ILUKAAN est un forum MULTIFANDOM dans l'univers d'Harry Potter. Ilukaan est une école de magie internationale se situant en Nouvelle-Écosse au Canada. L'histoire se déroule en 2024, mélangeant magie et technologie. Vous pouvez jouer des personnages de manga/anime, jeux vidéos, films d'animation, dessins animés, romans jeunesse ou encore un OC. L'intrigue se fait à la fois en RPCB et RP-POST.
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Sujet: [Terminé][Mai 2022] ― Melancholy. [feat. Yūta] Ven 13 Mai 2022 - 0:40
Melancholy.
L'œillade chaude et songeuse qu'elle jetait au reflet de sa silhouette sur la surface d'un vitrage d'une boutique s'attarda plus qu'elle ne l'aurait voulu, et interrompit son errance au sein des vastes allées de ce véritable dédale d'échoppes. Ses prunelles s'osèrent à s'aventurer, non sans une certaine hésitation, jusqu'aux pourtours de ses mains jusqu'alors vouées à maintenir en leur creux le sac de son récent achat.
Si son attention s'offrit à ses phalanges repliées sur elles-mêmes dans un premier temps, Catalina sembla désireuse à l'idée de détailler un instant ses poignets. Les brimborions mordorés et autres bracelets qui les adornaient, si bien connus pour sonoriser les si joyeuses apparitions de la Cervirald au sein des conversations qui animaient les corridors de l'académie, n'avaient pas tinté depuis quelques semaines tant ses déplacements étaient devenus réservés.
Les jours s'étaient succédés depuis un incident survenu au sein du Dôme, lequel avait eu l'un de ses chers amis pour protagoniste principal. Berthold, un camarade qu'elle considérait comme son propre frère cadet, avait vu son comportement changer du jour au lendemain à la suite de la consommation d'un produit récemment mis en vente sur le marché sorcier. Ce dernier, qui était d'ordinaire si doux et d'une si plaisante compagnie, s'était montré froid et avait manifesté à son égard une défiance accusatrice. Or, l'altruisme de la jeune femme l'avait inévitablement rattrapée : sentant émerger en elle le désir de lui témoigner un contact réconfortant avant d'entamer une discussion qu'elle espérait salvatrice, le jeune homme, dès lors, avait fait preuve d'une gestuelle impressionnante et qu'elle n'aurait jamais pu lui soupçonner. Les paumes fermement ancrées sur les poignets de la danseuse, ce garçon d'ordinaire si peu confiant avait jugé bon d'entraver ses mouvements avec une rigidité presque militaire.
Si elle lui avait pardonné cet acte, qu'elle devinait indépendant de la véritable volonté du "Bertie" qu'elle aimait tant, son esprit s'était embrasé à la simple idée de céder à ses impulsions et aux difficultés qui se dressaient sur son chemin depuis qu'elle se rendait régulièrement auprès du directeur de leur établissement. Une série d'entretiens, tenue strictement secrète, avait mené à l'obtention d'une préparation qu'elle avait dû elle-même consommer afin d'en subir les possibles effets.
Il arrivait désormais que sa baguette soit tout bonnement dépourvue de toute capacité à réaliser la plus mignarde des prouesses. Sa magie était devenue instable et sauvage : aussi s'était-elle rendue compte que les variations de ses humeurs faisaient naître des sortilèges qu'elle n'avait même plus besoin d'incanter, nées de ses ressentis les plus vifs. L'angoisse soudaine et réprimée tant bien que mal dont elle avait cru deviner les prémices lorsque Berthold l'avait maîtrisée aurait pu donner lieu à un accident irréversible si des camarades ne lui étaient pas venus en aide pour les séparer. Elle aurait pu se blesser - voire pire, le blesser.
Peut-être n'était-il pas si inconcevable que cela de penser qu'elle était devenue un réel danger.
La pensée la traversa tandis qu'elle redressa le chef pour entrevoir ses propres traits, renvoyés par la surface vitreuse.
Dès lors lui apparut le passage reflété de quelqu'un d'autre. Une silhouette haute à la carnation claire lui sauta à la vue et, aussitôt, la Colombienne ne put s'empêcher de pivoter sur son axe pour saisir une occasion d'assister à sa présence réelle. Cette chevelure d'ébène à la répartition si atypique, couplée à ces prunelles d'un si intriguant bleu-gris ne purent la duper de quelque façon que ce soit. Et, lorsqu'elle prit connaissance des stigmates las qui se crayonnaient sous ses mirettes, Catalina fit un rapide pas en sa direction pour l'interpeller en se retrouvant à ses côtés, sans jamais chercher à le toucher; un épatant paradoxe, pour une âme aussi tactile que la sienne.
"Yūta !", entama-t-elle dans une intonation presque fredonnante, même si le volume de son ton chantant s'était amenuisé ces derniers temps.
Si elle songeait quelques secondes auparavant du danger que pouvaient engendrer sa fréquentation auprès des autres sorciers, l'apparition du Strixyst dont elle avait récemment fait la rencontre lui paraissait comme un présage. Cette descendante de voyante avait après tout une fâcheuse manie lorsqu'il s'agissait de considérer l'augure dans son quotidien, qu'il soit bon ou non. Le manieur de sabre avait après tout été présent lors de ses récentes péripéties auxquelles elle pensait avant qu'il ne fasse irruption dans son périmètre : et cette coïncidence bienheureuse avait éveillé ses tendances chaleureuses.
"Quelle surprise de te voir ici ! Est-ce que tu viens souvent au centre commercial ?", ajouta la porteuse de bracelets en intimant à ses bras de se lier sous sa poitrine, sans jamais lâcher le sac qui occupait ses dextres. "Tu n'as peut-être pas trop le temps de discuter, mh ? Ce serait sympathique de papoter autour d'une bonne tasse de café, un jour prochain. Histoire de faire connaissance !"
La risette qui ornait ses lèvres carminées cessa un instant, et elle cligna des yeux avant de pencher la tête sur le côté. Ses larges boucles d'oreilles circulaires imitèrent le mouvement.
"... Au fait, je n'ai pas écorché ton prénom, rassure-moi ?"
Sujet: Re: [Terminé][Mai 2022] ― Melancholy. [feat. Yūta] Dim 15 Mai 2022 - 0:23
Let's share memories —ft. Catalina Gómez—
C'était une magnifique journée de printemps qui avait commencé. Bon nombre de personnes avaient décidé de pointer leur nez dehors pour profiter des rayons de soleil et des températures avoisinant les vingt degrés. Lui non plus, ne faisait pas exception.
Il était tout de même rare que Yūta Okkotsu se rende autre part qu’à la bibliothèque, le parc ou encore le gymnase. Lui qui était généralement plongé dans ses cahiers jusqu’à tard le soir, ne se sentait pas de les ouvrir tout de suite. Ce qui tombait plutôt bien puisqu’il avait une petite course à faire, vraiment pas grand chose. Il devait juste aller acheter quelques t-shirts à manches courtes pour l’été. Il fallait dire qu’il faisait de plus en plus chaud, et que, pour lui qui ne supportait pas la chaleur, devoir trouver des solutions pour palier au problème était une mission de la plus haute importance. La boutique au deuxième étage du centre commercial, celle située dans l’aile ouest pour être plus précis, était celle où il se rendait lorsqu’il avait besoin d’acheter des vêtements. Les habits vendus n’étaient pas très onéreux, la qualité de ces derniers était aussi très bonne. Le meilleur rapport qualité/prix selon le strixyst qui n’achetait que très peu d’affaires. Ne courant pas sur l’or, il ne le pouvait tout simplement pas. Et même s’il pouvait se le permettre, dépenser pour dépenser ne faisait pas partie de son mode de vie. Yūta préférait mille fois s’occuper du bien-être de son maine coon, Yoko, qui s’avérait être particulièrement exigeant.
