Physique
L’une des premières choses que l’on remarque chez Lavinia, et de loin, c’est sa taille. En effet, depuis toute jeune, c’est elle la fille qui dépasse tout le monde d’une tête, que ce soit ses copines ou même les garçons de la classe. Cela ne l’a jamais vraiment complexé, sûrement parce que durant toute son enfance, cela lui permettait de passer pour plus âgé qu’elle ne l’était vraiment, et lui laissait le champ libre pour faire plus de choses qu’une jeune fille de son âge aurait dû. Les années passant, sa taille lui permit de commencer à regarder les gens de haut, pour son plus grand plaisir. À cette grandeur, s’ajoute une minceur, une maigreur même selon certains. Cependant pas d’anorexie chez elle ni de contrôle de poids excessif, Lavinia fait juste tout simplement partie de ce groupe de personnes fortes, agaçantes qui ne semblent pas prendre le moindre gramme peu importe ce qu’elles avalent. De ce fait Lavinia n’est pas une jeune femme avec beaucoup de formes, cependant sa poitrine et ses hanches se sont développés très tôt chez elle par rapport à ses camarades ce qui n'est pas passé inaperçu à l’époque (encore quelque chose qu’elle a apprécié sur le moment). Ce corps long et pâle est couvert des grains de beauté : quelques-uns sur le visage, beaucoup sur le dos, les bras et les épaules… Le moins, que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne les aime pas particulièrement.

La Strixyst possède des mèches brunes, mi-longues, qui tombent délicatement sur ses épaules la plupart du temps. Il s'agit de sa couleur naturelle, mais on l'a vu à plusieurs occasions arborer des cheveux blonds ou noirs ou même châtains, trahissant ses envies de changement passagères. Cependant pas de couleurs vives ou non-naturelles pour le moment, elle garde toujours une certaine sobriété au niveau de sa coiffure, trouvant que les couleurs extravagantes tombent un peu trop facilement dans le domaine du mauvais goût. La longueur de ses cheveux varie également, mais une fois encore, rien de trop extravagant non plus. Ces mèches encadrent un visage, ovale et relativement banal : son nez est fin, ses lèvres rosées, ni trop épaisses, ni trop fines. Ses yeux sont d’un gris-bleu assez passe-partout, mais ils ont la particularité d’être un peu trop sensible à la lumière. Ses yeux sont d’un gris-bleu assez passe-partout, mais ils ont la particularité d’être un peu trop sensible à la lumière. Mais ce qui donne à ce visage tout son caractère sont ses épais sourcils noirs qui sont en permanence légèrement froncés et qui lui donnent une expression de mécontentement permanent (ce qui n'est pas toujours pour lui déplaire, les gens hésitant à deux fois à venir l'importuner). Ce vague air sinistre est renforcé par la présence de cernes, plus ou moins marquées selon les jours, mais qui demeurent toujours présente, peu importe le nombre d'heures de sommeil qu'elle peut avoir. En général, elle ne porte que très peu de maquillage, ou alors quelque chose de très léger.

Lavinia, c’est cette fille qui se balade dans l’école comme si elle en était la propriétaire, sa démarche est assurée, confiante. C’est toi qui te pousses quand elle arrive et pas l’inverse et crois-moi, elle te poussera si jamais tu refuses de faire un pas de côté. Il faut dire qu’en plus de sa taille, la jeune femme dégage quelque chose, un magnétisme mélanger avec une bonne dose de menace et d’élégance et de charisme. Elle peut parfois sembler terrifiante. Toujours impeccable dans son uniforme Strixyst qu’elle déteste pourtant (ayant l’impression de “ressembler à une bonne sœur avec une jupe aussi longue” pour la citer), dès qu’elle en a l’occasion elle le tronque pour des vêtements plus à son goût. Toujours à la mode, toujours parfaitement accordés dans leurs tons et couleurs, elle n’hésite pas à porter ceux de sa création régulièrement. Cette passion pour la couture n’a pas été sans conséquence sur ses mains : fines, aux doigts longs et aux ongles parfaitement entretenus, elles arborent à certains endroits, notamment au pouce gauche, un peu de cornes, résultats d’années de maniement de l’aiguille.

