16h48 – Dôme
Deux jours auparavant, lorsque Sofia s’était adressée à un de ses professeurs, elle ne pensait pas vraiment qu’elle se retrouverait sous le Dôme à attendre ainsi. Écouteurs aux oreilles, assise sur l’un des nombreux canapés, Sofia semblait s’impatienter. C'était une chose aisée à remarquer chez elle ; sa jambe s’agitait de haut en bas en de saccadés saut de la jambe. Parfois, elle changeait de position, passant de bras croisés à poing sur la joue, de jambes croisées aux jambes simplement posées. Elle avait prit avec elle de quoi écrire ; son calepin rouge propre, aux feuilles jaunâtres possédant cette si particulière odeur de café, ainsi que son stylo à encre noir.

Mais voilà, qu’attendait elle exactement ? Qu’avait-elle demandé à son professeur l’autre jour ? Oh, quelque chose de simple.

« Monsieur, j’aimerais vraiment apprendre l’allemand vous savez. Mais avec les cours sur les réseaux c’est horrible ; comme suis-je sensé apprendre sans professeur ? »

« Oh, oui je comprend Sofia » Avait répondu le professeur « Peut-être pourrais-je trouver un moyen... »


Et ce moyen, aussi logique semblait-il, était de demander à un élève de lui apprendre. Au départ, Sofia avait semblé réticente ; Elle avait froncé les sourcils. Un ou une élève ? Alors qu’elle les évitait au mieux qu’elle pouvait ? Incroyable. Mais elle dû accepter. La seule chose qu’elle espérait était de tomber sur une fille ; éviter les garçons semblait être un très bon plan pour passer ses dernières années d’étudiante tranquille. Ce n’était non pas la peur de se faire embarquer dans des histoires farfelues qui lui faisait appréhender cela (parfois elle aurait préféré pouvoir participer à ces aventures farfelues) mais plutôt cette peur profonde du faux. La preuve ! Le seul garçon duquel elle s’était approché à l’école moldue était tombé sous le charme, et avait fini oubliétter. Incroyable comme première approche. Et à cette simple pensée, Sofia s’était à nouveau enfoncée dans le dossier du canapé. Elle raclait sa gorge, sourcils toujours froncés. Pitié, une fille, oui ! Les filles sont cruelles, certes, mais elles, au moins, parlent par de véritables mots. Et c’est ce dont elle a besoin. N’est-ce pas ?

« Excuse moi ? » Une petite voix la sortie de ses rêveries. Une jeune fille se trouvait là. Et d’un coup elle fut prise d’un sourire.
« Oui ? »
« Je voudrais juste passer... »
Ah. Oui, ses jambes bouchaient le passage. Alors elle retira ses jambes, les pliants à nouveau vers elle, avant de grogner, une fois que cette demoiselle fut loin. « Tu aurais pu faire le tour, sérieux. » Très bas, évidemment.

Elle laissa sa tête aller sur le côté, laissant tinter ses boucles d’oreilles contre sa peau ; Sofia commençait vraiment à s’impatienter. Celui ou celle qui serait son « professeur » d’allemand semblait avoir un petit problème avec les horaires fixés. Alors elle reposa son regard pistache sur son carnet et l’ouvrit, comme ayant en tête d’y écrire quelque chose. Mais à la place, elle tapota simplement la mine contre le papier, en quête d’inspiration qui ne vint pas.

Finalement, la personne qui était en retard de trois petites minutes fini par arriver.

"Sofia Yıldız?" Alors que le chat sphinx de la brune grimpa sur le canapé au même moment, quelqu'un l'interpella. Alors elle redressa son regard pistache, sourcils froncés, espérant à nouveau que ce ne soit pas un idiot qui lui demande de pousser ses jambes. D'ailleurs avant même que cet "idiot" ne prenne parole, elle s'exclama.
"Oh, c'est bon, si tu veux passer, fais le tour!" Mais cette personne ne dû pas l'entendre. Peut-être avait elle parlé trop bas? Ou bien était-ce le bruit de la chaise glissant devant elle qui masqua sa voix?

