La personnalité aventurière d’Haruka a encore (une énième fois) frappé. Non content d’entendre un paquet de rumeurs concernant les égouts de la ville et surtout le sanctuaire abyssal, il est bien décidé à tirer tout ça au clair. Bien sûr, il n’est pas question de se mettre en danger. Non, le Lupy a été bien trop secoué par ce qui était arrivé à son frère il y a de cela quelques années pour partir bille en tête faire de l’exploration.

Alors lui aussi, il a prévu de quoi tenir un peu : déjà, de la nourriture, parce qu’Haruka a vite (et très) faim. Pas juste des snacks, non non, le garçon a préparé deux tupperwares de taille conséquente remplis de victuailles sagement empilés au fond de son sac, en plus de barres de céréales. De l’eau, aussi, beaucoup d’eau, non pas qu’ils se rendent dans un désert mais il imagine difficilement l’eau des égouts être potable (beurk). Il a même pensé à prendre un peu de matériel de premiers secours, juste au cas où.

Évidemment, Haruka est arrivé en avance, parce que malgré toute la préparation dont il a fait preuve, il ne peut nier qu’il était excité à l’idée de s’aventurer dans un tout nouvel endroit pour y découvrir des lieux et des créatures qu’il n’avait encore jamais vu. Lorsqu'Aedan le rejoint enfin, le Lupy tient difficilement en place, comme un chien attendant son maître pour partir en promenade.

« Bonjour Haruka, tu vas bien ? Tu es prêt ? J’ai essayé de prendre le nécessaire, j’espère que ça va nous suffire ou… Que nous n’aurons pas à les utiliser. »

« Salut Aedan ! Bien sûr que je vais bien et que je suis prêt ! J’aurais jamais osé maintenir la sortie si ça allait pas. Enfin, c’est pas censé être dangereux, mais on sait jamais, mieux vaut être en forme pour faire de l’exploration, non ? Enfin bref, moi aussi j’ai pris de quoi faire. Pas mal de bouffe, en fait… Parce que j’ai vite la dalle. »

Haruka a un rire nerveux.

« Bon, t’es prêt ? On y va. L’entrée doit être quelque part par là… »

L’étudiant fouille un petit moment parmi les hautes herbes, avant de tomber sur une lourde grille métallique, qu’il soulève avec un léger grognement. La grille glisse sur le côté avec un bruit métallique, révélant une échelle qui descendait… Loin. Si loin, en fait, qu’il n’arrive pas à y voir grand-chose, à part une vague lumière bleutée.

« Allez, on est parti. J’ai pris ma montre, comme ça, on saura si jamais on se balade trop longtemps. »

Et sans un mot de plus, il saute sur la première marche de l’échelle, puis s’applique à la descendre sans glisser.

La première chose qu’Haruka remarque, c’était l’odeur de chlore ambiante : il doit avouer qu’il ne s’attendait pas vraiment à une telle chose en entrant dans des égouts. Avec le recul, c’est peut-être logique : il faut bien désinfecter les eaux usées d’une manière ou d’une autre, et peut-être est-il trop habitué aux égouts moldus qui, s’ils font de bonnes destinations d’exploration urbaines, ne sont pas vraiment accueillants. Il se souvient avec un soupçon de nostalgie de la fois où sa famille a visité les égouts de la ville de Paris (et le moment où il a failli pousser sa sœur dedans, totalement accidentellement évidemment).

Il finit par poser le pied sur une surface en pierre, et prend le temps de chercher sa baguette dans sa poche.

« Lumos. »

Haruka est particulièrement surpris par l’architecture du lieu : encore une fois, lorsqu’on lui parle d’égouts, cela n’évoque pas particulièrement un endroit où les constructions seraient travaillées, mais plutôt des murs en béton ou en briques, assortis d’une eau trouble à l’odeur nauséabonde. Pourtant, il règne ici une ambiance bien particulière ; si l’entrée qu’ils ont empruntée est en piteux état, il devine au loin des colonnes dont la forme lui rappelle les bâtiments de la Grèce antique. Il peut d’ores et déjà affirmer que ce sont les égouts les plus élégants qu’il lui ait été donné de voir.