- Et voilà ! Merci pour votre achat jeune homme. - Merci à vous madame. Portez-vous bien ! Répondit-il en prenant le petit sac en papier kraft qu’elle lui tendait, à deux mains, comme il était de coutume au pays du soleil levant. Il lui aurait bien dit de garder la monnaie, mais il ne pouvait pas se le permettre.
Deux nouveaux t-shirt rejoindront donc bientôt sa collection, un noir et un blanc. Classique. Yūta n’avait pas un style très extravagant après tout. La plupart de ses habits en dehors de son uniforme étaient soit blancs… Ou noirs. Ces derniers avaient tout de même l’avantage de s’accorder entre eux sans le moindre problème. Et jusqu'ici, personne ne lui avait fait quelconque remarque sur sa manière de s’habiller, preuve qu’il avait tout de même le sens du “ style ” comme sa sœur, Yuki, le disait.
{...}
Une voix l’avait interpellé. Elle n’était pas assez familière pour qu’il la reconnaisse, mais l’était assez pour l’arrêter et lui faire chercher la direction de sa provenance. Il n’eut d’ailleurs pas besoin de se poser la question très longtemps puisque la détentrice de cette dernière vint directement à lui.
Catalina Gómez. Une étudiante à Ilukaan de la maison cervirald qu’il avait rencontré quelque temps auparavant au dôme, alors que l’un des élèves était sous l’emprise d’une drôle de potion. La situation avait d’ailleurs été plutôt stressante, d’où le fait que le brun n’ait pas pu échanger très longtemps avec les élèves présents. Heureusement, tout s’était plutôt bien terminé. Yūta ne pouvait pas l’affirmer, mais comme il n’entendit aucun bruit de couloir les jours qui suivirent l’incident, il en déduit que tout était rentré dans l’ordre.
Un sourire se dessina sur les lèvres du Nippon qui la salua chaleureusement en retour. La jeune femme qui se tenait devant lui était bien plus rayonnante que celle qu’il avait rencontré dans l’enceinte d’Ilukaan. Les rayons du soleil donnaient une jolie teinte dorée à sa peau halée, renforçant ce côté “ habitante du soleil ” qu’il lui trouvait, elle dont le parfum le fit voyager dans le sud l’espace d’un instant.
La jeune femme avait bien meilleure mine. C’était rassurant.
- Bonjour Catalina. Il n’eut pas le temps de lui demander si elle se portait bien qu’il se fit assaillir de question. Heureusement, le langage corporel de la cervirald lui donna la réponse attendue.
- Non, je ne suis pas un habitué du centre, je ne viens que rarement. Il fallait que j’achète quelques vêtements. Les températures augmentent sérieusement depuis quelques jours.
Il s’avérait que Yūta avait un penchant pour la saison hivernale où il pouvait faire ce qu’il voulait sans être bloqué par les températures trop élevées de l’été. S’il faisait trop chaud, ses capacités étaient drastiquement réduites et il était incapable de sortir dehors, chose plutôt handicapante. Lorsqu’il revenait au Japon en hiver, il profitait pleinement des neiges de Miyagi en compagnie de ses proches. Ces dernières étaient bien différentes des neiges de Bloombury, sans doute, avaient-elles une valeur sentimentale plus importante aux yeux du jeune homme.
- Tu n’as pas non plus écorché mon prénom et si tu as un peu de temps devant toi, nous pouvons très bien nous installer à la terrasse d’un café et discuter un peu. Je me suis assez avancé dans mes devoirs pour me permettre de prendre une pause.
Voilà qu’il accomplit l’exploit de répondre à toutes les questions de la brune, sans en oublier une seule.
Non loin de là se trouvait un petit café qui faisait de bons thés verts. Il n’y allait pas souvent, mais aimait venir y travailler lorsqu’il n’y avait pas beaucoup de monde. Il se trouvait que la gérante était très sympathique et qu’elle commençait même à le connaître.
- Si je ne me trompe pas, tu es colombienne. Comment est la Colombie ? Je n’y suis jamais allé.
Le sujet s’était naturellement posé sur la table, quelques instants après que l’attention du strixyst se soit portée sur l’accoutrement de la cervirald.
Sujet: Re: [Terminé][Mai 2022] ― Melancholy. [feat. Yūta] Mar 17 Mai 2022 - 15:57
Melancholy.
L'aménité qu'elle crut déceler dans le croquis des lèvres du membre de la maison de la Chouette ne manqua pas de lui sauter aux yeux. Tout bonnement incapable de résister à l'idée de cacher au monde ses instants de joie simple, la simple contemplation de la mimique humble venue saisir les lippes de natif du pays du Soleil-Levant parut inviter son propre rictus à s'accentuer à ses commissures. De par sa salutation pleine de politesse et d'attention, Catalina crut comprendre qu'elle ne le dérangeait pas durant sa virée.
Dès lors qu'il lui délivra son prénom sans difficulté aucune, sa camarade venue à sa rencontre ne put s'empêcher de cligner des mirettes, saisie d'une brève admiration qu'elle ne vocalisa pourtant pas. Le Strixyst avait même retenu son prénom alors que celui-ci ne lui avait été révélé qu'une seule fois au cours de ces récentes semaines ? Quelle impressionnante mémoire.
Vivante et volubile, prompte à apprécier les conversations agréables lorsqu'elles étaient entamées, il sembla qu'elle n'éprouvait là aucune gêne quant à l'idée de rétorquer lorsqu'il prit soin, avec une affable délicatesse, de répondre à l'ensemble des questions qu'elle venait de lui soumettre. Une façon comme une autre de briser la glace aux yeux de la Cervirald, laquelle, dans une gestuelle distraite et aux échos énergiques, se permit de glisser ses mains porteuses d'achats dans les contrebas de son dos.
"-Non, je ne suis pas un habitué du centre, je ne viens que rarement. Il fallait que j’achète quelques vêtements. Les températures augmentent sérieusement depuis quelques jours. -Arrête-moi si je me trompe, mais j'ai comme l'impression que tu n'es pas de ceux qui apprécient les vagues de chaleur !"
Un léger rire, loin d'être railleur, céda une mélodie à son propos. Il suffisait à la danseuse de poser un simple regard sur Yūta pour s'adonner à quelques fantaisies : l'imaginer au sein d'un paysage nivéen et auréolé de flocons de neige ne lui était pas si difficile. Si elle avait les basses températures et les bruines glaciales en horreur, la musicienne permettait à son esprit de se figurer la haute silhouette de son comparse, vagabondant paisiblement entre les sylves maculées d'un charmant manteau de neige. Se trouver à ses côtés en de tels temps devait être reposant pour l'âme, pour sûr.
Quand bien même elle sembla l'écouter avec la plus grande des attentions, la proposition pleine de sympathie du plus pâle la dépétra de ses songes. Pour autant, l'animation venue prendre d'assaut les lèvres de son aînée, les faisant paraître pour souriantes, fut quelque peu interrompue par une mystérieuse once d'incertitude. Était-ce bien sage pour elle d'échanger davantage avec lui ? Pourrait-elle réfréner les flux de magie incontrôlables qui s'osaient à lui mener la vie dure, ces derniers temps ? Cette simple question incita le déclenchement d'une onde de craintes et de doutes, centrées sur la multitude d'éventualités qui pourraient survenir en raison d'une infime inattention de sa part centrées sur un sujet aussi bête que celui de converser autour d'un café. C'était pourtant sa boisson favorite, entre toutes ...
