Physique
(Liste ou description rédigée sont acceptées !)

C’est dur de deviner son âge, à Hunk. Ou en tout cas, il est compliqué de trouver de suite que ce grand gaillard n’est en réalité qu’un petit jeunot de dix-sept ans.
Faut dire que, déjà, il est grand. Ouais, ça se remarque vous allez me dire, mais il faut quand même le préciser au cas où. En fait on peut même dire qu’il est sacrément grand pour son âge, sachant qu’il dépasse sans problème la plupart de ses camarades nés la même année, voire, parfois, les plus âgés que lui, et sûrement quelques uns de ses professeurs. Certains auraient pu s’en vanter ou en être honteux, mais Hunk il s’en fiche. De toute façon Hunk il s’en fiche de tout, il n’est pas du tout difficile concernant son physique et celui des autres. Du coup, c’est pas parce qu’il est grand et que certains doivent lever la tête pour lui parler qu’il se moquera d’eux, bien au contraire. Tout ce qui est petit est mignon et il le pense réellement.

Si on devait décrire son physique très brièvement, on aurait tendance à de suite dire que Hunk est “assez corpulent”. Et au fond, ce n’est pas faux. En fait beaucoup le définiraient même comme “grassouillet” et diraient que son poids plutôt conséquent est en très grande partie dû à son affection pour la nourriture – ils n’auraient pas particulièrement tort sur ce point non plus, soit. Mais comme dit au-dessus, Hunk se fiche de son physique, et encore plus de son poids. Il se sent bien comme ça. Il ne voit pas pourquoi il devrait changer. Sauf quand il doit courir très longtemps mais ça c’est un autre problème, sûrement.
Enfin tout de même, si je peux vous donner un conseil, on dit toujours que l’habit ne fait pas le moine. Derrière cette apparence se cache en réalité une masse impressionnante de muscle qui ferait rougir le plus grand addict de la salle de sport. Parce que ouais ma bonne dame, si il le fallait, avec la force plutôt impressionnante qu’il a, Hunk pourrait porter un peu tout et n’importe quoi sans problème et cogner en faisant très mal.
Mais pour tout avouer, ces épaules larges et ces biceps en béton lui servent plus à faire des câlins qu’à frapper qui que ce soit, alors n’ayez crainte. Il relève plus du nounours que du bagarreur.

Pour ce qui est de la tête, Hunk n’a rien qui puisse être considéré comme intriguant ou même exceptionnel, si ce n’est qu’il est souvent très expressif et que la moindre émotion qu’il ressent peut être lue sur les traits de son visage et peut même devenir contagieuse parfois. Surtout quand il sourit, car Hunk a souvent un grand sourire amicale et joyeux sur les lèvres qui ne passe pas forcément inaperçu. Hunk souriant, c’est un peu le petit rayon de soleil d’Ilukaan. Hunk est un petit soleil, oui oui.
Enfin, bon. Sinon, pour faire un peu plus dans les détails, Hunk possède un nez large retroussé, et de petits yeux marron – pas spécialement incroyable comme couleur, faut se le dire. Ses cheveux sont d’un brun très foncé tirant pas mal sur le noir, courts bien que les mèches devant sont plus longues et tomberaient sans problème dans ses yeux si il n’avait pas ce bandeau orange porté à longueur de journée – pour dormir aussi, parfois, même si personne ne comprend pourquoi il porte ce foutu bandeau, parce qu’il aurait très bien pu mettre autre chose qu’un bandeau pour ses cheveux… bref.

Sans surprise quant à ses origines du côté de sa mère, Hunk a la peau basanée du printemps jusqu’en hiver, ce teint foncé des gens vivant dans les régions tropicales – bien que ce ne fut pas spécialement son cas à proprement parler.
Pour ce qui est du style vestimentaire, il s’habille toujours très simplement, sans artifice ou chose abracadabrante car il préfère largement être à l’aise qu’être à la mode – d’façon il ne s’y connaît pas en mode ce bon Hunk, il préfère les choses plus concrètes comme la mécanique m’voyez.
Il porte aussi un collier fait d’un cordon noir qu’il n’enlève jamais, mais qu’il garde dissimulé sous son haut sans qu’on ne sache trop pourquoi.

