j'ai jamais oublié
belphegor x lucifer
Ça fait quelques années maintenant que Belphegor aime les étoiles.
La première fois qu’il en a vu, il a trouvé ça beau, évidemment. Mais après, elles n’étaient plus grand-chose. Rien de plus que des loupiotes qui n’apparaissaient que la nuit tombée et sous lesquelles le monde entier marchait. Dans les grandes villes, on ne les voyait presque plus, à cause de la pollution environnante. Mais ces miasmes de la ville, elles étaient comme les étoiles : là, bien présentes, si bien qu’on en avait prit l’habitude et qu’on s’en foutait.
Belphegor pensait pareil, mais aujourd’hui, les étoiles étaient plus importantes que tous les phénomènes naturels et quotidiens devant lesquels on passait.
S’il ne traînait pas dans la maison des Ursirre ou sur un canapé du Dôme, il passait ses soirées dans l’observatoire, à profiter du calme régulier et de la solitude parfois salvatrice, tant on avait peu à faire dans cette pièce si l’on ne s’intéressait pas un minimum à l’astrologie. Les élèves qui n’avaient cure de la Grande Ourse ou Cassiopée n’allaient pas prendre leur café ici, encore moins lire la bibliothèque installée là quand on en avait une plus grande, plus générale, ailleurs dans cette école.
Bien sûr, Belphegor avait déjà croisé du monde dans les environs, mais il préférait occuper les lieux quand il n’y avait personne. Il voulait observer les étoiles quand il pouvait être en tête-à-tête avec elles, sans parasite pour hausser la voix et ainsi déranger leur conversation silencieuse.
Ces étoiles ne répondaient à personne, mais il avait l’impression de les entendre parler.
Les regarder comme des photos de vacances lui ramenait de nombreux souvenirs, ainsi il avait l’impression d’entretenir une relation inédite avec elles.
Allongé quelque part sur le parquet, l’Ursirre s’était plongé dans une obscurité presque totale ; seules les lumières faibles d’une lampe ou deux le détachaient du monde nocturne dans lequel ses iris étaient plongés. Des coussins l’entouraient, lui confectionnant un cocon amateur que Belphegor aimait reconstruire pour de diverses situations. Hormis celle de faire la sieste où bon lui semblait, il pouvait lire, écouter de la musique, se poser là et écouter les conversations d’autrui, ou juste se sentir protégé par un vieux souvenir de lui-même, à l’aise dans le manoir de Salem où il a connu là-bas ses vraies premières nuits agréables.
Il n’y avait pas un bruit. Juste lui et les constellations qu’il déchiffrait au fur et à mesure.
Puis là, un bruit se fit entendre près de la porte.
Belphegor ne se redressa pas, détestant par-dessus tout devoir interrompre trop brusquement ses rendez-vous nocturnes.
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