Il ne lui était pas impossible de s'ébouillanter avec un breuvage encore fumant, ou de briser la porcelaine sous le joug de ses émotions qu'elle ne parvenait même plus à dompter. Si le moindre fragment de verre ou de faïence en venait à ornementer l'une des joues claires de ce garçon aux cheveux de jais d'une quelconque entaille, elle ne pourrait jamais se le pardonner.
Et, alors qu'elle pesait le pour et le contre, le sixième année entreprit, avec une aisance qui la frappa presque de stupeur, de lui évoquer la contrée de son coeur.
Sa Colombie.
La question sonna simple et dénuée de toute complaisance rudement forcée supposément destinée à faire croire à la jeune femme qu'il éprouvait un vague intérêt à sa terre natale. Saisie par une accalmie nouvelle, la dextre échauffée de la porteuse d'émeraude se fraya un chemin jusqu'aux mèches châtaines qui s'égaraient aux abords de ses tempes, et elle les réunit pensivement derrière les contours de son oreille. Le sourire revenait, doucement mais sûrement, sur ses lèvres couvertes d'un pigment nacarat.
Elle, qui avait l'esprit si vagabond, s'éprit sans mal des souvenirs qui la reliaient au pays qui l'avait vue naître. Les tons vibrants des demeures, les fragances exotiques des marchés, les sonorités des instruments dans les recoins de ruelles, les éclats de voix et de rire.
"Sans surprise, c'est très différent d'ici. Mon pauvre Yūta, tu étoufferais là-bas !"
Si elle n'était pas craintive de la moindre mauvaise réaction, qu'elle soit du jeune homme ou de sa magie devenue si fragile, sans doute lui aurait-elle cédé un coup de coude complice. Aussi préfère-t-elle se contenter d'un rire aux modulations sincères : dans son ton ou dans la façon qu'elle avait de lui répondre, aucune moquerie ne se laissait deviner.
Sans même qu'elle ne s'en rende réellement compte, leurs pas les guidaient très probablement en direction de cette fameuse terrasse dont il faisait mention quelques instants auparavant. Le Strixyst, malgré lui, avait apaisé sa voisine en une seule et simple question. Lui qui se sentait voyager par le biais de la simple présence de celle qui s'improvisait conteuse allait être servi ...
"Je ne sais pas si tu es un amateur d'animation, mais les rues sont en général très vivantes. Il n'y a pas un instant où l'on entend pas une note de musique. Tu devrais voir les balcons fleuris ! ... Oh, attends voir !"
Son regard se laissa traverser d'un vif éclat. Extirpé des tréfonds de son sac versicolore, l'écran de son téléphone se dévoila à son cadet. Ce dernier, bien plus haut que sa camarade, avait désormais l'occasion de voir Catalina tendre le bras avec entrain pour lui mettre presque sous le nez la photographie qui lui servait d'écran de verrouillage. Si elle n'utilisait pas tant que cela son téléphone et favorisait les échanges épistolaires pour correspondre avec sa famille, la vue de ce simple cliché lui faisait l'effet d'une bouffet d'air frais. L'on y discernait les hauteurs d'un édifice religieux, d'un jaune aurore formidable, dont la présence lointaine se laissait ceindre par deux balustrades où florissait la végétation. Le moindre coup d'oeil jeté sur cette image de la cathédrale de Santa Catalina de Alejandría paraissait la ravir.
Il se dit parfois que le bonheur réside dans les choses simples.
"Qu'est-ce que tu en penses, Yūta ? Ca doit être bien différent de chez toi, n'est-ce pas ?", vint-elle l'interroger dans un sourire quelque peu amoindri. "Lorsque je suis venue au Canada pour la première fois, j'ai été plus que dépaysée."
Sujet: Re: [Terminé][Mai 2022] ― Melancholy. [feat. Yūta] Mer 18 Mai 2022 - 13:54
Let's share memories —ft. Catalina Gómez—
Si elle était le soleil, alors il était la lune. Si elle était le feu, alors il était la glace.
La relation entre Catalina Gómez et Yūta Okkotsu venait juste de voir le jour, et pourtant, on pouvait déjà être témoin d’une certaine alchimie qui semblait les lier de manière indescriptible, comme deux opposés complémentaires s’attirant. Elle venait des pays chauds, ceux où le soleil ne se couchait jamais vraiment et où les habitants dansaient sans s’arrêter, probablement au son d’un instrument né de l’artisanat et d’une passion se transmettant de génération en génération. Cette description semblait peut-être un peu poussée, mais Yūta qui n’y avait jamais mis les pieds, ne pouvait voir un autre portrait de la Colombie que celui d’un cliché que l’on pouvait aisément retrouver sur la première de couverture d’un guide touristique.
"Sans surprise, c'est très différent d'ici. Mon pauvre Yūta, tu étoufferais là-bas !" Il avait légèrement ri à la remarque de la cervirald. Celle-ci avait vu juste, Yūta Okkotsu préférait les climats froids à tempérés, mais aimait aussi l’idée d’aller visiter les pays aux climats chauds et tropicaux comme l’Afrique du sud. Peut-être pour y découvrir des choses qu’il ne verrait pas en restant au pays du soleil levant.
Il menait la marche, ouvrant le chemin qui menait jusqu’à cette petite terrasse, pour venir ensuite s’installer confortablement à une petite table un peu à l’écart de l’allée principale. Ils pouvaient ainsi continuer de voyager sans être trop dérangés par les bruits incessants du grand centre commercial. Yūta était plutôt de ceux qui appréciaient le silence et le calme d’un environnement où personne d’autre n’osait prononcer un mot, de peur de déranger les personnes aux alentours. Pourtant, aussi fréquemment qu’on pouvait le croiser dans une bibliothèque ou sous le grand chêne bicentenaire du parc d’Ilukaan, il n'était pas surprenant de le voir dans des lieux animés, comme le grand dôme, un café ou encore le centre commercial. L’animation ne lui faisait pas de mal, au contraire. De temps en temps, lorsque l’envie le prenait, il se surprenait à se laisser bercer par les centaines de conversations simultanées d’une allée commerçante, ces dernières ayant quelques propriétés apaisantes qu’il ne saurait expliquer.
"Qu'est-ce que tu en penses, Yūta ? Ça doit être bien différent de chez toi, n'est-ce pas ?" - C’est magnifique. Comme je l’imaginais, c’est très coloré ! Il doit faire bon vivre en Colombie.
Sans qu’il ne s’en rende compte, les commissures de ses lèvres s’étaient étirées en un fin sourire, témoin de son émerveillement face à l’écran de verrouillage de Catalina. Cette dernière représentait parfaitement son pays. C’était à se demander si elle n’était pas l’allégorie humaine de Locombia.
Le strixyst s’était laissé transporter dans l’image qu’elle avait mit sous son nez et s’imaginait dans la grande rue passante qui menait à cet édifice aux couleurs d’été. Il se voyait regarder les étales où l’on vendait bijoux, épices et autres objets en tous genres. Peut-être même achèterait-il un petit sachet de triguisar ou un bracelet forgé à la main par un maître d’œuvre dont le cœur appartenait à ce pays. Yūta ne bronzerait pas, mais attraperait des coups de soleil à force de se promener sous un soleil qui lui martèlerait la tête aux heures les plus chaudes, tout cela sans jamais vraiment que ça s’arrête. Oui, il se voyait bien visiter la Colombie. Il sortit de ses songes lorsque la vieille dame et propriétaire du café leur demandèrent ce qu’ils voulaient boire. La commande du jeune homme demeurait similaire à toutes les précédentes ; un thé au matcha, glacé, avec un peu de menthe.
