Physique
- Asmodeus est beau. C’est indéniable, qu’on aime les filles ou les garçons ou autre, qu’on aime les ronds ou les maigrichons, les blondes ou les brunes, Asmo transcende tous les canons de beauté et on est obligé d’admettre l’inéluctable : il est beau. Il dégage une confiance et un charisme ahurissants.
- Sa silhouette est élancée ; de taille normale du haut de son mètre soixante-quinze androgyne, il a une musculature sèche et fuselée assez typique des danseurs ou des gymnastes. Ses épaules ont juste assez de carrure pour suggérer sa virilité, sans pour autant lui donner l’air d’une armoire à glace lorsqu’il porte des robes à tendances plus féminines. C’est un demi twink, une sorte de caméléon du genre.
- C’est totalement le connard qui pourrait bouffer KFC jour et nuit sans prendre un gramme, pourtant à l’écouter, il est toujours en train de tester un nouveau régime.
- Il est imberbe ; les quelques poils qu’il pourrait avoir sont blonds et de toute manière savamment épilés à la cire. La légende raconte qu’il ne s’est jamais coupé en se rasant.
- Sa peau est assez pâle, aux sous-tons froids et rosés. Ses joues, son nez et ses oreilles sont les premières choses à rougir s’il est embarrassé ou qu’il fait froid – comme la plupart des êtres humains. Il a quelques grains de beauté çà et là, mais rien de remarquable à ce niveau. Parfois trois taches de rousseurs qui se battent en duel sous ses yeux et sur le bout de son nez en été.
- Ses mains sont longues, tout comme ses ongles, même naturellement. Ses veines sont en relief et très visibles sous la peau fine. Il porte le plus souvent du vernis appliqué avec soin, de même que des bagues ou des bracelets.
- Son visage est assez angulaire et fin, de prime abord androgyne. Son nez est légèrement en trompette, plutôt fin. Ses pommettes sont bien hautes et ses joues bien creuses, de quoi faire pâlir de jalousie les adeptes du contour. Ses lèvres sont pleines, hydratées, douces, en forme de cœur, et ne demandent qu’à être embrassées – c’est un adepte du smirk et il fait des ravages. Ses dents sont évidemment bien droites, bien blanches, bien alignées…
- Vraiment, il est énervant.
- Ses yeux sont grands, en amande, et d’une belle couleur noisette, ambrée au soleil. Ses cils sont très longs et blonds, ce qui lui donne un air assez doux en permanence (il préfère d’ailleurs le mascara marron au noir pour cette raison). Ses sourcils, légèrement arqués, donnent une fausse impression de naturel ; s’ils sont relativement fournis, surtout pour un blond, ils sont entretenus avec une obsession vaguement inquiétante.
- Ses cheveux sont blond foncé naturellement ; il fait parfois quelques folies en appliquant des reflets rose gold. Ils sont mi-longs et chatouillent sa nuque. Ils ondulent plus qu’ils ne bouclent, et il a toujours quelques mèches dans la figure malgré ses tentatives de les glisser derrière ses oreilles. Il passe un temps fou, là aussi, à en prendre soin.
- Niveau voix, elle est relativement haut perchée pour un homme – c’est surtout la faute de son apparent engouement permanent. Il a toujours une bonne raison d’être excité. Elle peut cependant descendre assez bas, surtout lorsqu’il est fatigué, triste, ou juste assez à l’aise pour tomber le masque.
- Il est toujours bien sapé, à la mode, ou même en avance sur la mode. Sauf quand il fait poser un soin et qu’il est en peignoir, mais même son peignoir est beau.
- Globalement, un éphèbe du XXIe siècle dont la symétrie des traits est absolument impressionnante – voire irréelle.

Caractère
La première chose qu’on remarque chez Asmodeus, c’est qu’il est narcissique et égocentrique. Il est le meilleur, le plus beau, surtout, et son ego est tellement énorme qu’il a probablement tout un système solaire qui gravite autour de lui – une bonne métaphore pour ses relations sociales. Il doit être au centre de l’attention en permanence, sinon c’est la catastrophe. C’est un extraverti total, il ne supporte pas la solitude, et peut apparaître exigeant et vaguement collant. Il est capricieux, mais a aussi des talents sociaux et de manipulation assez avancés pour heureusement obtenir ce qu’il veut.
Il apparaît assez amical ; il a toujours quelque chose à dire sur n’importe quelle situation, et est facile à approcher, même si vous ne le connaissez ni d’Eve ni d’Adam. Il est candide, de façon presque enfantine par moments, mais ne vous y trompez pas : Asmodeus est loin d’être un enfant innocent et pur.

