Quand Yennefer était passée pour déposer Ciri, cela faisait déjà trois ou quatre jours que Feliciano ne faisait qu'en parler, a ses parents tout du moins. Il évitait de trop en parler à Lovino, sachant a quel point ça l'agaçait, à la place il lui demandait de lui lire des histoires, il jouait un peu de guitare à côté, bref il passait du temps avec son frère sachant très bien qu'avec sa jumelle débarquant il y aurait quelques explosions, il préférait rentabiliser le moment d'avant arrivée de sa jumelle malicieuse. Et il avait bien fait, il le savait, cela faisait presque depuis ses huit ans que ça fonctionnait, en partie. Le cadet gérait assez bien les crises de jalousie de son aîné, et ne les prenait plus mal à force, son père lui ayant expliquer que c'était juste parce que Lovino tenait à lui et ne supportait pas qu'on le vole à lui. Au début il répliquait qu'on lui volait aussi frère, en la personne de Sara et que pourtant il ne disait rien. Et on lui avait expliqué la différence des deux cas. Feliciano avait mis un moment avant de comprendre et d'accepter tout ça. Mais maintenant tout allait bien, enfin il essayait parce que ce n'était pas facile tout les jours non plus. Cependant il ne tenait plus rigueurs à Lovino par rapport à ses crises de jalousie.

Il ne fallait pas croire, Feliciano aimait son frère aîné de tout son cœur. Plus que tout au monde même. Et passer du temps avec lui ne le dérangeait en aucun cas. L'écouter lui lire des histoires, parler de ses problèmes, tenter de l'aider avec son léger - peut-être qu'il n'était pas objectif mais à force il ne les entendait plus les insultes donc pour lui c'était léger - syndrome de Gilles de la Tourette, jouer de la guitare, s'amuser, même réviser ses cours avec Lovino ne l'ennuyait pas ! Alors qu'il détestait foncièrement cela. Comme quoi son frère rendait tout ce qu'il pouvait détester bien mieux et même amusant ! Bon d'accord, il se faisait gronder quand il avait mal appris son sort ou pas essayé tout seul avant de demander de l'aide mais ça il passait outre pour juste prendre le côté positif de l'aide de son frère.

De ce fait, l'arrivée de Ciri avait bien irrité Lovino et il avait fallut qu'il le calme comme il avait pu. A peine treize ans et déjà il jouait le diplomate. Un jour il perdrait la tête et n'en pourrait plus. Mais ce jour n'était pas prêt d'arriver. Tout ce qu'il pouvait espérer c'était que son grand frère et sa jumelle puisse au moins rester dans la même pièce sans s'insulter. C'était son objectif premier. Mais pour cela il devait y aller en douceur et amadouer les deux. Du moins c'est ce que sa mère - diplomate de profession - lui avait dit. Gemma avait de très bon conseil pour son fils cadet et ses problèmes relationnels avec deux personnes chères à son cœur. L'italien l'écoutait donc religieusement.

Mais aujourd'hui ne se prêtait pas à tout cela ! Non, non, non. Aujourd'hui il allait s'aventurer en forêt avec Ciri pour pister des animaux, comme ils avaient l'habitude de faire chaque fois qu'elle venait en Italie ou même quand il allait en Pologne chez eux. Mais le manoir des Vargas était limitrophe a une forêt, ce qui les aidait relativement beaucoup. A force ils commençaient à la connaître cette forêt, mais pas en détail et l'italien avait toujours ud mal a déchiffrer la carte qu'ils avaient fait - il était pratiquement sûr qu'elle était fausse sur certain point mais comme il passait son temps à se perdre dans la forêt, il n'était pas certain que seule la carte soit un problème. Dans sa chambre, les deux pré-adolescents, étaient en train de faire la liste de tout ce qu'ils devaient emporter et avaient dans leur sac. Feliciano lisait - déchiffrait, ça l'entraînait - leur liste pendant que Cirilla vérifiait le tout. Une fois tout mis dans le sac, fin prêts, ils pouvaient prendre leur route. Ce qui était sans compter sur Gemma Martelli-Vargas qui, bien qu'elle leur faisait une totale confiance sur tout cela, les arrêta très vite et vint leur donner un talkie-walkie chacun au cas où ils se retrouveraient séparé. Ils avaient également un triplet qu'elle tenait dans sa main. Ce dernier était là pour un cas grave. Elle avait confiance mais ça ne voulait pas dire qu'elle ne s'inquiétait pas, Gemma n'était pas une mère inconsciente mais prévoyante. Le remerciement passé, les derniers conseils et recommandations faites, un dernier bisou pour chacun et elle les laissa filer, Feliciano lui faisant un signe de la main avec un sourire. L'excitation de l'italien était palpable et faisait écho avec celui de sa jumelle.