"Lorsque je suis venue au Canada pour la première fois, j'ai été plus que dépaysée." - J’imagine que ta Colombie doit beaucoup te manquer. Avait-il répondu avec un ton songeur.
À son tour, il sortit son téléphone portable. Lorsqu’il appuya sur le bouton pour sortir du mode “veille”, une flopée de notifications assaillirent l’écran d’accueil. Il y avait des mails, des notifications d’applications et des messages. Beaucoup de messages. Le brun n’était pratiquement jamais sur son téléphone, rendant la tâche de le contacter plutôt compliquée. Il favorisait les échanges en face-à-face ou par courrier. Le plaisir d’ouvrir une lettre ayant parcouru le globe ne pourrait jamais rivaliser avec celui, moins percutant, d’ouvrir l’application messages et de lire ce qui était digitalement écrit.
Il navigua quelques instants dans ses photos avant de montrer l’écran à Catalina avec un grand sourire, fier de partager les paysages de son pays.
- C’est ici que je vais lorsque je rentre à la maison.
La neige dominait le paysage que le jeune strixyst montrait avec fierté. On pouvait voir d’imposants et d’immenses blocs de glace ressemblant à des monstres sur le bord de la piste de ski fraîchement damnée. Le ciel était d’un bleu profond, sans nuages, et laissait les rayons du soleil avoir le loisir de se réfléchir sur la grande étendue blanche. Yūta ne se laisserait jamais de ce paysage féerique où il se rendait tous les ans avec sa famille pour fêter le nouvel an japonais. Il y avait de la neige au Canada, beaucoup même, mais jamais elle ne pourra rivaliser avec celle du mont Zao. Celle-ci, elle lui appartiendrait pour l’éternité.
- Les montagnes de Miyagi sont les plus belles au monde. On pouvait voir une pointe de mélancolie luire dans les mirettes aux nuances grisâtres du jeune homme. Mon avis est loin d’être objectif !
Il releva la tête vers Catalina avec son habituelle expression alliant douceur et bienveillance. Yūta aimait parler du pays qui l’avait vu naître et aimait voyager à travers les récits des habitants d’autres contrées.
- Je te vois bien y passer quelques jours en hiver, sans doute pour aller voir les renards qui nous accueillent chaleureusement sur leurs territoires ! Ajouta-t-il sans savoir si Catalina avait une quelconque affinité avec les animaux sauvages.
Au même moment, leurs boissons furent posées avec délicatesse sur la petite table en bois peinte dans un joli vert menthe. La patronne leur souhaita de passer un bon moment et disparut à l’intérieur avec un sourire, sans ajouter quoi que ce soit pour ne pas les interrompre. Elle leur avait simplement souri. Yūta saisit la tasse qui était posée en face de lui et amena le rebord à ses lèvres pour boire quelques gorgées du breuvage glacé.
Sujet: Re: [Terminé][Mai 2022] ― Melancholy. [feat. Yūta] Ven 20 Mai 2022 - 16:11
Melancholy.
Toute réminiscence de la Colombie, aussi moindre soit-elle, avait un don ineffable lorsqu'il s'agissait d'accaparer l'attention qu'elle était capable d'accorder au monde qui l'entourait. Tout portait même volontiers à croire qu'elle n'avait même pas réalisé que Yūta avait eu la gentillesse de la mener jusqu'à l'une des petites tablées de cette fameuse terrasse. Installée depuis peu sur sa nouvelle assise, les bourdonnements incessants émanant des allées et venues de la clientèle de l'après-midi ne semblaient même plus en mesure de l'atteindre. Loin d'elle l'idée saugrenue d'accorder sa concentration à la foule prompte à déambuler dans le centre commercial alors qu'elle montrait à son acolyte toutes les étendues du charme qu'elle trouvait à une simple photographie, devenue un reliquat de souvenir.
Il lui avait suffit de prêter oreille au compliment que délivraient les lippes du garçon à l'égard de cette dernière : concis et honnête, le sage pratiquant de kenjutsu avait même adorné les traits de son visage ivoirin d'un sourire ténu. À la constatation qu'elle fit de cette réserve mesurée et discrète, Catalina ne mit pas bien longtemps avant de songer, non sans une légère badinerie, qu'ils étaient véritablement le jour et la nuit. Si elle ne le connaissait pas encore véritablement, il lui suffisait d'apposer un regard sur la façon qu'il avait de crayonner ses expressions pour y deviner une certaine bienveillance. Celle-ci, malgré elle, l'incita à sourire davantage. Nul besoin d'être devineresse pour prendre conscience de cette gentillesse singulière chez son auditeur.
Chose étrange qu'était son implication dans cette conversation aux échos mnésiques. Lorsque la tenancière approcha de ces deux étudiants pour prendre note de la commande qu'ils s'apprêtaient à lui quémander, la jeune femme répondit sans même s'attarder outre mesure sur sa propre intervention qu'elle désirait un café. Si elle avait souri avec politesse à la maîtresse des lieux, elle n'en demeurait pas moins d'autant plus attentive à ce que son semblable avait à lui dire, et pivota aussitôt les épaules en sa direction pour le regarder à nouveau lorsque la serveuse leur fit dos.
"J’imagine que ta Colombie doit beaucoup te manquer."
Elle avait souri, pour toute réponse. Toujours est-il qu'elle n'ôta pas ses prunelles acajou lorsqu'il manipula son cellulaire afin d'accéder, à son tour, aux images qu'il serait susceptible de lui montrer. Cette kyrielle d'annonces et de messages à caractère informatif fut si surprenante qu'elle ne parvint pas à l'ignorer.
"Je discute avec une célébrité ?", se permit-elle sous une intonation plaisantine. "Combien de messages reçois-tu par jour, exactement ? Tu devrais faire attention, tu sais ! On m'avait dit un jour qu'il était parfois important de faire le ménage dans son téléphone, afin d'éviter que ses ... performances soient ralenties. Quelque chose dans le genre !"
Ses doigts s'entrelacèrent en contrebas de son menton, qu'elle posa à même le surface du dos de ses dextres. La curiosité diaprant dans ses yeux, elle cligna des mirettes lorsqu'il soumit à sa vue lesdites photographies. Dès lors que ces tableaux pâles et frais lui furent révélés, la danseuse ne put empêcher son coup d'oeil d'osciller entre cette étendue neigeuse et le portrait de Yūta, dont le teint était aussi frais qu'un flocon.
L'azur des cieux se laissait percer de faisceaux solaires soucieux de faire miroiter la surface de la poudreuse. Peu familière aux sports d'hiver ou aux errances montagneuses, la porteuse de bracelets devait bien se l'avouer : c'était un paysage enchanteur, aux antipodes du cliché qu'elle lui avait jadis montré. À dire vrai, l'enthousiasme délicat du jeune homme parut la toucher plus que de raison. Aussi son esprit se permit-il de s'illustrer, pour une rare fois, la silhouette de la née-moldue au milieu des futaies aux rameaux ornés de cristaux scintillants à leurs extrémités. Le frais de ces monts-là devaient être, pour sûr, un peu plus revigorants que celui, plus mordant et âpre, qu'elle trouvait aux reliefs canadiens. Un avis tranché et discutable de la part de quelqu'un qui ne portait pas le froid dans son cœur.
