Il n'avait pas envie d'y aller. Bien sûr, qui a envie d'aller voir un professeur dans son bureau quand il sait pertinemment que c'est pour se faire faire la morale, une fois de plus ? Une fois de plus, bien sûr. Ce n'était pas la première fois que Katsuki fucking Bakugou allait se coltiner un sermon de la part d'un de ses enseignants et ça ne serait pas la dernière fois, c'était d'une évidence. Cette fois, par contre, il l'avait un peu mérité. Bien sûr, il ne pensait pas être allé trop loin sur le coup et jamais il n'irait s'excuser aux autres morveux de leur avoir fait peur, mais voilà. Faire exploser la porte d'un enclos en cours de soins aux créatures magiques c'était bof bof.

Peut-être que les animaux ne l'aimaient pas pour une raison en fait. Jamais il ne se l'avouerait, par contre. Il- il continuerait à essayer de les attirer vers lui les sourcils froncés et un jour, y'en aurait bien un qui s'approcherait pour lui sentir la main. Il avait toute la théorie, ça ne pouvait pas être si compliqué en pratique.

Comme toujours ponctuel, il était devant le bureau de madame Vega cinq minutes en avance. Il se rendit cependant vite compte qu'elle n'était pas immédiatement prête à le recevoir et il s'adossa contre le mur, juste à côté du cadre de porte, et croisa des bras. Le Cervirald espérait vraiment que ça ne serait pas trop long, histoire qu'il puisse rapidement retourner à ses activités normales. Il avait déjà entendu le speech qu'on allait lui faire au moins 5000 fois, c'était désespéré d'en rajouter une couche à ce point dans sa scolarité.

Ça prit quelques minutes avant que la porte s'ouvre et que la professeur en sorte, l'invitant à rentrer dans son bureau. Finalement. Il mit ses mains dans ses poches et rentra, nonchalant. Ce n'était rien de nouveau, il ne craignait plus les disputes avec le corps enseignant depuis la moitié de sa première
année à Ilukaan. Appeler ses parents n'y faisait pas grand chose non plus.

« Hmm. »

Pas besoin de se poser trop de questions. Il s'assit sur la chaise en face du bureau et se fit immédiatement confortable, ne s'attardant pas trop sur les formalités. La politesse n'avait jamais été son point fort et ce n'était définitivement pas maintenant qu'il se montrait à son plus beau jour. Au contraire, pour être plus exact.

L'expression de la professeure n'était pas inconnue à Katsuki. Exaspération. Peut-être même un peu de désespoir, parce qu'elle ne savait pas quoi faire de lui. Rien de nouveau, en bref, rien qui change de l'habitude même. Il aurait bien eu envie de lui dire de commencer, insolent comme toujours, mais bon hein. Madame devait ouvrir ses dossiers avant de commencer à lui crier dessus. Comme si elle ne savait pas déjà exactement POURQUOI elle allait le faire.

Il fut presque surpris lorsqu'elle lui dit qu'elle n'allait pas recommencer le petit discours. Il était honnêtement bien d'accord, ça leur sauverait du temps à tous les deux. Là, elle attendait des explications c'est ça ? Pft. De toute façon, il savait que peu importe ses explications, les conséquences seraient les mêmes.

Au début, le blondinet se sentait aussi borné et détaché que d'habitude. Cependant, au fil des explications, en entendant les conséquences de ce qui s'était passé, Katsuki ne put pas s'empêcher de se sentir mal. Ça n'avait pas été son but. Il voulait devenir Auror, il devait sauver les gens, pas les blesser, quand même... Enfin. Le Cervirald ne le montra aucunement sur son visage, ses sourcils toujours aussi froncés que d'habitude. Il finirait très certainement avec des rides bien avant l'âge à force.

« Qu'est-ce que vous croyez, que j'essayais volontairement de buter ces gens ?! Le monde serait clairement mieux avec moins d'abrutis mais je suis pas un connard fini à ce point ! »

Qu'on l'accuse de vouloir vraiment les autres l'avait un peu secoué, pour être franc. Il voulait être un héros, pas un de ces connards qui font du mal ! Urgh... Tout ça parce qu'il ne savait pas contrôler sa colère. En parlant d'elle, elle commençait à se faire ressentir chez lui. La situation ne lui plaisait pas, ces mots ne lui plaisaient VRAIMENT pas.