Le Lupy effleure la pierre froide du bout de ses doigts. Le lieu vibre d’une magie ancienne, peu familière mais pas inquiétante. Juste de quoi attiser d’autant plus son envie d’aventure, en somme : cela fait un moment qu’il n’a pas quitté la routine de l’école pour aller découvrir quelque chose de nouveau. Et puis, cela lui permet aussi de sortir avec un ami, ce à quoi il ne dit jamais non.

« Bonne idée, la carte. On va avancer tranquillement et… Hum. »

Il réfléchit un peu, avant de lancer un sort dont l’incantation est à peine murmurée. Aussitôt, un fil d’Ariane lumineux émerge de sa baguette, et vient se nouer autour de l’échelle qu’ils ont emprunté pour descendre. Ça pourrait leur éviter bien des ennuis, et il se félicite d’avoir eu la présence d’esprit de faire ça avant de démarrer leur périple souterrain.

Haruka suit Aedan sans protester. Il fait confiance aveuglément aux gens qu’il considère comme ses amis, ce qui… Est une qualité comme un défaut, en soi. Cela étant, avec Aedan, il ne risque pas grand-chose. Il sait à quel point le garçon est honnête, ce qui lui plaît, lui qui déteste les mensonges. Alors, s’il fait une erreur, il ne lui en voudra pas – il sait que ce n’est pas intentionnel.

« Ouais, je me souviens. Quelle idée de s’être engagé dans un tel truc sans prévoir un minimum de vivres… Et puis, ça a été un sacré chaos après ça. J’espère que rien de tel ne nous attend, sinon, je crois que je suis bon pour me prendre le revers de ma vie en rentrant chez moi. Mon père me dé-mon-te-rait. »

Il frissonne rien qu’en y pensant. Évidemment, il exagère. Personne dans sa famille n’est adepte des châtiments corporels, mais un regard déçu de son père vaut toutes les claques du monde.

Il continue de suivre son compagnon, sa baguette illuminée tissant toujours le fil d’or qui pourra les guider plus tard. Lorsque celui-ci s’arrête pour s’interroger, il fait de même, contemplant le mur d’un air pensif. Au bout d’une minute de réflexion, il remarque des symboles gravés dans la pierre.

« Oh, je crois que tu as raison, c’est une énigme. Je suppose que nous sommes censés choisir notre chemin en fonction de ces dessins. »

Le premier lui évoque une sirène, le second une sorte de grand serpent de mer. Est-il censé associer une symbolique à cette imagerie ? Ou bien doit-il le prendre littéralement et suivre la sirène, au risque de tomber sur un monstre des mers au fin fond des égouts ?

[Lancer de dé :

OUI : les garçons choisissent le bon chemin.
NON : les garçons empruntent le mauvais chemin.]

« Ouais, ben, ça aurait été trop facile. »

Haruka soupire longuement, en fixant les pierres qui n’ont pas bougé d’un pouce malgré le sort d’Attraction lancé par Aedan. Il a presque l’impression qu’elles le narguent. Il s’accroupit près du canal, et trempe l’extrémité de ses doigts dans l’eau. Elle est… Très fraîche. Froide, même, il faut bien se l’avouer : bien que l’endroit soit protégé des éléments et du climat extérieur, il ne pouvait pas s’attendre à ce que la température soit agréable par une journée de février au nord du Canada. D’ailleurs, le Lupy se fait même la réflexion qu’ici, il doit faire relativement frais pendant l’été, ce qui pourrait en faire une planque sympa lorsque le mercure monte un peu trop à son goût.

L’étudiant secoue la tête pour chasser son train de pensées parasite, et se redresse. Plonger directement dans l’eau semble un peu barbare, mais d’un autre côté, s’ils sont à la recherche d’un temple établi par des peuples de créatures sous-marines, cela ne le surprendrait pas qu’ils soient amenés à faire trempette à un moment ou à un autre. Le courant n’est pas bien puissant et Haruka sait qu’il ne risquerait pas de se faire emporter, mais il existe un risque non négligeable que le froid l’empêche de progresser correctement – voire, pourrait se montrer dangereux.