"Miyagi ? Je n'ai jamais entendu parler de ce coin-là du Japon !"
Et il ne lui avait pas encore explicitement évoqué le nom du sommet volcanique qui trônait dans ce décor de basalte. La Cervirald avait, à l'instar de beaucoup, seulement de maigres connaissances sur une montagne très bien connue de ce territoire asiatique, devenue l'un des emblèmes du pays.
Sa tête avait pris la liberté de se pencher sur un côté dès lors qu'elle prit connaissance des subtilités émanant des yeux de son vis-à-vis. Empathique, une impression lui vint : était-ce le fruit de son imagination, ou bien le discours avait-il cédé au jeune Okkotsu une certaine vague à l'âme ?
"Les renards ? Vous avez des renards, à Miyagi ? Et ils viennent jusqu'à vous ... ?"
Quel monde curieux.
L'arrivée de son petit contenant de céramique, libérateur de volutes fumantes, l'interrompit dans ses tergiversations. Voilà que son café était arrivé. Capturant le breuvage entre ses paumes après avoir adressé un aimable remerciement à leur hôte, elle priva sa porcelaine de quelques lampées de café. Leur pause, toutefois, ne l'empêcherait pas de reprendre la parole. Sans se faire exagérément bavarde, Catalina savait après tout être loquace pour animer une conversation dans l'espoir de redonner à son interlocuteur l'envie de s'exprimer à la suite d'un interlude.
Toute occasion était bonne pour éviter de jeter un coup d'œil au sac qui reposait sur son giron et, par conséquent, de consacrer une attention nouvelle au porte-baguette ouvragé qu'elle s'était procuré chez Wanderful. Avec un certain recul, la Colombienne trouvait son achat peu cohérent et révélateur d'une certaine stupidité : à quoi bon acheter un étui si sophistiqué avec ses maigres économies pour une baguette qui n'est même plus en mesure de réaliser un simple Lumos ?
Cette pensée la fit se concentrer un instant sur sa tasse de café. Les ondes brunes qui s'étendaient à la surface de son breuvage éveillèrent chez elle une certaine prudence et, craignant de s'échauder sous une émotion de détresse refoulée qu'elle serait incapable de discipliner, Catalina reposa avec une étonnante minutie sa tasse sur la table qu'ils occupaient tous deux. Elle attendrait un peu, avant d'y replonger les lèvres.
En dépit de sa réserve curieuse quant à l'idée de consommer son café, elle reprit, le sourire aux lèvres.
"Je peux te demander si tu as des frères ou des sœurs, Yūta ? J'imagine que tu ne te rends pas sur les pistes tout seul durant tes vacances."
Soutenant sa tempe par le biais de son poing clos, le coude abandonné sur le rebord du petit mobilier, elle leva trois phalanges. Le mouvement déchaîna les cliquetis joyeux des bracelets rutilants qui ceignaient ses poignets : une sonorité lui étant devenue caractéristique, et qui accompagnait ses déambulations dans les corridors de l'académie d'Ilukaan depuis toujours.
Une nuance amusée se dessina sur son visage que le hâle avait embrassé.
"Je suis l'aînée dans ma fratrie, et l'unique sorcière de ma famille. J'ai deux frères ainsi qu'une petite sœur."
Ce qui expliquait très probablement l'attitude sororale qui l'avait animée lorsqu'il avait fait irruption dans le dôme durant l'incident de Berthold.
Sujet: Re: [Terminé][Mai 2022] ― Melancholy. [feat. Yūta] Mar 24 Mai 2022 - 14:01
Let's share memories —ft. Catalina Gómez—
"Je discute avec une célébrité ?" - Ah, ce sont des messages auxquels je n’ai pas encore répondu. Disons que je ne suis pas trop sur mon téléphone.
Il avait senti le rouge lui monter aux joues. On lui reprochait souvent de ne pas répondre aux messages assez vite, que ses délais de réponse étaient beaucoup trop longs. Tout ça n’était pas spécialement voulu, Yūta était simplement beaucoup trop focalisé sur ses cours pour répondre à ses sms dans l’immédiat. Mais les laisser en “remit” pendant plus de deux semaines n’était pas non plus la solution, il était bien obligé de l’admettre.
Le jeune strixyst profita d’ailleurs de la première occasion pour changer de sujet.
- On appelle cette terre “le village des renards.” Les renards sont habitués au contact humain pour la plupart. Les plus curieux te suivront dans ta balade et les plus téméraires essayeront même de tirer sur tes vêtements et de te piquer de la nourriture.
Ce sujet ravivait des souvenirs bien ancrés dans sa tête. Il y a de cela plusieurs années, lorsqu’il avait environ sept ans, un renard roux l’avait fait tomber en tirant sur sa veste pour lui piquer sa barre de céréale. Si cela avait fait beaucoup rire sa famille, ça lui avait fait très peur. Il dut attendre environ deux ans avant de pouvoir s’approcher d’une de ces bestioles espiègles à nouveau.
"Je peux te demander si tu as des frères ou des sœurs, Yūta ? J'imagine que tu ne te rends pas sur les pistes tout seul durant tes vacances." - Oui, en effet. J’ai une petite sœur du nom de Yuki.
Si son prénom s’écrivait avec le kanji de “mélancolie” et celui d’ “épais”, le prénom de sa jeune sœur s’écrivait simplement avec celui de la “neige”. Sans doute un clin d’œil poétique de la part de ses parents aux étendues blanches que l’on pouvait observer lors de la saison hivernale sur ses terres natales.
-Elle a deux ans de moins que moi et me ressemble beaucoup, mais uniquement d’un point de vue physique.
Il parcourut la galerie photo de son téléphone encore une fois avant de le tendre à nouveau à Catalina. Sur ce selfie qu’il avait pris lors d’une sortie en centre-ville, il y figurait avec sa sœur qui faisait un peu plus d’une tête de moins que lui. Il n’était pas très compliqué de reconnaître le lien de sang qui les liait. Tout comme Yūta, Yuki avait des cheveux noir de jais et de beaux yeux bleus avec une forte sous-teinte de gris, tout cela couplé avec une complexion aussi pâle que la neige. Cependant, à l’instar du strixyst, elle n’avait pas un teint blême avec de grosses cernes violettes. Plutôt jolie, elle plaisait beaucoup à la gente masculine. Yūta regrettait de ne pas être au Japon pour la protéger de ceux qui voudraient profiter d’elle et lui faire du mal.
Les deux avaient un caractère bien distinct, on pouvait même les qualifier d’opposés. Si Yūta était la force tranquille, l’océan calme, mais indomptable, Yuki était la boule d’énergie qu’il était difficile de canaliser. Elle s’éparpillait à droite et à gauche, rendant son grand frère parfois complètement chèvre, notamment lors de leurs sorties shopping. Elle était peut-être un peu plus naïve que lui. Sans doute, croyait-elle encore à la venue de son prince charmant, un beau Canadien aux yeux verts galopant sur un étalon noir au coucher du soleil.
Imaginer la scène dans sa tête lui arracha un léger rire.
- Elle est adorable. On s’entend très bien.
Yuki était surtout sa petite protégée. S’il y avait une personne pour laquelle il était prêt à se plier en treize, c’était bien pour elle. L’instinct fraternel du jeune homme l’avait poussé à s’interposer plusieurs fois dans des situations où sa cadette se trouvait en difficulté. Il n’avait jamais hésité lorsque ça la concernait, et n'hésiterait jamais, quitte à enfreindre les règles.
"Je suis l'aînée dans ma fratrie, et l'unique sorcière de ma famille. J'ai deux frères ainsi qu'une petite sœur."