Caractère

Y’en a pas deux comme Hunk. Et c’est super dommage vous allez me dire, parce que, damn, le monde irait bien mieux si tout le monde était comme Hunk.
Parce que Hunk, c’est le genre de garçons avec qui on devient automatiquement ami. Ou en tout cas on doit forcément l’apprécier un minimum, ou alors faut le faire exprès. Ou peut-être que le mythe est vrai, et qu’il existe vraiment des gens qui n’aiment pas Hunk sur cette planète.

Il n’est pas forcément sociable, ou celui à faire le premier pas avec les autres. Disons qu’il ne force pas trop les rencontres avec les gens, en général. Il laisse le destin faire et puis le feeling vient tout seul.
Quelqu’un va s’asseoir à côté de lui au self et il va commencer à lui parler de la cuisson de la viande qui est vraiment mal faite, et qui aurait plutôt dû être saignante dans ce cas-là. Quelqu’un va se mettre à jouer sur la borne d’arcade à un mètre de lui et il va discuter avec lui des derniers jeux vidéo dont la sortie est proche et qui le rendent super excité. C’est naturel et tout à fait banal avec lui, rien de forcé. Et ça peut paraître bizarre, qu’un type vienne vous parler comme ça, alors que vous n’avez rien demandé, mais généralement les gens se prennent au jeu, et puis voilà comment Hunk élargit son cercle d’amis.
Ceci dit, il peut très bien faire les rencontres de base aussi, en mode il salue d’un petit signe de la main, sourit gentiment et lance un : “Hey je m’appelle Hunk, enchanté !” qui marche plutôt bien, généralement.
De toute façon, qu’importe le moyen qu’il emploie pour faire ami-ami avec les autres, Hunk y arrive sans problème. Il a un tact naturel avec les gens qui en impressionne plus d’un. Il est chaleureux, sympathique, et puis il met n’importe qui en confiance, et rend n’importe qui à l’aise sans le moindre effort. Un jeu d’enfant pour lui.

Et puis, pareil : Hunk, il est hyper diplomate sans s’en rendre compte. Déjà, il est rare qu’il prenne partie, ou faut vraiment que ce soit extrême comme camp – genre les méchants contre les gentils, vous voyez le truc. Il règle les conflits et met les personnes d’accord en deux temps trois mouvements, et puis l’affaire est close. Une dispute ? On appelle Hunk, et d’un coup tout le monde est copains. Pourtant, il ne le fait pas exprès. Il le fait et puis ça marche. Et tant mieux.

Hunk c’est un peu un blagueur des fois. Disons que lui et l’humour, y’a pas trente-six mille chemins possibles – soit c’est des blagues et des jeux de mots nuls lancés sur le tas, là, comme ça, même quand la situation ne s’y prête pas forcément, mais que ça aurait été dommage de laisser filer une si belle occasion. Soit c’est de l’ironie sympa, un peu mignonne, qu’il utilise pour se moquer gentiment de ses amis. Soit c’est le sarcasme pur et dur, et dans ce cas-là, soyez sûr d’un truc ; il est en stress total.
Parce que ouais, Hunk est une personne assez angoissée par moment. Les situations bien pressantes, les sensations fortes, les choses terrifiantes en général, c’est un grand non. Parce que c’est un gros peureux mais qu’il n’y peut rien, donc ça sert à rien de lui crier dessus parce que ça empire plus que ça n’aide, et il panique vite, pour rien, parce qu’il n’arrive juste pas à garder son sang-froid comme certains.
Toutefois, il ne faut pas écarter l’idée que Hunk devienne un jour super courageux. Le super-héros qui sauve la veuve et l’orphelin, dans ce genre-là, vous voyez ? Ça pourrait arriver un jour, sûrement. Mais pas maintenant. Pour l’instant, le rôle du trouillard lui va bien aussi.