Hmm…

Le garçon finit par caler sa baguette sur un rocher, avant de retirer quelques couches de vêtements. Il ne peut pas nier qu’il a déjà un peu froid, mais mieux vaut ne pas mouiller ses vêtements, qui l’alourdiront. Au pire, un petit sortilège, et il sera sec après son escapade aquatique.

« Reste là, d’accord ? L’eau semble bien claire ici. Je vais essayer de les récupérer à la main. Je nage bien, il devrait pas y avoir de souci, mais il vaut mieux que tu gardes un œil sur moi, au cas où. »

Haruka reprend sa baguette et lance un sortilège de Têtenbulle, avant de faire un pouce levé en direction d’Aedan.

« À plus, soldat. »

Et sur ces mots, il plonge dans l’eau.

Évidemment, celle-ci est froide : il s’y attendait. Le sortilège lui permet au moins de reprendre sa respiration un peu coupée par le changement de température. Il ne perd pas de temps, cela dit : c’est l’immobilité qui est dangereuse. Il prend le temps d’observer ses alentours. De là où il est, il voit parfaitement les environs : d’ailleurs, il remarque avec un certain ravissement quelques poissons nager plus loin, dont les écailles paraissent phosphorescentes sous la faible lumière. Quelques algues poussent sur des affleurements rocheux. En tout cas, la qualité de l’eau ici semble assez bonne pour que la vie s’y développe, ce qui le rassure un peu sur le fait qu’il a… En quelque sorte plongé dans les égouts sans trop réfléchir.

Bref.

Haruka finit par plonger plus profondément pour aller récupérer les pierres. Celles-ci brillent et semblent l’appeler. Alors qu’il se trouve à proximité, il hésite un peu. Il espère ne rien déclencher de grave en essayant de les attraper à la main. Peut-être que cela est censé être plus complexe ?

Il tend la main…

[Lancer de dé :

OUI : Haruka récupère les pierres sans encombre.
NON : Quelque chose lui attrape la cheville avant qu’il puisse les toucher.]

Haruka reprend péniblement sa respiration, allongé sur la pierre froide au bord du canal. Réflexion faite, peut-être que plonger directement dans l’eau alors qu’on essaie de résoudre des énigmes MAGIQUES n’était pas l’idée de l’année. Rien de surprenant venant du Lupy, par contre : lui qui est d’une nature profondément impulsive, c’est même un miracle que la situation soit restée aussi stable pendant tout ce temps.

Mais là, il peut dire adieu à la balade de santé.

Il a beau s’être un peu éloigné avant qu’Aedan lance son sort, il lâche une exclamation surprise lorsqu’une créature émerge péniblement de l’eau. Il ne sait pas ce que c’est – il ne sait pas s’il s’agit d’une espèce spécifique qu’il n’a jamais vu en cours ou bien une création magique destinée à garder le fonctionnement des énigmes contre les étudiants un peu trop fouineurs, mais en tout cas…

Ça a des dents. Trop de dents.

Haruka manque glisser sur le sol du fait de ses pieds trempés et pointe sa baguette vers la bestiole, en hurlant des ordres comme si cela allait changer quoi que ce soit.

« Couché ! Vilaine bête ! Vilaine- OH BORDEL DE MERDE ! »

Le juron lui échappe alors que la créature semi-aquatique se jette sur lui. Il esquive rapidement l’attaque et lance un Stupéfix mal géré qui n’atteint rien d’autre que le mur en arrière-plan. C’est loin de décourager son attaquant, puisqu’il doit de nouveau esquiver une tentative de morsure.

Haruka réfléchit à toute allure. Sa priorité est de mettre le danger hors d’état de nuire. Il se tourne vers Aedan.