La personne face à elle qui venait de s'asseoir, bras croisés, était un jeune homme semblant être de sa maison qu'elle croyait bien avoir déjà vu ou entendu. Gilbert Beilschmidt, oui, cela lui disait bel et bien quelque chose. Et cette tête si spéciale, allongée, à la peau pâle et aux yeux rouge perçants... Oui, décidément, elle avait déjà dû le regarder. Sûrement durant l'une de ces heures creuses où elle s'asseyait et admirait la beauté des gens l'entourant.
Bon.
Peut-être n'était-il pas l'idiot qu'elle voyait parfois. Après tout s'il était capable d'enseigner... Attendez- serait-il juste capable d'enseigner? Sa main passa sur la petite caboche du chat, recroquevillé sur ses jambes.

"Enchantée." Furent les premiers mots qui sortirent d'entre ses lèvres rouge. "Oui, c'est bien ça. Sofia Yıldız. Mais je t'autorise à m'appeler Sofia. Enchanté Gilbert, il me semble t'avoir déjà vu traîner dans le coin-"

Cet air supérieur, des fois, elle aurait voulu le cacher sous le canapé. Ce qu'elle ne savait pas encore, c'était que la personne face à elle en était au même niveau de fierté et avait un aussi gros égo qu'elle, si ce n'était un plus gros. Enfin, elle le découvrirait sûrement rapidement. Elle ne put s'empêcher de faire une remarque.

"Tu es allemand donc? Ou bien tu as appris?" La première question venait casser l'un des stéréotypes qu'elle avait sur les allemands. Son grand père les avaient toujours décrit comme des armoires à glaces qui ne souriaient jamais, blond aux yeux bleu, avec des nez gros et long. Lançons donc la discussion. Et, bien que la remarque sur les jurons allemands qu'elle serait capable d'utiliser avant la fin de l'heure lui mit un sourire au coins des lèvres, Sofia n'en restait pas moins une porte de prison. Un mur. Un grand mur qui se protégeait de tout ce qui pouvait se lier de près ou de loin à de l'amitié.

Ah, ça c’était étonnant. Alors il était bel et bien allemand. Cela lui tire un rapide sourire, une simple ombre vive qui s'efface aussi vite qu’elle était apparue. Surtout lorsque le jeune homme se met à la fixer pour se rappeler qu’il l’avait déjà croisée ; pas étonnant. Elle glissa un rapide « De même... » bien qu’un peu perturbée. « Aller, ça va bien se passer » se rassura t-elle, dans ses pensées.

Sans un mot, elle prit ce que lui tendait Gilbert, alors qu’elle en avait emmené un. Mais elle ne dira rien. Peu importe. « Un peu des deux ? Non, je ne sais pas vraiment en fait... » Ah bah merde, elle n’y avait jamais vraiment réfléchit. Cela lui avait parut toujours plus évident d’apprendre le tout d’un coup. Quelle idiot. Elle lâche un soupir avant de se reprendre.

« J’ai entendu dire que l’allemand avait des déclinaisons ? Comme pour le latin non ? » Cela ne la réjouirait pas. Elle était une bille en déclinaison ; elle l’avait sût directement lorsque son grand-père eu essayé de lui faire apprendre les déclinaisons de grec ancien. Brr. Elle en frissonnerait presque.
Puis il lui propose les bases alors elle hoche la tête, prête à tenter d’apprendre. Les seules choses qu’elles savait dire pour l’instant n’étaient pas du tout incroyable. Des sous-titres de films qu’elle avait regardé exprès en sous-titré allemand, ou bien des paroles de chansons parfois un peu trash.
« Je t’écoute. »

Résumé; l'allemand était sûrement plus compliqué à apprendre que l'anglais. Et même le turc et le grec qu'elle avait apprit à la naissance semblaient moins durs à manier que cette langue européenne. Elle avait prit énormément de notes, appliquée, le regard souvent plissé sur ce qu'elle lisait, sur ce qu'écrivait Gilbert.
Mais en soit, ça avait été une bonne séance.