Ceci dit, il y a bien des cas où il ne stresse jamais, comme les études par exemple. Les devoirs, les examens ? Du gâteau pour lui. Vous me direz aussi, Hunk c’est un génie – en tout cas il est fortiche, si bien qu’il peut vous sortir une phrase essentiellement composée de termes scientifiques qui a quand même un sens. Il est ce genre de génie. Il est aussi ce genre de génie qui peut vous réparer n’importe quoi n’importe quand, et qui peut vous rendre service sans aucun problème, et évidemment sans rien demander en retour. C’est un génie généreux, Hunk. Il donne sans compter, qu’importe si on le trouve trop gentil ou trop naïf à faire ça. C’est sa façon d’être et ça ne changera pas.

Hunk, c’est quelqu’un de particulièrement sensible et émotif. Il suffit de le foutre devant un film triste à l’eau de rose pour qu’il sanglote pendant de longues minutes. En fait la moindre chose qui l’émeut beaucoup le fait pleurnicher comme une madeleine. Même quand quelqu’un d’autre pleure, et qu’il ne sait pas pourquoi, il pleure avec. D’façon il n’a jamais été du genre à cacher ses émotions, alors si il doit lâcher des larmes, il les lâchera, il s’en fiche complètement.
Car oui, Hunk est doté d’un genre d’empathie qui fait qu’il ressent très vite les émotions des autres. Et les gens n’ont pas besoin de dire explicitement ce qu’ils ressentent sur le moment pour que ça fonctionne ; Hunk le sait déjà. Hunk arrive souvent à deviner ce qu’il se passe dans la tête des autres sur l’instant, surtout de ses proches, et ça peut vite devenir flippant. Mais il est juste naturellement observateur, disons. He is the Big Brother.
Mais de ce fait, il fera tout ce qui est en son possible pour aider ses amis en détresse, quelle qu’elle soit, tout en se faisant un sang d’encre mais ça c’est une autre histoire. Il est généreux et serviable, et il a beau être émotif et peureux, il est aussi très protecteur comme garçon, et il sera toujours là pour celles et ceux qui en ont le besoin, quitte à s’effacer lui-même si il le faut.

Histoire

Les photos jonchent la table de salon de l’appartement. Hunk est assis à même le sol, le canapé faisant office de dossier, alors qu’il regarde sa mère, Anya, ouvrir une à une les boîtes en carton qui renferment tous ces souvenirs figés sur le papier glacé.
Dehors, la température est plutôt douce, comme à peu près toute l’année à San Diego, où le climat est généralement considéré comme très agréable. Pas trop chaud, ni trop froid, qu’importe le mois.
— Oh regarde celle-ci, s’exclame tout à coup sa mère en lui tendant une photo.
Visiblement, c’est une image de lui quand il était encore un bébé. Un beau bébé bien potelé, d’ailleurs, un jouet dans les mains et souriant à il-ne-sait-qui se tenant derrière la personne qui immortalise le moment.
— Je reconnais pas l’endroit, c’était à Apia ?
— Exact. Juste avant qu’on vienne habiter en Amérique.
En effet, Hunk n’a habité que quelques mois à Apia. Il n’a aucun souvenir de la capitale de Samoa, là où sa mère a pourtant vécu toute sa jeunesse avant de l’avoir lui.
Il fait la moue. Il n’a toujours pas eu l’occasion de retourner dans la ville où il est pourtant né, et ça l’attriste un peu, parce qu’il aurait bien aimé découvrir l’île d’Upolu qui a l’air si exceptionnelle quand il écoute sa génitrice en parler. Avec un peu de chance, peut-être qu’il s’y rendra avec sa mère, pour revoir sa famille maternelle ; ou plutôt pour la rencontrer, puisqu’il n’a plus aucun souvenir d’eux. Et puis ensuite il ira surfer sur les vagues et découvrir tous ces magnifiques paysages attrape-touristes.