« Mets-toi en hauteur pour la viser ! Je vais l’attirer ailleurs ! »

Le Lupy lance des étincelles pour attirer la créature, tandis qu’il recule adroitement pour l’éloigner de son confrère. Premièrement, il doit préparer le terrain pour faire en sorte qu’Aedan puisse l’attaquer sans risquer de se faire mordre. Doucement mais sûrement, il parvient à l’entraîner quelques mètres plus loin, dans une partie plus dégagée.

Haruka esquive de justesse un bond menaçant en sa direction, et lance un nouveau Stupéfix, qui n’a pas l’air d’avoir beaucoup d’effet. Malgré la peau luisante de la créature, qui n’est pas sans rappeler l’anatomie d’un amphibien, celle-ci semble plutôt résistante. Il n’a pas l’impression, cela dit, qu’elle soit invincible, ou même si puissante. Ce qui signifie qu’elle doit bien avoir un point faible. Seulement, l’étudiant n’a pas vraiment le temps de se poser pour réfléchir, tandis qu’il évite les assauts répétés.

Voyons… Une bête aquatique, ça doit craindre quelque chose, non ? Le feu, la chaleur peut-être. Après tout, il fait froid ici. Il hésite. Les sorts de feu sont toujours un peu aléatoires : il n’a jamais été spécialement doué pour canaliser sa magie, préférant les effets pyrotechniques élaborés à la précision micrométrique. Bon, c’était une bonne chose d’éloigner Aedan, clairement.

Un peu de concentration, ça devrait le faire. Il saute sur un rocher pour prendre un peu de hauteur, et vise la créature.

« Incendio ! »

[Lancer de dé :

OUI : La créature s’enfuit, le feu est bien son point faible.
NON : La créature s’énerve de plus belle.]

Haruka ne peut pas en vouloir à Aedan, vraiment. Après tout, il a suivi son idée, et tenté de découvrir une faille dans la résistance de la créature. La glace n’était vraiment pas un mauvais pari : au vu de l’aspect humide de sa peau, il y avait de bonnes chances pour que cela immobilise, ou au moins blesse sévèrement l’ennemi.

Seulement voilà, ça n’a pas marché.

Et non seulement ça n’a pas marché, mais Haruka se retrouve face à deux problèmes de taille. Le premier étant la quasi-absence de vêtements qui couvrait son corps. Il n’est pas frileux, loin de là. Il est habitué à la neige, au froid, à l’humidité même. Mais là… En sous-vêtements alors que la température de l’endroit chute drastiquement, il ne fait pas le fier. Immédiatement, sa pilosité se hérisse tandis que ses dents se mettent à claquer de façon incontrôlable.

Deuxième problème, et pas des moindres : le sol est à présent gelé. Et, bien sûr, dans sa précipitation en tentant de s'éloigner de cette glace qui se répand à vitesse grand V, Haruka ne prend pas vraiment en compte le caractère très lisse de celle-ci lorsqu’il tente d’esquiver une attaque énervée de la créature. Alors il glisse, tente de se rattraper à un rocher, rate son coup et s’écorche la main, puis tombe sur le côté, pile sur son bras.

Crac.

« AAAAAHHHHH ! MERDE ! »

Le hurlement lui échappe. La douleur n’est pas si intense, pourtant, mais la sensation lui donne presque envie de vomir, et il se refuse à penser par peur de réellement rendre son repas.

Haruka est casse-cou. Ce n’est pas la première fois qu’il se casse un os, loin de là. Ça n’est jamais une partie de plaisir, cela dit. En plus, la bête ne lui accorde aucun répit, et il roule pour éviter l’un de ses plongeons, en tenant son bras maltraité contre lui. Dans sa malchance, il ne s’agit pas de son bras dominant, et il n’a pas lâché sa baguette. Cependant, il a beaucoup plus de mal à se concentrer.