Au bout d'un moment, Gilbert sembla fatiguer, chose logique au bout d'un certains temps, surtout après les cours. Alors elle laissa aller son regard vers lui pour hocher la tête.
"Oui, en effet il vaudrait mieux, au vu de ton air fatiguée." Elle, n'était pas vraiment fatiguée. Habitude de travailler tard. "C'est... ton animal de compagnie?"

Demanda-elle en remarquant à nouveau la présence de Gilbird, une petite boule jaune. Elle s'amusa à penser que si Inci avait été là, il aurait tenté de le manger.

Gilbird, quel prénom étrange et surtout très ressemblant à son propriétaire- n'est ce pas? Pas si étonnant, en fin de compte. Son regard pistache se pose sur le "piou-piou" du nom de Gilbird. Il était adorable. Sofia n'avait cependant plus de doute sur l'égo du Lupy. "... Puis-je?" Demande t-elle, tendant son petit doigt vers Gilbird, très doucement, pour savoir si elle pouvait lui caresser la tête.
Puis, celui-ci enchaîna sur une question qui paraissait anodine. Mais à chaque fois, Sofia avait ce petit pincement au cœur, bien qu'elle s'y était habituée au fil des années. Elle savait bien qu'elle ne pourrait jamais atteindre le métier d'Au-
Oh.
Ses sourcils se haussent, et ses lèvres forment un petit O d'étonnement. Alors voilà, voilà enfin le jour venu.
"Tu veux être Auror?" Dit-elle, d'une voix presque tremblante d'admiration. Wow. Alors enfin elle parlait à un de ces élèves ambitieux qui avaient prit la place qu'elle s'était refusée. "Enfin, oui, ça parait évident. C'est incroyable. Mais pourquoi? Enfin je veux dire, tu as des ambitions? Si hautes? Enfin, rah! J'veux dire, tous les aspirants Auror ont une raison de vouloir le devenir. Souvent, c'est le besoin de marquer son prénom sur l'édifice de la vie. Ou bien, de régler des injustices, comme toute la haine qu'il peut y avoir envers les nés-moldu ou que sais-je encore! ... Alors?" Un Silence. Elle semblait véritablement passionnée. Tant, qu'elle en avait oublié de répondre à la question précédente. D'ailleurs son blabla la fit prendre des couleurs, gênée par sa facilitée à parler avec aise lorsqu'un sujet passionnant se posait sur la table. "Oh, et moi, je suis en Arts magiques." Elle aurait pu simplement dire "J'aimerais devenir styliste magique", ou rajouter un "rien de bien intéressant, en soit" mais cela sonnait à chaque fois faux. Son véritable rêve se trouvait peut-être juste devant elle; Un avenir ambitieux et fort. Quelque chose qui permettrait de survivre à la mort.

Quelque chose de vivant.

C'est avec une lenteur et une douceur qu'elle ne se soupçonnait pas qu'elle avança ses doigts sur la tête de l'oiseau. Pas qu'elle avait peur de lui- non. Elle avait plutôt peur de lui faire mal avec ses ongles, ou avec sa force de brute épaisse. Ainsi, le bout de ses doigts se mirent à caresser la petite tête de Gilbird.

Les secondes passèrent après sa phrase quelque peu trop "franche" à son gout. Et d'ailleurs, durant ces quelques secondes qui semblaient s'imposer dans la tête du Lupy face à elle, Sofia laissa reposer un peu plus son dos. Et lorsque les lèvres de Gilbert se remirent à bouger, elle croisa les bras, laissant Gilbird sans plus de caresses.
Disons qu'il avait ses raisons? Oui, en effet, tout le monde avait ses raisons. Et cela indiquait sûrement que le sujet était trop intime pour en parler à une presque-parfaite inconnue. Alors, elle se fit violence pour ne pas lâcher un de ces mots trop rudes, ou bien trop insistants.