— Tiens, t’as gardé les photos de toi et Papa ? s’étonne Hunk en attrapant une photo sur la table.
— Bien sûr. On ne s’est pas quittés dans les meilleurs termes, mais il reste le principal acteur d’une partie de ma vie que je chéris énormément.
L’adolescent fixe sa mère et esquisse un petit sourire. Il aime bien lorsqu’elle parle de manière si douce et si poétique. Elle parle tout le temps de cette manière, de toute façon.
Il n’a pas revu son père depuis quelques années déjà. Faut dire qu’il voyage beaucoup, et qu’il est rare qu’il se rende de ce côté-ci du monde – il paraît qu’il préfère l’Asie. Mais Hunk ne lui en veut pas spécialement, en vérité, car il vit très bien sans lui. Il l’aime bien, ça reste son père, mais ne pas le voir pendant des mois voire des années ne lui procurent aucune tristesse quelconque. Juste un peu de déception, disons.
Ses parents se sont rencontrés lorsque son père, Ryan, est allé en vacances sur cette petite île d’Upolu, perdue dans l’Océan Pacifique, avec son cousin. Il a sympathisé avec Anya, sont tombés amoureux, et une fois les vacances terminées, son père a tout de même décidé de rester auprès de sa bien-aimée.
Il venait des États-Unis, de l’Oregon plus précisément, et il disait que plus grand-chose ne le retenait là-bas. Il était surtout jeune, insouciant, et très amoureux. Trop même.
Bref, un an et demi et un bébé – Hunk , vous l’aurez compris – plus tard, Ryan a commencé avoir le mal du pays. Les plages, les palmiers et le ciel bleu, c’était sans aucun doute génial, mais les buildings, les embouteillages et l’air pollué lui manquaient ; allez savoir. En tout cas, il voulait à tout prix retourner vivre dans son pays natal.
Autant dire que ça a été une mauvaise passe pour le couple. Anya ne voulait pas quitter Samoa, ni sa famille, pour se lancer dans une aventure aussi loin de chez elle. Sa petite vie tranquille à Apia lui allait très bien ; et c’est là que les deux amoureux n’étaient pas sur la même longueur d’ondes. Parce que Ryan était quelqu’un d’entreprenant, très ambitieux, n’ayant pas peur de se jeter dans l’inconnu, au grand dam de Anya qui, elle, était effrayée par de si grands changements soudains.
Pendant des semaines ils n’ont pas arrêté d’en discuter, et surtout de se disputer. Pourtant Ryan avait des arguments valables ; Anya trouverait un travail sans problème, ils vivraient sans trop d’ennui, Hunk aura plus de possibilités pour l’avenir qu’en restant à Samoa. Alors, à contre-cœur, elle a fini par accepter, et ils se sont envolés pour les États-Unis, s’installant à San Diego.

— Pourquoi San Diego d’ailleurs ? Papa venait de l’Oregon pourtant.
— C’est lui qui avait choisi. Il disait qu’il avait toujours voulu vivre ici, sans que je ne sache trop pourquoi. Il paraît qu’il y était resté un temps quand il était plus jeune et il avait adoré.
— Tu sais quoi ?
Anya lance un regard à son fils d’un air interrogateur, tandis que ce dernier, toujours assis, se tourne vers elle avec une expression un peu pensive sur le visage.
— Je ne me rappelle pas une seule seconde avoir entendu Papa parler de magie.
— Oh ! Ça, répond sa mère d’un air amusé. Si tu veux tout savoir, il était parfaitement au courant, mais je ne pense pas qu’il l’ait vraiment accepté. Il avait beaucoup de mal avec ça, tu sais. Quand on a déménagé ici, je n’utilisais plus vraiment la magie. J’ai fini par me fondre dans la masse et m’habituer à la vie de Moldu, ce que m’avait conseillé ton père en me disant que je m’intégrerai peut-être mieux.
Elle hausse les épaules. Effectivement,  ça avait été très compliqué pour Anya de s’habituer au mode de vie étatsunie, de ce qu’elle lui avait raconté quand il était en âge de mieux comprendre. Ils ne prennent pas le temps de vivre, disait-elle souvent.
— Je ne lui en veux pas, à ton père. C’était peut-être une bonne chose que je vienne vivre ici, finalement. J’aurais fini par pourrir sur mon île, qui sait ?
Hunk esquisse un sourire mi-amusé mi-blasé en roulant des yeux, puis il se remet correctement en tailleur.
— Vous vous êtes séparés dans de si mauvaises conditions que ça ?
Encore une fois, elle hausse les épaules, fixant les photos qu’elle tient dans les mains d’un air un peu pensif.
— Disons que nous n’étions plus sur la même longueur d’onde, et nous n’avons pas réussi à trouver un terrain d’entente, encore maintenant.
— Je me rappelle qu’en essayant de m’expliquer que vous alliez vous séparer, tu m’as annoncé que Papa allait partir en vacances sans nous. (Un peu penaude, sa mère lève les yeux au ciel en souriant, tandis que Hunk pouffe de rire.) Et j’ai juste dit “oh okey, salut Papa, bonnes vacances !”.
Anya éclate de rire en secouant la tête tandis que son fils se met à rigoler aussi.
— Déjà à ton âge tu étais un sacré. Tu avais quel âge, trois, quatre ans ?
— Oui, je crois, répond Hunk en réfléchissant. Puisque tu as rencontré Mama quand j’en avais cinq.