Que la traque commence !

La traque n’était pas faite pour les impatients. Pourtant Feliciano n’avait jamais possédé une quelconque patience, ayant toujours besoin de bouger, de parler et de faire. Toutefois quand il s’agissait de cela il parvenait à se calmer, a écouter et observer. Ce qu’il faisait d’ailleurs le mieux, trouver et repérer les choses. Quelque chose de foncièrement gênant pour les autres parce qu’il ne manquait jamais quelque chose de différent. Il ne lisai t peut-être pas l’atmosphère, était naïf mais un changement n’échappait pas à son côté observateur. C’est pour cela qu’il ne put rater les traces devant leur nez. Il se tourna vers la blonde, prêt à l’appeler alors qu’elle en faisait de même, sans qu’ils ne s’en rendent compte immédiatement.

- CIRI !

Un rire lui échappa, laissant sa jumelle malicieuse continuer de crier son surnom. Leur discrétion avait probablement fait fuir tous les animaux de la forêt mais ce n’était pas bien grave, ils avaient une piste. Feliciano suivait Cirilla sans un mot, se demandant ce qu’ils allaient trouver au bout. Peut-être un lapin sauvage, ou un lièvre. Lui n’était pas encore totalement familiarisé avec les empruntes, contrairement à son amie. Pourtant elle n’avait rien dit, elle ne le savait peut-être pas mais il ne lui en tiendrait pas rigueur du tout. Il continuait d’observer les alentours, à la recherche d’indice ou d’une autre piste a explorer plus tard (il a clairement le temps d’attention d’un papillon, un bien mauvais traqueur) quand son regard fut attiré par quelque chose.
Laissant sa jumelle continuer il s’approche pour ramasser la chose qui se trouvait sous un tas de feuille dont il débarrasse grossièrement le dessus. Une grimace déforme quelque peu son visage à la découverte de l’objet. Un livre. Il n’avait pas particulièrement de haine envers les bouquins, seulement ils lui rappelaient juste ce qu’il avait subit en primaire face à cette professeure, ce que cela avait engendré et toutes les moqueries.

- Ciri regarde ce que j’ai trouvé ! La héla-t-il.

Sagement il attend qu’elle rebrousse chemin vers lui pour lui tendre le cahier, préférant le lui confier sans un mot, espérant qu’elle lui dirait de quoi il s’agit. Feliciano ne préférait pas l’ouvrir et regarder.

- Peut-être que quelqu’un l’a perdu ici, il supposait sans rien avancer réellement.

Quand Ciri pose son regard vers lui, il sait reconnaître cette lueur qu’il peut voir, cela sent une aventure extraordinaire ! Les propos lâchés en suivant ne sont qu’une confirmation de ce qu’il pensait. Il se penche alors pour regarder le contenu, toutefois les lettres se mélangèrent immédiatement sous ses yeux, devenant une soupe infâme qui ne lui donnait pas envie du tout. Il était peut-être temps de reprendre ses exercices de lecture, ce ne pourrait pas nécessairement lui faire du mal. Pourtant il ressentait l’envie d’essayer de décoder avec Ciri, de ne pas la laisser tout faire. Il aimait bien les énigmes, quand elle ne contenait pas que des mots...

- On peut le faire ce soir après manger !

Cela inquiéterait forcément ses parents de les voir s’enfermer dans sa chambre dans le calme le plus complet, se demandant forcément ce qu’ils mijotaient encore comme bêtise. Sûrement qu’ils enverraient Nonno Marcius pour attester de leur état calme et de ce qu’il ne préparait pas. Le fantôme était bien souvent de leur côté, les aidant et indiquant comment s’y prendre pour échapper aux adultes. Un ectoplasme farceur qui n’avait pas grand chose à faire dans sa mort si ce n’est s’occuper de ses petits-enfants. Alors qu’il y réfléchissait, sa jumelle s’occupait d’inscrire leur découverte dans leur carnet d’exploration. Il ne s’en occupait pas beaucoup, des fois seulement quand il s’en sentait capable.