Caractère

Lavinia apparaît aux yeux de tous comme quelqu’un de particulièrement dédaigneux, hautain même selon certains. Ils n’ont pas tout à fait tort, elle a pris cette habitude en grandissant et en fréquentant à cette période de sa vie les mauvaises personnes. Mais ce n’est pas totalement la faute des autres non plus, très jeune déjà elle présentait tous les traits distinctifs d’un futur caractère de cochon : un brin vaniteuse, se sentant très rapidement intouchable dès qu’elle se sentait dans une position de pouvoir, butée, colérique à ses heures perdues... Certains de ces traits-là se sont accentués avec le temps. La jeune femme prend un certain plaisir à prendre les gens de haut et s’en cache à peine. Mais ne vous laissez pas avoir par cette façade d’orgueil, c’est sa manière à elle de se détacher du monde, à un point où les critiques ne l’atteignent même plus. C’est une manière de se protéger, mais également d’assurer ses arrières. Il y a quelque chose d'égoïste derrière tout ça, de narcissique même, mais elle a arrêté d’en avoir quelque chose à faire depuis bien longtemps déjà. Ce comportement n’a pour but que de se protéger des autres, ne plus se laisser avoir, ne plus avoir à souffrir à cause d’eux. C’est une déclaration d’indépendance face aux autres, face aux jugements, aux rumeurs, elle se rend ainsi seule responsable de ce qu’il lui arrive.

Les rumeurs de 4ème année et tout ce qui a suivi après l’ont rendues quelque peu méfiante et osons le dire, aigrie. Petite, Lavinia bien que caractérielle, faisait de son mieux pour cacher cette part pas très agréable de sa personnalité. Aujourd’hui, c’est différent, elle n’hésite plus à afficher au grand jour cette part plus agressive et irritable d’elle-même. On peut même dire qu’elle ne se bride presque plus actuellement, ne tenant plus sa langue dès qu’une remarque d’un cynisme glacial lui traverse le crâne et cherchant la confrontation dès que quelque chose la dérange.

Faisant preuve d’un pragmatisme à toute épreuve, elle apparaît de temps en temps comme complètement blasé par son entourage quand ce dernier n’arrive pas à capter son intérêt. Lavinia préfère l’action et a un petit penchant pour le désordre, car après tout, un petit peu de chaos n’a jamais fait de mal à personne ! Aussi, il n’est pas rare de la voir essayer de créer des embrouilles entres des amis, des couples, semant le doute. C’est un peu cruel et pourtant assez amusant.

Mais autant aime-t-elle semer le chaos chez les autres, autant est-elle maniaque en ce qui concerne sa propre vie, son environnement, son apparence. Jamais vous ne la verrez mal coiffée, mal habillée ou s’affichant avec un maquillage mal appliqué. Tout est fait avec une précision immense et elle n’hésite pas à prendre le temps qu’il faut pour que tout soit parfait. En fait, il s’agit d’un des moteurs de sa confiance en elle : son apparence impeccable est comme une armure qu’elle a appris à porter en permanence.

S’il y a bien quelque chose qui n’est pas clair pour tout le monde cependant, c’est à quel point Lavinia est quelqu’un de fondamentalement sociable, elle aime le contact humain, la solitude la révulse et depuis toute petite elle fait de son mieux pour ne jamais se retrouver seule. Pour ce faire, elle s’entoure toujours de monde. Plus jeune, il s’agissait d’amis, une fois avec eux, elle se sentait presque comme le membre d’une meute ; aujourd’hui ses relations sont beaucoup moins profondes, elles ne sont que de passages, des connaissances brèves qu’elle ne côtoie généralement que l’espace d’une soirée, une semaine tout au plus quand le courant passe bien, et qui sont vîtes remplacées. Quand bien même, elle a besoin de ce contact avec les gens, que ce soit en positif comme en négatif. Elle préfère être haïe plutôt que mise de côté.

De manière plus confidentielle, Lavinia est une jeune femme très créative, imaginative, ce qui l’aide à vivre ses passions au maximum. Elle n’est jamais à cours d’idée dès qu’il s’agit de confectionner des vêtements par exemple, s’inspirant des grands-maîtres bien sûr mais utilisant aussi ses propres idées et envies pour les retranscrire dans le tissu. Chacune de ses créations est faite avec le plus grand soin, trahissant une fois encore son côté quelque peu maniaque.

Histoire

J'ai la vague impression que m'a vie n'a été jusqu'à présent qu'une succession de hauts et de bas. Des hauts très très hauts et des bas très très bas.