Au même moment, le jeune homme tombe sur une photo représentant deux femmes se tenant par la taille, habillées de jolies robes et un grand sourire aux lèvres. À gauche se tient Anya, et à ses côtés, une jeune femme aux cheveux courts noirs et au teint halé, légèrement plus grande que la mère de Hunk.
— Vous êtes belles sur cette photo. On dirait deux lycéennes qui vont à leur bal de promo, se moque gentiment Hunk.
— Arrête de te moquer, toi. C’était notre premier rencard. C’est toi qui as insisté pour prendre la photo, en plus.
En effet, l’image est un peu floue et pas très bien cadrée, et en le constatant, Hunk fait de nouveau la moue. Anya laisse échapper un petit rire.
— Tu avais bien réussi à l’amadouer Raquel, à l’époque. Elle ne te refusait absolument rien.
— Tu sais que c’est toujours le cas, hein ?
Anya esquisse un petit sourire, amusée et attendrie à la fois, se remémorant des souvenirs de ces années tout en fixant son fils qui continue de regarder les photos de famille.
Faut dire qu’après leur rupture avec Ryan, Anya s’est retrouvée à endurer le rôle compliqué de mère célibataire, sachant que son ex-compagnon s’était envolé à l’autre bout du monde sans lui donner aucune nouvelle. Elle ne le lui a jamais dit clairement, mais Hunk sait bien que cette période a été très difficile pour sa mère.
Mais c’est quelques semaines après qu’il ait fêté ses cinq ans qu’Anya a rencontré cette fameuse Raquel, dans le bar où elle travaillait à cette époque.
Raquel venait d’une famille mexicaine qui habitait non loin de San Diego, et elle avait déjà une fille, Savannah, plus âgée que Hunk de quatre ans.
Aussi étrange que cela puisse paraître, peut-être sachant qu’Anya n’avait jamais eu de relation avec une personne du même sexe, ça a tout de suite été le coup de foudre entre les deux femmes. Elles se sont vues plusieurs fois, jusqu’à ce fameux soir où elles ont eu leur premier vrai rencard. Pas une sortie entre deux copines comme elles le laissaient croire jusque-là, un rencard, pour de vrai.
Ce soir où Anya a présenté Raquel à Hunk pour la première fois, plus par obligation que par choix, mais tout s’était si bien passé qu’Anya n’avait plus aucune peur pour l’avenir. Et Raquel et elle se sont mises ensemble quelques jours plus tard, officiellement.
Hunk n’y avait vu aucun inconvénient, bien au contraire. Faut dire qu’à cinq ans, les enfants sont encore innocents, alors l’idée qu’il puisse avoir deux mamans l’enthousiasmait plus qu’on ne l’aurait imaginé. Et puis il semblait fier de le dire dans la cour de récré, même si certains gamins trouvaient ça “bizarre” et que des parents d’élèves “s’inquiétaient”. Hunk adorait Raquel et Anya se fichait des opinions, alors tout allait pour le mieux.