Quand Ciri lui prend la main, il la suit sans un mot, écoutant ses élucubrations sur le contenu du livre codé. Lui en venait à ses demander qui était le propriétaire. Il chercherait sûrement son livre partout si ce n’était pas un vieux pirate ou sorcier qui l’avait posé là pour être découvert par des aventuriers comme eux. Il espérait que c’était cela, sinon il ne voyait pas grand intérêt à décoder le bouquin.

La suite de l’après midi ressembla fortement à toutes celles qu’ils avaient vécu jusque là : rien de bien fructueux ne s’était passé en terme de traque. En revanche ils avaient pu tous deux apercevoir une biche au loin, un moment assez magique pour les deux prépubères. Feliciano avait agrippé le bras de sa jumelle une fois l’animal parti, soufflant son étonnement quant à la connexion entre la jeune fille et le cervidé. Ils en avaient parlé une bonne vingtaine de minute après coup, ce serait noté dans leur journal d’observation et relaté à leurs parents respectifs avec une excitation qui leur été propre.

Le moment de calme fut le bienvenue dans leur escapade, un peu incongrue pour les deux hyperactifs cependant. Le cadre donnait une impression d’une peinture impressionniste, les deux enfants au pied d’un arbre, la végétation florissante autour d’eux, le calme ambiant, la lumière les entourant, d’un point de vue lointain.Plutôt inaccoutumé pour Cirilla et Feliciano, particulièrement en pleine traque animale. Toutefois le calme ne resta pas bien longtemps, les connaissant cela n’était pas bien étonnant.

En goûtant ils eurent le loisir de découvrir un chaton sauvage. Il leur fallut s’armer de patience pour pouvoir l’approcher, tendant leur main avec un bout de leur nourriture, ce qui semblait ravir le petit être nouvellement découvert. Une fois entre leurs bras (plutôt ceux de Cirilla, tandis que Feliciano le caressait pour le calmer), la recherche des parents se fit. Infructueuse seulement, aucune trace d’un parent ou même d’autres chatons aux alentours. Peut-être que la mère les avait déplacé mais vu la taille du petit ils étaient assez grand pour suivre. Dans la tête de Feliciano il ne voyait que deux solutions : soit il avait été abandonné, peut-être par des humains ou par sa famille, soit il était perdu. Quand sa jumelle lui annonça qu’il devait prendre la décision, il réfléchit encore longtemps. Sa réponse se fit attendre mais fut toute réfléchie : ils allaient le ramener avec eux et le lendemain ils repartiraient dans la forêt chercher sa famille, avec des adultes pour les aider. Une deuxième visite ne pouvait pas faire de mal.

Sur le chemin du retour ils évoquèrent encore une fois la rencontre avec la biche, ce qui était tout de même bien plus impressionnant qu’un carnet sous un tas de feuille (du moins dans l’esprit de l’Italien). Ce fut ce qu’ils racontèrent aux parents Italiens qui les attendait, le repas tout prêt. Feliciano leur expliqua l’histoire du chaton, il fut accepté comme ils avaient déjà accepté Pluton quelques années auparavant, le recherche commencerait le lendemain en milieu d’après midi pour éviter la canicule. Gemma les envoya se débarbouiller avant le repas, par maniaquerie, et les menaça d’une spatule qu’il n’y avait pas intérêt à ce qu’elle trouve leurs affaires éparpillées dans la maison. Avec sagesse Feliciano proposa de les laisser traîner dans sa chambre, son œuvre qui aurait été appelé « Bazar enfantin » s’il s’était agi d’une peinture. Propre, ils descendirent, le repas et les anecdotes pouvaient alors commencer ! Tout cela avec le chaton découvrant la maison, sous la surveillance des fantômes du manoir.

Le soir Feliciano posa sa tête contre son coussin, le sourire au lèvre de sa journée, oubliant totalement le carnet, et ce pour quelques mois à venir, sans même s’en soucier, ni se doutait que ça concernait une personne dont il était le plus proche au monde.