C'est alors qu'elle le laissa bouger, alors qu'elle n'avait pas quitter son regard depuis quelques temps, comme pour chercher un sens, comme pour chercher à s'éclairer la lanterne qu'elle finirait par vouloir éteindre d'elle même. Et lorsque Gilbert sembla changer de discussion, du tout au tout, son regard roula vers le bas, quittant enfin le souhait de contact, pour simplement "admirer" ses propres genoux. Aah, l'Art. En voilà un sujet.

"Bien, disons que oui, l'Art est bien plus manuel que ce que tu dois faire, toi, en cours. C'est vrai qu'il y a plus de matière, peut-être plus de spécialités." Elle marque un temps de pause, lors duquel elle redresse le regard vers son interlocuteur. "Au départ, la première année, c'est marrant. On apprend à modeler, à créer son propre style si cela n'est pas déjà fais, à mélanger art et magie, à découvrir les gens plutôt ouverts de ce cursus. Mais lorsque les années passent, on ne devient plus que l'unes de ces nana qui on prit ce cursus à cause de leurs facilités artistiques, ou bien à cause de leur excentrisme cynique. En soit, bienvenue dans le monde de l'Art."

Ainsi elle ricane, bras toujours croisés sous sa poitrine. Elle sembla franche, non pas pessimiste. Dans tous les cas elle ne reviendrait pas sur le sujet semblant déstabiliser ou gêner le jeune homme. Peut-être avait elle une opportunité d'avoir un ami aujourd'hui. Et elle ne gâcherait pas tout, même si elle devait tourner cent fois sa langue dans sa bouche pour ne pas dire de bêtises.

"Dans le pire des cas, si tu veux grossir, tu as qu'à te remplir le vendre de cochonnerie, ça devrait marcher." Ricane t-elle, en le voyant faire sa pause- non pas ridicule, mais qui semblait correspondre à son caractère. Elle secoua doucement la tête, croisant à nouveau les bras. Un véritable clown, les rumeurs disaient vraies.

"Dans tous les cas, nous auront toujours tel ou tel stéréotype sur le coin de la tête. Ça sera toujours comme ça. Mon père m'a dit que chez les moldus c'était exactement la même chose. C'est pas étonnant. L'humain, sorcier ou non, a besoin de se foutre dans des cases. C'est ridicule, mais bon."

Son regard glisse vers son sac. Un certain chat venait de se ramener. Inci. C'était le signe qu'il était bientôt l'heure de retourner à la chambre pour- pour faire quoi?

"Aah, Inci. Il vient me chercher à l'heure à laquelle je remonte à ma chambre. C'est que j’ai des cours à apprendre et un journal à tenir moi." Se dit-elle, plus pour elle même, passant longuement sa main sur Inci qui sembla bien s’intéresser au petite oiseau sur l'épaule de Gilbert. D'ailleurs en moins de deux, il avait sauté sur les genoux de l'allemand, en quête d'obtenir le petit oiseau. Bon, en deux secondes il était dans les bras de Sofia qui savait très bien se qu'il souhaitait. "Et un chat à nourrir."
Dit-elle en soufflant, exaspérée. Doucement, elle se redressa, sur ses jambes, réunissant ses carnets, et posant son regard sur le "cours" qui avait été noté.

"Puis j'ai des cours d'allemand à réviser, maintenant." Dit elle en lançant un regard amusé au lupy. Avant de tout ranger, elle arracha un morceau de papier et y gribouilla quelque chose. "En tout cas, Gilbert, merci. Je pensais pas qu'un élève se proposerait." Elle lui tend le bout de papier. "C'est mon numéro. Pour le prochain cours, ou juste pour prendre des nouvelles, fais en ce que tu veux. Mais le jette pas, a ce qu'il parait ça porte malheur de mettre à la poubelle le numéro d'une jolie fille."

Une fois qu'il l'eu récupéré, Sofia passa son sac autour de son épaule. Elle retrouva presque instantanément son air de bad bitch exaspérée. Elle lève sa main, pour saluer une dernière fois, de dos, n'attendant aucun mot de plus pour sortir du dôme.