Encore une fois, tout tourne autour de lui et dépend de son ressenti ; lorsqu’il est réellement attaché à quelqu’un ou qu’il le porte en haute estime, il sera toujours très agréable, n’hésitera pas à complimenter à tort et à travers la personne, même si elle est en tort. En revanche, si vous l’avez froissé pour X raison, il vous en tiendra rigueur atrocement longtemps et en plus fera usage de sa terrible langue de vipère. Il n’a aucun scrupule à être hypocrite et à parler dans le dos des gens, et il ne risque pas de mâcher ses mots ; bitcher est l’un de ses passe-temps favoris, après tout. Il juge, et même pas en silence.

C’est sans surprise un grand romantique, et il est très doué dans les arts de l’amour, charnel ou sentimental. Il aime plaire et se plaire et le savoir, il est extrêmement vain, mais pour lui, on n’a pas de seconde chance à une première impression, alors il doit toujours être au meilleur de lui-même. Il aime le concept de l’âme-soeur, mais n’y croit pas vraiment, au fond ; il croit surtout que l’amour doit être partagé, qu’il soit fraternel, romantique, platonique, filial ou autre.

Bien sûr, toute cette quête de reconnaissance et d’attention cache de grandes insécurités qu’Asmodeus lui-même a du mal à s’avouer. Très rarement, il est possible de voir qu’il s’inquiète sincèrement de l’image qu’il renvoie aux autres et de ce qu’ils pensent de lui – surtout ses frères. S’il rabaisse parfois les autres, c’est pour mieux se hisser lui. De même, il est rongé par la peur de la solitude, et s’il s’entoure d’autant de personnes, c’est dans l’espoir de résonner avec quelqu’un sincèrement un jour. Il est étonnamment très en contrôle de ses sentiments ; il refuse de s’attacher et est terrifié de l’engagement, parce qu’il s’est épris de l’image parfaite et invariable qu’il renvoie. Il essaie régulièrement de s’oublier dans la vanité et les amours légères ; fake it ‘til you make it.

Histoire

Asmodeus était un beau bébé.
Gracieux, rose, poupon, charnu mais pas bouffi, les yeux rieurs, les gencives souriantes, les mains et les pieds potelés, il pleurait très peu et souriait beaucoup.
Seulement voilà : la mère de Modeste, de son nom de baptême, avait quinze ans à sa naissance. Il est né du péché, hors mariage, d’une jeune fille qui clairement n’était pas prête à endosser ses responsabilités. Pour ne rien arranger, cette génitrice dont il ne connaît même pas le nom était une sorcière ; alors forcément, à Rezay, village très catholique d’à peine plus de deux cents habitants, on a fait le plus naturel avec l’enfant du démon : on l’a placé en orphelinat. Il a au moins eu la chance de finir en orphelinat sorcier, c’est bien le seul geste de bonté qu’aura eu sa famille biologique envers lui avant de disparaître.
Les sorciers se faisant discrets dans le patelin catholique, Modeste a toujours dû faire très attention à se faire le plus passe-partout possible, et c’est bien ce qu’il a fait, et ce jusqu’à l’arrivée explosive de Mary et Joseph Hellborn, ses futurs parents, l’année de ses quatre ans.

Il n’a aucun souvenir de la paperasse, des modalités de l’adoption, ni même de s’il a eu le temps de dire au revoir à qui que ce soit. De toute façon, Modeste était mort ; il était à présent Asmodeus Hellborn, cinquième de la fratrie, et Asmodeus est libre de toutes les manières qui faisaient défaut à Modeste.