Prenons comme exemple et point de départ ma naissance, un bel événement ça, une naissance, une nouvelle âme, complètement pure, accueillie avec bonheur par sa famille. Je le compte comme un “haut”, mais un haut qui ne durera pas très longtemps car la famille heureuse en question.. Je ne l'ai pas vraiment connue, du moins pas tout de suite. Toronto, 1999, naissance sous X. Ma mère biologique ne voulait pas de moi. Le petit être que j'étais a dû être dévasté par ce rejet, aussi, je me permets de compter ces premiers jours de ma vie comme étant le premier “bas” jamais vécu. Je ne me souviens de rien, bien évidemment, je ne prétends pas en avoir un souvenir ou un ressentiment déchirant envers cette femme, car après tout cette situation n'avait pas duré bien longtemps. En effet, quelques jours plus tard, le gouvernement canadien me confiait à une famille. Et voilà un nouveau grand “haut”.

Gregory Lovelace et Magdalena Lisowski-Lovelace, récemment mariés, en attente d'un enfant depuis plus de huit ans. Le premier est un professeur de latin à l'université de Vancouver, toujours un peu ailleurs, à ruminer sur on ne sait quel auteur antique. La deuxième est une ancienne athlète de haut niveau reconvertie en journaliste sportive, pétillante, touche-à-tout. Ils ont en commun un goût prononcé pour les randonnées interminables, les soirées cinémas et le bricolage ainsi qu'un humour... Particulier dont je fis les frais tout au long de ma jeunesse. Je ne partage aucuns gènes avec ni l'un ni l'autre, mais je peux affirmer haut et fort que ce sont eux, mes parents.

À partir de ce moment-là, je pense que l’on peut dire que ma vie a été un “haut” pendant de longues années. Je n’ai jamais eu d’autre frère ou sœur. Trop compliqué. Mais, de ce dont je me rappelle, cela ne m’a jamais vraiment dérangé plus jeune puisque ma famille avait la chance d’habiter dans un de ces quartiers résidentiels peuplé de familles et donc, débordant de gens de mon âge. Dès qu’il eut fallu aller à l’école, je dirais même que j’étais encore plus heureuse. Rien à voir avec les cours, j’ai toujours été une élève moyenne, mais je rencontrais plein de monde, me faisais des amis. Ah, les amis. Je n’ai jamais eu de mal à m’en faire à cette époque, et je ne sais pas si c’était à cause de ma bonne tête ou de mon charisme naturel de gamine de 5 ans, mais la plupart du temps, c’était les gens qui venaient vers moi. La copine hippie de ma mère parle de magnétisme bien que je pencherais plus pour le fait qu’à l’époque, j’arborais la dernière paire de basket à la mode, les rose fuchsia estampillés d’une mascotte de dessin animé aux airs de lapin, faisant de moi au passage la personne la plus cool de la cour de récréation. Une icône de mode dès mon plus jeune âge comme vous pouvez le voir. Enfin, comme je le disais, c’était une bonne période de ma vie, mon enfance. À mes dix ans, j’étais entourée d’une petite bande de copines soudée, j’avais une meilleure amie, quelques garçons me tournaient autours pas trop sérieusement. La belle vie en somme.

Mais, puisqu’il y en a forcément un, il y avait depuis quelques temps un problème. Oh oui, je vous rassure, j’étais toujours heureuse, mais disons que lors de mes périodes de colères (et oui, ça arrivait, incroyable, je sais), les personnes visées par mon courroux semblaient comme … Malchanceuses. Victime du destin. Je me souviendrais toujours de cet après-midi ou, fumante de colère, j’avais vu les racines de l’un des arbres de la cour percer lentement à travers le bitume, juste à temps pour faire trébucher le garçon qui venait de me tirer des mains mon foulard. Il s’était écrasé, presque au ralenti sur le goudron et s’était rapidement mit à hurler. Tout ça pour un genou écorché. Sur le coup, je ne pensais pas être la cause de la poussée soudaine du vieil arbre. C’est bien après que j’ai fait le rapprochement, après plusieurs incidents dans le genre, toujours sous le coup de la colère. Une fois, j’ai fait tomber l’étagère supportant les tasses et les assiettes de la maison après une dispute futile avec ma mère : il y avait des bris de verres coupant partout. Mes parents ont simplement cru que le meuble avait juste lâchée, l’étagère était trop vieille, pas assez bien attachée, trop chargée... Je ne leur ai jamais dit la vérité et je compte bien emporter ce secret dans ma tombe, car majeure ou pas, je me ferais passer un savon s’ils venaient à l’apprendre un jour.