Calmement, il vint reprendre quelques gorgées de son thé avant de reprendre la parole.
- Je vois. Parle moi un peu plus de tes frères et sœurs si tu veux bien !
Yūta ne s’était pas trop étalé sur la description de sa jeune sœur, mais il espérait que Catalina comprenne. Après tout, il était plus une oreille qu’une bouche. Écouter lui faisait plaisir, parler un tout petit peu moins.
Sujet: Re: [Terminé][Mai 2022] ― Melancholy. [feat. Yūta] Jeu 26 Mai 2022 - 19:57
Melancholy.
Les fourberies et malices de ces êtres lupins aux confins des monts enneigés ne manquèrent pas de l'étonner. Non pas qu'elle se laissait surprendre des ruses propres aux renards, mais savoir qu'ils s'étaient accoutumés aux présences humaines n'était pas sans l'étonner. La mimique venue moduler les traits de sa figure s'était doucement intensifiée : à peine le sujet des renards était-il balayé qu'il avait répondu sans réserve aucune à la question de sa camarade.
Yuki, avait-il rétorqué.
Pour une raison qui semblait lui échapper, Catalina trouva la sonorité de ce prénom adorable. Elle se plut à notifier, sans en faire mention pour l'heure, de la ressemblance entre les noms de l'aîné et de la benjamine : "Yu" signifiait-il quelque chose de singulier dans la langue natale du garçon ? La danseuse courba subtilement la nuque pour lui faire saisir que le mot avait été savamment retenu. Aussi lointain le dialecte pouvait-il être pour une native de Colombie, cette bibliophile avait fait montre de son désir d'intégrer Ilukaan pour son aspect cosmopolite. Curieuse de cette multitude de cultures qui s'offraient à elle dès sa première année, elle n'avait pas mis bien longtemps avant de tisser des liens en compagnie de sorciers Japonais tout au long de sa scolarité. Le membre de la maison au blason serti d'améthyste était devenu l'un d'entre eux à ce jour.
Échanger avec le Violet à propos de leurs souvenirs respectifs lui fit l'effet d'un rappel. Détentrice d'une physionomie pour le moins expressive, elle haussa légèrement les sourcils lorsqu'un petit détail - et non des moindres ! - lui revint en mémoire. Comment avait-elle pu omettre sa brève visite au Japon au sein d'un sanctuaire à l'occasion d'un récent Nouvel An, en compagnie d'un petit cortège d'amis d'Ilukaan ? Catalina avait été bien trop absorbée par l'écoute qu'elle faisait des révélations du sabreur, semblerait-il.
Alors qu'il offrit à sa vue l'image qu'il avait immortalisée en compagnie de sa précieuse cadette, la baladine glissa une paume au noeud qui scellait le bandeau qui ornait sa chevelure et manipula distraitement les pans d'étoffe. Un geste lui étant devenu caractéristique lorsqu'elle était prise dans une conversation qui avait pour don de l'assujettir au flot de ses pensées.
Avant même qu'elle ne s'en rende compte, son sourire avait pris du grade.
"C'est incroyable, cette ressemblance."
Et elle ne croyait pas si bien dire. L'esprit imaginatif de Catalina se permit, un court instant durant, de penser que si son interlocuteur ingurgitait l'un de ces liquides aux ingrédients sibyllins élaborés par les faiseurs de potions et dont les propriétés métamorphosaient l'apparence, comme le faisaient les Larmes d'Hermaphrodite, Yūta deviendrait Yuki.
L'épiderme ô combien marmoréen de cette dernière la frappa. Les Okkotsu devaient être aussi liés à la neige que les Gómez l'étaient aux temps chauds. Les formidables reflets d'un bleu gris saisissant qu'elle contempla dans les iris de la puînée ne manquèrent pas de lui évoquer ceux qu'elle avait eu l'occasion de découvrir dans les yeux du Strixyst. Tout, chez eux, rappelait la neige. Un rire, léger comme le souffle d'un vent hivernal, anima la gorge de son collègue.
Yuki. Nieve.
Une hypothèse naquit en son esprit, et elle se risqua à l'interroger. Si le sourire n'avait aucunement quitté ses lèvres colorées, l'idée simple de se heurter à une étourderie ne sembla néanmoins pas la tétaniser outre mesure : l'erreur était humaine.
Après qu'il l'ait invitée à narrer ses instants passés en compagnie de ses jeunes adelphes, l'étudiante le questionna.
"J'ai l'impression d'avoir déjà entendu ce mot, "Yuki". Quand je m'étais rendue dans un temple avec des camarades de l'école à l'occasion du jour de l'an, j'ai entendu ce terme plusieurs fois chez les locaux. Alors, je me demandais ... est-ce que ta petite soeur est née un jour où la neige tombait ? Cela signifie "neige", n'est-ce pas ?"
Que sa théorie soit avérée ou non, la Cervirald trouvait cette éventualité bien lyrique. Si elle les trouvait d'une extrême politesse et souvent peu friands du contact physique, la jeune femme avait depuis longtemps remarqué que l'esprit nippon faisait preuve d'une remarquable poésie pour des choses que d'autres considéraient comme banales, et consacrait la plus belle des odes à la nature. Pour Catalina, qui était née dans un endroit où jovialité et passion était reines, cette subtilité spirituelle se révélait toujours saisissante et, quelque part, reposante.
"Mes parents sont artisans, mais aussi artistes. Notre spécialité, à nous, c'est la musique ! Je crois qu'ils ont toujours aimé se focaliser sur la sonorité des noms qu'ils ont donné à leurs enfants plutôt que sur une réelle signification", avoua-t-elle en portant une paume à sa mâchoire inférieure comme on le ferait dans le cas d'une réflexion. "Mon prénom n'est pas facile à prononcer pour certains élèves d'Ilukaan, j'en conviens."
Mais jamais elle ne s'était véritablement vexée de ceux qui avaient au moins essayé de l'énoncer. Parler une langue qui n'est pas la nôtre est parfois chose complexe, et jamais elle n'aurait daigné se moquer d'une personne essayant, même brièvement, de s'adonner aux subtilités des prononciations de son nom. Les rires railleurs qui s'étaient élevés à son encontre durant sa première année lorsqu'elle apprenait l'anglais l'avaient pas manqué de la marquer profondément, et elle s'était jurée de ne pas infliger ces moqueries à qui que ce soit.
"Julio est né après moi. Fernando n'a pas tardé à suivre, et Alma est la petite dernière. Ils sont énergiques et réalisent l'exploit de l'être même plus que moi, mais je les aime tant."
Sa vocalise s'était quelque peu affaissée à la fin de sa confession. Dans une tentative de reprendre contenance, elle redressa la tête, les lippes toujours animées en une risette légère.
"Je dois avouer qu'Alma est la plus sage des trois ! Et probablement la plus généreuse. Les deux autres sont des petits farceurs, tu vois ! Ils étudient dans des écoles moldues, mais n'ont jamais été particulièrement jaloux de mon statut de sorcière. Cela dit, ils sont toujours curieux d'apprendre mes péripéties quand je reviens à la maison ..."
Les débats échauffés de ces derniers mois relatés dans la presse sorcière, et les récentes manifestations destinées à parvenir jusqu'au Ministère de la magie du Canada ne leur avaient pas été révélés. Ses parents auraient tout fait pour forcer le retour de leur première née à Carthagène : aussi souhaitait-elle par-dessus tout éviter de leur communiquer la moindre crainte quant à son avenir.