« C'était un accident, c'est tout putain ! Y'a rien à comprendre. »

Il aurait dû faire plus attention. Il savait qu'il était quand même en tort. Cependant, quelque chose l'empêchait de simplement s'excuser et demander à passer à autre chose.

Urrrgh. Ses mots avaient apparemment fait hérisser les poils de la professeure. Katsuki la laissa parler. Ça en prenait plus que ça pour lui faire peur, mais il reconnaissait tout de même qu'il ne devait pas dépasser les limites. Si le Cervirald avait un truc, c'était qu'habituellement, il n'osait pas trop répondre aux adultes qui le réprimandaient. Là, il croyait n'avoir rien dit de particulièrement frustrant, alors il ne comprit pas trop la réaction, mais bon.

La menace à la fin de son discours fut suffisante pour qu'il ravale tous les autres mots qu'il aurait pu sortir. Si ses plaintes incessantes quant à son comportement et sa colère ne suffisaient pas, se faire sortir d'un cours pour environ toute l'année... Son esprit d'élève modèle refusait que cela se produise. À tout prix.

Cela l'énervait. Se faire faire la morale n'avait jamais été sa chose préférée, mais, à ce point, avait-il réellement le choix ? Réponse simple : non, pas vraiment. Le cours de soins aux créatures magiques, il l'avait choisi difficilement, alors il comptait bien le réussir. Ce n'était pas son genre d'échouer des choses qu'il entreprenait, encore moins celles qu'il entreprenait de son plein gré.

Il déglutit. Pour le moment, le blondinet aux tendances explosives n'avait qu'une option, c'est ça ? Ouais, c'est ça. Une option pour se sortir de ce sermon sans séquelles. Ravaler sa colère et ses envies de protester, car, déjà, elles étaient futiles. L'erreur avait été sienne, mea culpa, voilà bordel de merde. Accepter d'avoir merdé. Même si ça avait vraiment été un accident. Mentir là-dessus n'était pas le genre de Katsuki.

« ... Compris. »

Ses yeux se tournèrent - bien sûr, il ne baisserait pas de la tête. Avec un tempérament aussi fier, impossible de montrer une telle faiblesse. Cependant, sa place dans ce cours était trop importante pour qu'il passe deux heures à se disputer avec son enseignante. Oh non non, pas aujourd'hui qu'il risquerait une punition permanente. Ça ferait une mauvaise marque sur son bulletin en plus, et s'il voulait être admis dans le cursus des Aurors à l'université... Urgh. Il ne pourrait pas se permettre un truc comme ça, non.

Ça suffit pour convaincre mademoiselle Vega de se calmer, heureusement. Katsuki n'avait pas envie de partir sur un combat verbal avec sa professeure, pas quand ça avait des chances de le ruiner un peu plus tard dans sa vie. Si elle avait continué, il aurait été incapable de se retenir, il se serait défendu, il aurait sûrement crié un peu, aussi. Donc, bonne chance que ça soit fini, pour ne pas alourdir sa sanction.

Les points retirés à Cervirald étaient devenus presque habituels. Il ne fut pas surpris. Aucunement surpris. La corvée de nettoyage ne fut pas non plus une grosse surprise. Pendant une seconde, le blondinet aux tendances légèrement explosives se plaint presque, soupira presque, protesta presque, mais il se ravisa au dernier moment. Ça serait vraiment, vraiment mauvais pour lui de jouer au malin dans sa situation. Non. Valait mieux la fermer et accepter, même si ça faisait mal.

L'exclusion temporaire des cours fut la pire partie. Il n'avait pas grand monde à qui demander les notes, urgh. Il devrait faire avec. Peut-être que quelqu'un qui suivait ce cours avait une dette envers lui- enfin, urgh, ça c'était si les gens venaient vers lui pour avoir un petit coup de main. Chose qui n'arrivait pas, parce qu'il était menaçant et qu'il montrait les dents au premier signe d'un salut.

« Ouais, ok, j'y serai. »

Il attend une seconde. Est-ce qu'il demande si c'est tout, ou il attend qu'elle le laisse partir ? ... Il attend qu'elle le laisse partir. Juste pour cette fois. Juste pour cette fois...

Pour son futur. Pour son examen dans quelques semaines. Pour son dossier, déjà assez noirci comme ça.

Non. Pour se retenir, il s'enfonce légèrement plus dans sa chaise. Son envie de partir s'intensifie à chaque seconde qui passe, par contre, et un sentiment très semblable à un petit peu de nervosité prend place dans son estomac.