Malgré tous ces événements, mes parents n’ont jamais suspecté la moindre minute que je puisse être une sorcière. Il faut les comprendre, comment envisager cette option lorsque l’on est un moldu, totalement ignorant de ce monde parallèle qui grouille tout autour de la planète ? L’arrivée du jour au lendemain d’un employé du ministère leur annonçant ma nature magique a donc été une surprise pour tout le monde, et oui, même pour moi puisque jusqu’ici, je n’avais jamais vraiment réfléchi à la nature des événements paranormaux qui semblaient se produire autour de moi depuis des années. L’incompréhension à régnée dans ma famille pendant quelque temps, mes parents ont eu bien du mal à l’avaler cette pilule. Mes parents faisaient comme si de rien n’était, mais je voyais bien à l’époque qu’ils étaient perturbés par cette révélation.

Cela restait tolérable et c’est ainsi que j’ai commencé à préparer mes affaires pour ma rentrée magique à Ilukaan, avec l’aide d’un inspecteur du ministère spécialement entraîné pour m’apprendre tout ce que je devais savoir. Je me suis sentie seule, très seule à cette époque malgré tous les efforts de ma famille et de mon accompagnant. La perspective de partir de Vancouver, de quitter mes parents, mes amis, mon école me faisait peur, affreusement peur. Aussi, je pense que l’on peut dire qu’il s’agissait d’un autre « bas » dans ma vie, le premier depuis des années.

C’est donc à reculons que j’entrais à Ilukaan. Je passais une semaine à ruminer seule dans mon coin, perdue. Je voulais rentrer chez moi, retrouver le confort de ma maison.

Mais rester seule comme ça n’était pas dans ma nature. Aussi, je repris rapidement du poil de la bête en me faisant de nouvelles amies. Ce n’étaient pas celles de Vancouver, elles s’y connaissaient bien plus que moi en magie, mais... elles étaient géniales. Je suis restée avec elles pendant les premières années de ma scolarité. On partageait toutes un goût prononcé pour la mode, on voulait paraître plus âgés et… on agissait un peu en conséquence, imitant ce que l’on pensait être le comportement des filles de 6ème ou 7ème année.. On se voulait mature, on cherchait à attirer l’attention des garçons... C’était assez risible maintenant que j’y pense, mais on s’y croyait et surtout, les autres y croyaient aussi. On était vraiment le groupe de filles le plus cool de notre niveau et on l’est resté assez longtemps, mais… c’est à partir de la 3ème année que les choses ont commencées à changer, pour le meilleur comme pour le pire.

On s’était établi une certaine réputation, vous savez? J’étais en plein dans un autre de mes “hauts”. Nous n’avions plus besoin de nous présenter chez les plus jeunes, tout le monde nous connaissait. Mais désormais, les plus âgés semblaient commencer à s'intéresser à nous également. Je me souviendrais toujours du matin où un petit groupe de d’élèves d’un ou deux ans nos aînés sont venus s’installer avec nous pour le petit-déjeuner. C’était principalement des garçons, assez mignons, du moins ils nous paraissaient l’être à l’époque. Comprenez-nous, ils étaient plus vieux, plus matures, plus « hommes », que les vils gobelins prépubères qui nous servaient de camarades de classe. Et puis ils s'intéressaient à nous, semblaient vouloir nous intégrer à leur petit groupe, vous imaginez ? C’est ce dont on rêvait depuis un moment déjà ! C’était comme monter à un rang supérieur dans la hiérarchie de l’école, laissant derrière nous les gens de notre âge. Nous aurions peut-être dû nous poser quelques questions, mais l'excitation avait pris le dessus et c’est ainsi que nous plus ou moins rejoint ce petit groupe.

À partir de ce moment-là... J’ai commencé à changer, je crois. Non, j’en suis certaine. Et je pense que mon entourage peut témoigner… Même mes parents l’ont remarqué, je pense.