À cette pensée, son regard s'égara ailleurs et ses paupières s'abaissèrent. Elle porta son café, devenu froid, à ses lèvres.
"... Dis, Yūta. Ta famille est au courant, pour ce qui se passe ici en ce moment ?"
Un silence, avant qu'elle ne redirige son regard bruni vers son homologue bleuâtre. Catalina le gratifia d'un sourire navré.
"Enfin, c'est peut-être indélicat de ma part de demander une chose pareille. Tu n'es pas obligé de répondre, si tu ne le souhaites pas !"
“Est-ce que ta petite sœur est née un jour où la neige tombait ? Cela signifie "neige", n'est-ce pas ?"
Yūta ne s’attendait absolument pas à cette remarque de la part de la Colombienne. Elle connaissait donc la signification du prénom de sa cadette. Chose qui, au final, ne le surprit pas plus que cela. Après tout, ses confrères nippons étaient assez nombreux à Ilukaan, elle devait donc sans doute avoir quelques notions concernant certains mots grâce à d’autres de ses amis et connaissances.
- Tout à fait, elle est née un jour d’hiver. Le 21 Février pour être plus précis. Yuki est un prénom assez répandu au Japon, il signifie bien “neige.”
Bien qu’ils aient la même sonorité, les prénoms de la fratrie Okkotsu n’avaient aucun rapport entre eux. Celui du plus grand avait été choisi par le père, Hiroyuki, celui de la cadette, par la mère, Ayleen. L’ainé portait un prénom rempli de signification dû à sa signification que l’on pouvait traduire comme “épaisse mélancolie”, cela étant sans doute une référence à un épisode de la vie de son père. Yūta n’osa cependant jamais questionner ce dernier, il vivra jusqu’au restant de ses jours sans réponse. Ceci dit, ce n’était pas la chose qui le préoccupait le plus. Sans doute, était-ce mieux ainsi. Tout savoir n’apportait pas forcément que des bonnes choses, Yūta l’avait appris à ses dépens.
Contrairement à lui, sa petite sœur était sans doute née dans un contexte beaucoup plus joyeux. “La neige tombait à flots lorsqu’elle poussa son premier cri.” C’est ce que sa mère répétait à chaque fois qu’elle contait l’histoire de sa venue au monde. Yūta était petit et n’avait pas beaucoup de souvenirs de la naissance de sa petite sœur, mais il peut encore ressentir une vague de chaleur lorsqu’il y pense, une identique à celle qu’il avait probablement ressentie en la voyant pour la première fois à la maternité.
Le strixyst sortit de ses songes lorsque sa camarade reprit la parole.
"Mes parents sont artisans, mais aussi artistes. Notre spécialité, à nous, c'est la musique ! Je crois qu'ils ont toujours aimé se focaliser sur la sonorité des noms qu'ils ont donné à leurs enfants plutôt que sur une réelle signification" - Je vois ce que tu veux dire. Catalina est un très beau prénom ! Il te va très bien en tous cas.
Yūta porta à nouveau la tasse de thé à ses lèvres pour terminer son contenu qui était maintenant froid.
Il était vrai qu’il avait un peu de mal à prononcer le prénom de celle qu’il pouvait sans doute considérer à présent comme son amie. Les langues hispaniques n’étant pas sa tasse de thé, il marquait de très petites pauses entre chaque syllabe. Faire disparaître son accent japonais entièrement était considéré comme un miracle pas encore accompli. Même lorsqu’il parlait anglais, on pouvait entendre l’accent des habitants du pays du soleil levant… Alors l’espagnol… Sans doute, devait-il prononcer le prénom de la cervirald avec un accent anglais-japonais et aucunement espagnol. Jamais il n’avait essayé de parler cette langue. - J’espère que tu m’apprendras comment prononcer ton prénom correctement !
La description que la Colombienne faisait de ses frères et sœurs sonnait comme une mélodie. C’était léger et ça se suivait tout en faisant sens, comme une partition de piano que l’on lirait pour la première fois. Yūta n’avait pas d’autre frère ou de sœur, mais il s’imaginait sans problème vivre dans une famille nombreuse.
Être la seule sorcière de sa famille ne devait pas toujours être quelque chose de simple, surtout avec les nouvelles réformes qui mettaient en péril l’équilibre que les proviseurs des écoles de magies avaient installé au prix de nombreux efforts et de sacrifices. Monsieur Leroy lui-même prenait d’énormes risques en s’opposant à ces dernières.
"... Dis, Yūta. Ta famille est au courant, pour ce qui se passe ici en ce moment ?"
Voilà qu’elle abordait elle-même le sujet.
Il n’était visiblement pas le seul à se poser des questions quant aux récents articles de presse concernant les réformes et Ilukaan. Tout comme la plupart des élèves, jamais il n’avait regardé l’origine sorcière des autres. Cela n’était après tout qu'une question de titre, rien de plus. Savoir que tout risquait de changer et que les élèves pourraient finir étiquetés comme des objets sortant d’usine dans un futur proche n’était pas quelque chose qui le réjouissait, bien au contraire. Et quand bien même il n’était pas allé manifester contre cette réforme et n’exprimait pas non plus ses opinions aux autres, il n’en pensait pas moins différemment.
- Ma mère est au courant oui, j’ai préféré ne pas en parler à mon père. J’espère que ça ira. Je ne souhaite que le meilleur pour les uns et les autres.
Le discours était lambda, mais sincère.
Seule sa mère était une sorcière. S’il pouvait éloigner Yuki et son père de cette histoire et du monde magique, alors il le ferait. Cette dernière lui laissait le choix, mais il savait très bien qu’au fond d’elle, elle s’inquiétait pour son avenir.
Yūta avait choisi de ne pas retourner la question à la femme aux bracelets. Un peu plus au courant de sa situation familiale, il avait préféré ne pas l’inciter à parler des choses qui fâchent et qui peuvent blesser. Catalina a sans doute son avis sur la question, nul besoin de lui rajouter une couche d’interrogations sur les épaules. Peut-être même, était-elle dans une situation complexe, alors il valait mieux ne pas en parler. Du moins, pas maintenant.
- J’espère qu’on aura des nouvelles rapidement.
Le garçon jeta un long coup d’œil sur sa montre avec un air pensif. Il espérait de tout cœur que cette réforme ne passera pas et que tout le monde pourra continuer à se mélanger, à s’apprécier, et ce, peu importe l’histoire et le passé de chacun.
- Je vais devoir y aller. Il se fait tard et je dois encore réviser pour les examens qui vont bientôt arriver.
Il sortit de sa poche un billet qu’il posa sur la table, sous la tasse en porcelaine. Après quoi, il se tourna vers Catalina avec son habituel sourire angélique.
- J’espère te revoir bientôt. Merci pour cette conversation. Oh et je t’invite. Nul besoin de régler quoi que ce soit.
Sujet: Re: [Terminé][Mai 2022] ― Melancholy. [feat. Yūta] Mer 1 Juin 2022 - 16:38
Melancholy.
Les fumerolles sinueuses qui se dégageaient autrefois du breuvage qu'avait quémandé Catalina s'étaient faites rares, avant de finalement cesser. Se délecter d'un café que toute chaleur avait quitté était loin d'être une coutume pour elle.