— Il paraît que ça a été plus dur pour Savannah, de vous voir ensemble, fait tout à coup remarquer l’adolescent.
— Disons qu’elle était un peu plus grande, alors c’était plus délicat à expliquer, mais elle a fini par s’y faire… heureusement d’ailleurs, répond pensivement Anya.
— Oh regarde, c’est quand on a déménagé tous ensemble ici. La tête que fait Savannah en essayant de porter le carton !
Hunk et sa mère se mettent à rire.
— Je suis un peu triste qu’il n’y ait pas de photo du moment où j’ai découvert mes pouvoirs.
— Même si elles étaient au courant, la tête que Raquel et Savannah ont tiré était hilarante, dit Anya en souriant.
— C’est vrai qu’on a eu de la chance pour ça. Elles n’ont jamais rien dit, qu’on soit des “sorciers”, fait Hunk d’un air un peu ironique en imitant des guillemets. Savannah trouvait même ça super cool.
— Oui, enfin, elle trouvait ça tellement super cool qu’on a eu dû la menacer de la punir si elle disait quoi que ce soit. Elle était déjà prête à vendre des démonstrations de ta magie aux autres enfants du quartier.
— On aurait carrément fait fortune n’empêche.
Anya pouffe de rire. C’est vrai que là-dessus, Raquel s’était montrée bien plus tolérante que Ryan sur le monde des sorciers, au grand soulagement d’Anya qui pouvait enfin pratiquer sa magie (avec modération) tout en aidant son fils qui avait hérité de ses gênes de sorcière aussi.
Ils étaient, à quatre, devenus une joyeuse petite famille recomposée. Les deux se sont vite considérés comme étant frère et sœur bien qu’ils n’aient aucun vrai lien de parenté, pour le bonheur des deux femmes qui avaient eu peur qu’ils ne puissent pas se supporter. De toute façon, Savannah ne voyait plus son père depuis qu’elle était bébé et Hunk avait que très peu de nouvelles de son géniteur, mais les deux enfants le vivaient plutôt bien, étonnamment.
Disons qu’ils sont vite devenus l’archétype même d’un frère et d’une sœur qui s’adorent plus que tout, mais qui ne pouvent s’empêcher de se taquiner et de faire les quatre cent coups ensemble, même encore maintenant. Même si, bien sûr, ils ne se ressemblent pas du tout niveau caractère ; Savannah adore la mode, le sport, être au centre de l’attention, et est une vraie Moldue qui, avant de connaître Anya et son fils, ne connaissait en rien l’existence de la magie dans ce monde. Alors que Hunk est plus du genre à bricoler avec des bidules électroniques, à jouer aux experts ingénieurs, à ne pas forcément se montrer en public comme sa sœur, et est rentré depuis quelques années dans une école de magie au Canada. Cela ne les empêche de s’aimer comme si ils étaient réellement de la même famille, au final.
Puis ils se sont aussi habitués au fait d’avoir deux mamans au lieu d’un papa et d’une maman et le vivent parfaitement bien, quoi qu’en disent les gens un peu trop fermés d’esprit.
Et le tout forme désormais le joli portrait d’une famille heureuse et épanouie.

Finalement, lorsque Hunk regarde toutes ces photos, il se dit qu’il n’aurait échangé sa place pour rien au monde. Il a une famille aimante qui a forgé cet adorable garçon qu’il est devenu, étudie dans une école fantastique qui, bien qu’elle soit très loin de chez lui – dans un endroit où il fait beaucoup moins chaud qu’à San Diego aussi –, offre un cadre d’éducation vraiment superbe, et à en prime des amis géniaux – un peu paumés, mais ça ce n’est pas très important. Non, Hunk n’a pas eu une vie rocambolesque, et n’est pas le protagoniste d’un film dramatique.
Mais il est fier d’être ce qu’il est aujourd’hui, et il ne changerait pas la moindre chose, même contre tout l’or du monde.