En fait, j’ai commencé à changer ma manière d’être pour plaire, encore plus que je ne le faisais avant avec les filles. Avant, je faisais déjà un peu « semblant » mais c’était toujours une part de moi qui s’exprimait. Mais dès que l’on a commencé à fréquenter ce groupe plus âgé, j’ai commencé à devenir mesquine. En effet, le groupe de garçons que nous avions rejoint se faisait un malin plaisir à martyriser un peu tous ceux qui avaient le malheur de croiser leur regard. Et j’avais envie de m’intégrer dans ce petit groupe, alors quand on se moquait de quelqu’un, je suivais. Peu à peu, j’ai commencé à me moquer plus facilement des gens, sans qu’aucun remords ne m’assaillent après coup, parce qu’après tout, je savais que ça allait faire rire mes amis. Et en les faisant rire, ils allaient se mettre à m’aimer, à m’estimer. J’en ai fait des conneries, des sales tours, des coups de putes : aujourd’hui je ne saurais même pas tous les citer. À l’époque ça ne me ressemblait pas mais au nom de l’intégration au groupe des gens populaire, j’ai tout fait… Et sans mentir, c’est grisant comme sensation, ça donne un pouvoir sur les gens, ils marchent tous sur des œufs en ta présence car ils ont peur de toi et en même temps ils t’admirent, ils sont envieux. Parce que moi et mes potes, on était ces filles qui traînaient avec des gars de 16 ans, on nous prenait au sérieux. Le pire dans tout ça quand j’y pense, c’est que nous étions pleinement conscientes que nous blessions les gens, oh mais bien sûr on aurait prétendu le contraire si on nous avait confronté. Pourtant, je pense que l’on ne mesurait pas totalement la portée de nos actes à l’époque.

Et puis c’est à ce moment-là qu’il a commencé à se rapprocher de moi.

Un des gars du groupe. Ce n'était même pas le plus beau, même pas mon préféré… Mais j’adorais l’attention qu’il me portait. Il savait y faire vous savez, il me complimentait souvent, disait que j’étais que j’étais belle, qu’il aimait mon corps, que j’étais drôle, intéressante. Pas comme les filles de mon niveau. Oh et tellement mature pour une 4ème année, même plus que les filles de son âge ! Je n’étais pas amoureuse, certainement pas. Flattée par contre… Mon ego adorait. J’avais l’impression d’être une femme, une vraie. C’est ce qui m’a poussé à accepter de sortir avec lui dans le courant de ma quatrième année même si ça ne plaisait pas à tout le monde. Je crois qu’à cette période mon comportement a encore empiré envers tous ceux qui me critiquaient. Mais à part ça, tout se passait bien. Enfin, jusqu’à ce qu’il commence à parler de devenir physique. J’ai rejeté l’idée pendant longtemps, car même si j'embrassais ce type et prétendais être folle amoureuse, une partie de moi le trouvait repoussant. Je ne voulais pas qu’il me touche plus qu’il ne le faisait déjà. Il a commencé à se faire plus pressant et j’ai eu comme un mouvement de recul par rapport à lui. Je ne l’aimais pas. Plus les jours passaient plus il me dégoûtait aussi, j’étais vraiment prête à le larguer, à passer à autre chose. Mais en même temps… J’avais envie de passer ce cap, de laisser la petite fille derrière moi et en plus, le faire avant toutes mes amies. Montrer qu’encore une fois, c’était moi qui faisais tout en premier, que c’était moi qui avais de l’avance sur tout le monde. J’y repense de temps en temps et c’est idiot, mais à l’époque, j’étais convaincue que c’était une manière de montrer aux autres que j’étais meilleure qu’eux.

Avec le temps, mes amies aussi ont commencées à se montrer plus pressantes avec leurs questions « alors ? Vous l’avez fait ? », Curiosité maladive, typique de l’âge que nous avions. Un jour, je ne sais pas pourquoi j’ai cédé à la pression. À leurs questions, j’ai répondu “oui”. Mensonge, énorme mensonge.
C’était juste pour qu’elles me laissent tranquilles sans perdre la face. Pour frimer aussi. Mais cela n’avait pas vraiment atténué leurs questions, aux contraires, ces dernières redoublèrent.

C’est à ce moment-là que j’ai pris ma décision. J’allais le faire avec mon copain. Le plus vite possible, car j’avais rapidement pris conscience que tout cela allait s'ébruiter rapidement et je ne voulais pas que cela tombe dans les oreilles de mon copain. Mes amies de l’époque n’avaient jamais été bonnes pour tenir leurs langues. Aujourd’hui encore, je ne sais pas si ce sont elles qui en ont parlées ou si simplement des oreilles indiscrètes traînaient dans le coin au moment où nous discutions, mais une chose est certaine : c’est à partir de ce moment là où tout a commencé à partir en couille.

