petit jardin. Ayant accélérer et tes pensées se bousculant, tu n'avais pas fait attention à si Momota te suivait encore. Tu t'étais donc assise sur le premier banc venu avant de regarder en l'air.《C'est complètement stupide.》

Tu commençais à regretter ton idée de venir ici. Ça te tenait pourtant à cœur, d'avoir enfin un peu de liberté sur tes mouvements. Personne pour te dire ce que tu devais faire à chaque seconde de la journée. Il y avait certes les taches quotidiennes qui vous étiez imposé, mais comparé à ce que tu devais faire en temps normale ce n'était rien. Mais tu n'avais pas prévu de tomber sur quelqu'un comme ça, qui allait tourner tes mots à ton désavantage.《Je n'aurais jamais dû venir ici.》Tu pensais pouvoir souffler un peu, profiter un tout petit peu du calme avant d'aller dans ta chambre, ne connaissant pas tes colocataire, tu ne savais pas à quoi t'attendre. Mais tu avais entendu sa voix s'élever un peu plus loin avant qu'il n'arrive à ta hauteur.《Putain mais t'as conscience d'à quel point t'es borné? C'est pas croyable de coller quelqu'un que tu ne connais pas à ce point.》

Tu devais lui reconnaître ça, visiblement quand il avait une idée en tête, il était déterminé à aller jusqu'au bout. Mais là, tu faisais partie de l'engrenage et ça t'aurait arrangé qu'il soit un peu moins tenace. Tu n'avais pas envie de devenir vraiment méchante. Il t'agacait oui. Tu mentirais en disant que l'envie de le frapper ne t'avait pas effleuré. Mais Momota n'avait pas l'air quelqu'un de mauvais. Tu n'avais pas envie d'en arriver là.《Faut que je te le dise en quel langue, en japonais peut-être? Je n'ai pas besoin d'aide, je me débrouille parfaitement seule.》Il ne fallait pas etre surdoué pour savoir que vous parliez la même langue. Son nom. Le "chan" de tout à l'heure. C'est pourquoi tu n'avais pas hésité à utiliser ta langue natale, peut être que le message allait mieux passer. Même s'il avait raison. Même si tout au fond de toi, oui, tu ressentais le besoin d'avoir au moins une personne à tes côtés sur qui te reposer ou au moins, quelqu'un a qui tu pouvais faire entièrement confiance et a qui tu n'avais pas besoin de mentir. Il avait donc raison. Mais pour l'heure, tu ne te sentais pas légitime. Tu ne le connaissais pas. Il te ne connaissait pas. Peut être qu'il allait finir par te trouver inhumaine et te repousserait, comme beaucoup, s'il voyait tout ce que tu devais faire. Tu n'avais pas envie de te bercer de belles illusions. Tu préférais tout stopper avant que quoi que ce soit ne démarre.《Au vu de te comportement, t'as forcément des amis. Va plutôt les retrouver.》