Toujours est-il que ces arômes lui avaient toujours été capiteux : certes désappointée d'avoir désormais affaire à une boisson que le temps avait tiédie, elle n'était pas familière au gâchis, et consentait désormais à se contenter d'une tasse douceâtre et non plus revigorante. Elle mira en direction de la commande de son comparse et, en le voyant de temps à autres se délecter avec grande patience de son thé glacé, elle ne put s'empêcher de sourire légèrement. L'idée de le convier un jour pour discuter autour de tartinades d'arequipe, sa précieuse confiture de lait, lui effleura naturellement l'esprit. L'instinct lui souffla de prendre en considération la boisson qu'on lui avait précédemment servie : la Colombienne ne manquerait pas, à l'avenir, de lui en préparer une similaire lorsqu'ils se reverraient au campus.
Son tempérament naturellement dynamique l'incita à lever légèrement un poing lorsque Yūta apporta la réponse à sa précédente question. Comme dans une volonté bénigne de s'autocongratuler, ses mains se rencontrèrent dans un tapement dont la douce gaieté manqua presque de résonner sur la terrasse. Un "je le savais !" fut délibérément émis par ses lèvres souriantes. Une brève couleur ravie aurait pu brunir le ton qu'avaient ses joues si la période qu'elle traversait n'était pas si morose lorsqu'il flatta d'un gentil ton la sonorité de son nom. Prêter une oreille attentive à la prononciation du Strixyst lorsqu'il s'agissait de désigner son aînée soutirait à cette dernière un sentiment de petite béatitude tant elle savait qu'il était complexe à énoncer - voire à retenir pour certains, comme aurait pu en témoigner l'un des anciens préfets de la maison Ursirre à la chevelure de feu.
"C'est promis !", ajouta-t-elle simplement à son adorable requête, avant de deviner tout à coup que sa précédente interrogation l'avait sans doute rendu songeur. Incapable de mentir assez bien longtemps sur ses émotions les plus sincères, voilà qu'elle se mettait à troubler autrui en lui soumettant des questions quelque peu redondantes. Peut-être même avait-elle partagé à ce pauvre garçon un sentiment d'angoisse involontaire : après tout, elle n'était certainement pas la seule à avoir cette pesante situation à l'esprit depuis quelques temps.
Incapable de saisir une vision, aussi floue soit-elle, de l'avenir de l'école tant celui-ci était imprévisible, la jeune femme prit un instant pour se maudire de ne pas être douée des prouesses divinatoires pareilles à celles manifestées par son aïeule auparavant. Si certains considéraient les actualités magiques du Canada comme mignardes et destinées à s'apaiser au gré du temps, la née-moldue qu'elle était ne pouvait s'empêcher de pressentir un effet papillon dans les récents événements que traversaient leur époque. Et la pauvre ne pouvait librement s'exprimer sur les interrogatoires énigmatiques auxquels elle avait été conviée par le directeur lui-même.
L'une de ses mains s'érigea pensivement jusqu'aux contours de sa gorge lorsqu'elle se remémora, non sans un sentiment pénible, la fois où le proviseur lui avait suggéré de consommer le contenu d'une fiole dont elle ne connaissait pas les composants, et ce pour le bien de ses recherches personnelles.
"Ma mère est au courant oui, j’ai préféré ne pas en parler à mon père. J’espère que ça ira. Je ne souhaite que le meilleur pour les uns et les autres."
Il y avait dans ses propos une quiétude apparente. Il ne fut pas difficile pour sa nouvelle amie de deviner qu'il avait d'ores et déjà réfléchi à la question de ces recensements par ascendance magique : pour autant, Yūta ne l'interrogea pas sur sa propre perception des choses.
Loin de s'en vexer d'une quelconque façon, la Cervirald comprit là qu'il faisait montre d'un certain respect de sa personne. Après un moment à discuter et à échanger à propos de leurs souvenirs d'antan, le Strixyst avait manifesté à son égard de nombreux indices quant à la sérénité dont il pouvait faire preuve. Aussi crut-elle comprendre qu'il ne s'alarmait pas - ou plutôt désirait-il ne pas alarmer son interlocutrice, dont il connaissait désormais plus ou moins la généalogie sorcière.
S'il trouva son discours ordinaire, la gratitude éprouvée par la danseuse fut presque indicible : car sans ce geste discret de la part du jeune homme, sans doute aurait-elle succombé à la nervosité en ayant à vocaliser sa pensée quant aux récentes nouvelles, et sa magie, devenue instable depuis un temps, aurait probablement fait des siennes ...
Son regard se redressa et tâcha de se faire plus dévoué lorsqu'elle l'avisa porter son cadran à sa vue pour prendre connaissance de l'heure de la journée. Elle se contenta d'un sourire en l'entendant annoncer son futur départ, et hocha sensiblement la tête.
"C'est entendu ... oh, il n'y avait pas besoin de- ...", entama-t-elle sans achever son intervention en le voyant poser leur dû à même la surface de la table. Son rictus fut le témoin d'une gêne légère, mais reflétait sa reconnaissance.
Un souffle infime quitta ses narines, et elle reprit.
"Je te remercie, Yūta. C'est très gentil à toi."
Était-il gentil pour avoir accepté de se lancer dans une conversation avec elle sans réellement la connaître ? Pour avoir eu la patience d'écouter ses souvenirs et la confiance nécessaire pour partager les siens ? Ou bien pour avoir eu la délicatesse et la sympathie de ne pas lui renvoyer la question qu'elle lui avait elle-même posée ?
Peut-être les trois à la fois, se dit-elle.
À la vue de ce sourire à l'incroyable pureté, Catalina le gratifia d'un geste de main ô combien avenant, dans le concert carillonnant des bracelets qui ornaient ses poignets. Non sans lui dire avec une gaieté presque retrouvée qu'elle ne manquerait pas de lui revaloir tout ceci, l'amatrice de lectures lui souhaita une excellente fin de journée, et jeta un regard à l'étui finement travaillé qui séjournait inlassablement dans le sac qu'elle avait ramené de l'échoppe fabricante de baguettes.
Elle en saisit fermement les anses après avoir achevé le contenu de sa tasse à la surface désormais plus froide que le marbre. Son invitée ne mit pas longtemps avant de s'éloigner de l'endroit, le cœur encore lourd de toutes ces tergiversations qui alourdissaient ses épaules.
L'un des kiosques à journaux du centre-ville ne manqua pas de susciter son attention tant la foule se pressa à sa devanture. À la constatation qu'elle fit de l'agitation de la clientèle, des brouhahas des habituels cancaniers et de l'air décontenancé du vendeur de presse, l'instinct lui souffla qu'elle se devait de faire une halte auprès de l'abri. Son cœur tambourina à l'entente de chuchots dont elle reconnut des syllabes devenues chères à son cœur : le mot Ilukaan se répéta et se partagea entre ces amateurs de nouvelles, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
Dès lors que le regard du marchand dut croiser celui de sa nouvelle cliente, un air quelque peu complexe à discerner naquit dans ses yeux : elle crut y voir un désolement auquel se mêlait une frustration qu'il lui fut difficile de déchiffrer. Ses quelques mornilles récupérées, il se garda de lui demander si elle venait quérir l'une de ses éditions de Sorcière Hebdo : le silence inhabituel de la Cervirald confirma de lui-même qu'elle ne venait pas pour cela.
L'un des exemplaires de toute cette paperasse foisonnante aux clichés doués de mouvance atterrit dans ses paumes à la suite d'une légère lévitation. Le titre de Blesses & Hexes qui séjournait désormais entre ses mains la frappa de stupeur, et elle s'éloigna sans réellement s'en rendre compte de l'effervescence qui s'amassait aux environs de l'édicule.
Son pas se fit hâtif et, bientôt, voilà que la Colombienne se mettait à courir dans les ruelles vouées à la ramener le plus prestement possible à l'académie d'Ilukaan, dont le directeur venait d'être arrêté par les autorités.