Car c’est seulement quelques jours plus tard que des rumeurs commencèrent à se répandre dans toute l’école. Sur mes amies, sur des gens que je connaissais à peine et… sur moi. En fait, je crois que j’étais même l’une des premières victimes de tout ce bordel. Je n’étais même pas au courant au tout début. Je me souviens en classe, tous les élèves qui du jour au lendemain me regardaient comme si j’avais la peste, qui me suivaient du regard quand j’allais m'asseoir à ma place où me déplaçais dans les couloirs. Les murmures, les chuchotements, les rires à moitié étouffés. Le jugement. Ils n’attendaient que ça pour la plupart après tout, après toutes les merdes que je leur avais fait subir. Il était grand temps de remettre la petite connasse à sa place.

Finalement, quelqu’un a cru bon de me confronter sur les rumeurs qui tournaient à mon sujet. Devant tout le monde bien sûr, c’était plus drôle comme ça. Selon les bruits de couloirs donc, je couchais à droite à gauche, je ne me respectais pas. Il y avait des rumeurs pires encore, qui me rendent malade en y repensant aujourd’hui. Seul point à moitié positif, c’est à cause de ces rumeurs que mon copain m’avait largué à l’époque, selon lui, je “le trompais”. Il m’a jeté comme l’on se débarrasse d’un vieux chiffon usé. Au moins je n’avais plus à me forcer à faire quoique ce soit avec lui. Mais il n’est pas le seul à avoir tourné les talons à cette époque puisque même mes “amies” préférèrent se refaire une conscience en décidant de ne plus s’associer de près ou de loin avec moi. Certaines ont connues leurs propres scandales par la suite, mais je n’y avais pas vraiment prêté attention à l’époque, bien trop occupée à gérer mes propres merdes. Elles m’avaient laissées seules, c’était à elles de se démerder sans moi désormais.

La fin de 4ème année fut donc un enfer. C’était un nouveau « bas » de ma vie comme je n’en avais jamais vécu jusqu’à lors. Je suis rentrée chez moi pendant l'entièreté des grandes vacances cette année-là. Mes parents à l’époque n’ont pas compris ce qu’il se passait et comme une idiote, j’ai refusée de leur parler de quoique ce soit.

Début de 5ème année. Plus personne de mon côté. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à me sentir seule. Très seule. Les seules personnes m’approchant étant des puceaux désespérés tentant leur chance auprès de moi dans l’espoir que les rumeurs circulant sur mon compte soient vraies et qu’ils pourraient en profiter. Je les ai repoussés pendant longtemps. Mais… Je ne suis pas un être solitaire de nature. J’ai besoin de contact humain dans ma vie. Alors progressivement, j’ai commencé à accepter les invitations de ces mecs en chien. Au départ, je m'embêtais à sortir avec eux et puis avec le temps, j’ai laissé tomber, ne passant qu’un moment avec eux, leur donnant ce qu’ils voulaient avant de les laisser partir. Tout ça pour ne pas être seule, même quelques instants. Je les enchaînais, garçons comme filles, qui ne cherchaient qu’un coup d’un soir.

Et c‘est comme ça qu’au fil du temps, je suis devenue ce que les rumeurs m’accusaient d’être. Mais la tristesse des premiers temps s’est évanouie progressivement. Ma peau s’est durcie, on ne m'atteint plus aussi facilement aujourd’hui qu’à l’époque. Et puis en grandissant, j’ai appris à répondre aux critiques que l’on me fait. Le féminisme aide bien, je ne vous cache pas. C’est plus facile de coucher à droite à gauche en prétextant la reconquête de mon corps et des plaisirs associés qu’en avouant au monde entier que je ne le fait que pour chercher à combler ma solitude accablante (ne me jugez pas trop sévèrement là-dessus, vous feriez pareil à ma place.). Certains dans l’école ont aussi tout simplement mûrit, on ne m’embête plus autant qu’avant avec ces histoires.

Désormais, la plupart des gens me détestent uniquement parce que je suis une connasse.
Je remonte la pente, prudemment, mais je crois que ça fait tout de même des années que je stagne dans ce “bas” qui a commencé il y a un certain temps maintenant.

Tout ça a laissé des traces. Je suis plus violente qu’avant avec les autres, dans mes mots comme dans mes actions. Je ne pense plus qu’à moi, depuis des années maintenant, j’ai tendance à m’enfermer dans ma passion pour les vêtements, la couture et je ne laisse personne pénétrer dans ce monde qui m’appartient. Je veille tard, souvent, j’y passe beaucoup de temps au détriment de mes études. Cependant ça ne m’a pas empêché de passer dans le cursus universitaire de mon choix: les sciences occultes. Car quitte à passer pour une nana en marge de la société, autant le faire avec un diplôme.