Il s’est rapidement adapté à sa nouvelle vie ; être constamment en compagnie d’enfants de – plus ou moins – son âge lui a fait le plus grand bien. Il a appris l’anglais, a continué à pratiquer le français, s’est appliqué à devenir ce qu’il voulait. Il s’est révélé être vif, d’une répartie assez cinglante mais drôle, véritable amoureux de la vie et capable de voir de la beauté absolument partout, surtout lui-même. Pour la première fois, il avait le droit de s’aimer, mais aussi d’aimer les autres ; c’était un enfant assez collant pour ne pas mentir, son besoin d’attention constante s’est à peine tari avec le temps. Greffé à la jambe de sa mère ou bien à celle d’un de ses frères, de préférence Lucifer, il n’a plus jamais supporté la solitude ou l’abandon. C’était très honnêtement une petite peste : véritable pleureuse de métier, souvent à l’aide de larmes de crocodiles perfectionnées devant son reflet, il n’a jamais hésité à mentir ou à faire l’angelot pour se sortir de situations un peu délicates. A ce jour, Mary est toujours persuadée que c’est Mammon qui a cassé son précieux vase près de la fenêtre, mais c’est la parole d’Asmodeus contre celle de Mammon, et clairement, qui ne voudrait pas faire confiance à cette bouille d’ange parfaite ? Ce n’est pas comme si à ses sept ans, il savait déjà contrôler sa magie, et c’est tellement plus facile de remettre la faute sur les autres.
Hormis les petites crasses vaguement retorses çà et là, Asmodeus s’est profondément attaché à sa fratrie recomposée.

Pourtant, la maison bien remplie des Hellborn s’est vidée.

D’abord, avec les départs pour l’école des sorciers, Ilukaan ; il n’a jamais été très bon en géographie et encore moins niveau sens de l’orientation, mais le Canada, ce n’est pas forcément la porte à côté par rapport à leur maison de Salem, ça, il en était déjà certain à l’époque.

Et puis, il y a eu Lilith.

Pour être sincère, Asmodeus n’a pas tant de souvenirs d’elle que ça. Ou plutôt, il s’empêche d’y repenser. La plaie est encore béante dans son cœur si prompt à aimer.

Parfois, le soir, lorsqu’il a trop bu, que les murs ondulent sous Lexomil et que les néons s’obstinent à percer ses paupières, et que les basses de la boîte de nuit viennent remplacer les battements dans sa poitrine, elle lui reparaît. Cette petite chose perdue, ses grands yeux de biche, ses sourires réconfortants, une vraie petite princesse choyée parmi tous les braillards qu’ils sont.

Vraiment, Asmodeus a bien tourné malgré des débuts de vie assez bancals. Il a eu de la chance. Des parents aimants, patients, un peu perchés sur un autre plan d’existence au vu de leurs goûts en matière de prénoms, des frères énervants mais attachants, une plastique parfaite, des talents sociaux inouïs…

Mais il y a eu Lilith.

L’alcool dans ses veines le fait voir et penser flou. Il ne sait plus vraiment d’où elle vient, ni pourquoi il s’en souvient comme d’une si petite fleur délicate, alors qu’il voudrait oublier jusqu’à son existence-même. Elle vient ternir sa vie parfaite avec sa mort impie.

J’avais dix ans, murmure-t-il pour lui-même lorsque le barman lui sert une nouvelle rangée de shots.

Sa vie parfaite est partie en fumée avec elle ce jour-là. Il n’a rien vu, mais lorsqu’il croise le regard de Lucifer qui a décidé de l’accompagner ce soir pour une sortie, il n’a aucun mal à imaginer les scènes qui peuvent défiler dans l’obscurité de ses paupières. L’obscurité, voilà ce qui la rongeait ; un Obscurial. Ils l’ont tous aimée à en mourir, et pourtant, c’est elle qui est morte.

Il n’est pas certain d’avoir fait son deuil, ni certain qu’il le fera un jour. C’est injuste, aussi injuste que sa mort, de vouloir l’oublier, mais c’est le plus facile, et Asmodeus préfère la sérotonine facile à l’introspection dérangeante. Ca va plutôt bien avec son image parfaite, et le plus important, c’est ce qu’il renvoie. Elle est partie en fumée, qu’à cela ne tienne ; il s’est armé d’un écran de fumée pour tromper les autres sur qui il est, et surtout se tromper lui-même. Il se cherche, mais il n’est pas sûr de vouloir se trouver.

Il s’appelle Asmodeus Hellborn, huitième année, à Cervirald. C’est un briseur de cœur et de miroirs professionnel, il est doué en chant et en danse, il s’aime, tout le monde l’aime, et c’est tout ce qui compte, pas vrai ?

Il lève son verre et trinque avec Lucifer.

Il est heureux, pas vrai ?