« Oh putain, oh bordel, oh l’enc- »

Il fait un bond de côté pour éviter une morsure. Il commence à en avoir assez. Est-ce que c’est ça, l’énigme ? Un vulgaire combat avec une bestiole cauchemardesque pleine de dents ? Peut-être que s’ils arrivent à la vaincre ou à la faire déguerpir, ils pourront récupérer les pierres. Haruka prie pour que ce soit le cas, sinon, il est vraiment descendu ici pour choper une hypothermie et se péter le bras dans un but totalement vain.

Le Lupy se redresse et rassemble ses esprits, et, malgré ses claquements de dents, il décide qu’il va tenter la manière forte. Apparemment, la jouer fine ne fonctionne pas, alors, dans le doute… Autant tout faire exploser, c’est encore ce qui fonctionne le mieux.

« Aedan, reste à l’écart ! »

Haruka prend un peu d’élan et saute par-dessus le canal, miraculeusement sans aggraver sa blessure. Il dérape un peu mais reprend vite son équilibre, puis pointe sa baguette vers la créature, qui semble toujours bien décidée à le poursuivre.

« CONFRINGO ! »

[Lancer de dé :
OUI : La créature est blessée et s’enfuit, laissant la voie libre.
NON : La créature est blessée mais reporte son attention sur Aedan.]

Haruka observe attentivement les mouvements d’Aedan pour tenter de les deviner et réagir en conséquence. Il aimerait ne pas se casser le deuxième bras par inadvertance : un, c’est déjà beaucoup, et il imagine déjà la tête de l’infirmière quand il va devoir se ramener et expliquer comment il s’est pété un os. Enfin, la connaissant, elle va surtout rire, mais quand même.

Il entend soudain Aedan l’interpeler, et son regard passe du jeune homme à la sortie.

« Euh… Ouais ! J’y vais ! Accio ! »

Le Lupy récupère ses vêtements en vitesse, puisqu’il aimerait ne pas faire le trajet jusqu’à l’école en caleçon, et se dépêche de contourner la créature enragée pour se rapprocher de la sortie. Heureusement, il est suffisamment loin d’Aedan pour que son sort n’ait aucune chance de le toucher. Malheureusement, la bête, comprenant visiblement leur tentative désespérément, lance toute sa masse contre une colonne, déclenchant un éboulement assourdissant.

« Allez ! ALLEZ ! »

Haruka reste un peu pour tirer Aedan vers la sortie, même si cela implique quelques égratignures et bleus supplémentaires pour les deux. Ils finissent par s’extirper de cette maudite salle, à bout de souffle et lessivés.

« Hhaha… Hhhha… Oh… Je m’attendais pas à ça… ! »

Sa respiration lui fait presque mal tant il cherche à remplir un maximum ses poumons, qui paraissent presque trop petits à cet instant. Il est encore trempé de sa baignade et est partagé entre surchauffe due à leur panique et hypothermie. Il finit, cependant, par tirer ses vêtements lui pour se couvrir au moins un peu, en inspirant fortement entre ses dents lorsque cela implique de bouger son bras.

Il articule quelques jurons qui resteront silencieux cette fois-ci, et se redresse pour s’appuyer contre un rocher. Doucement, sa respiration revient à la normal, et il peut à présent se rendre compte qu’il a mal partout. Surtout au bras, bien évidemment, mais tout son corps se plaint d’avoir été sollicité à un tel niveau et dans de telles proportions. Il touche sa tempe et peut sentir sans voir un bleu. Ses jambes sont couvertes d’éraflures et de coupures.

Rien que quelques baumes, potions et sorts ne puissent traiter rapidement, mais là de suite… Ca commence vraiment à lui serrer la gorge. Il devrait pouvoir au moins atténuer un peu la douleur, non ? Et puis, Haruka est un habitué de l’infirmerie, il devrait bien se souvenir de quelques techniques. Il fait un peu tourner sa baguette dans sa main, pensif, et essaie de se concentrer malgré la souffrance lancinante. Hmm…

Il pointe sa baguette vers son bras. Il connaît la formule pour soigner un os brisé, il a déjà vu des gens faire, et lui-même en a déjà été la cible. La douleur est actuellement tellement aiguë qu’il préfère encore rater son sort plutôt que de laisser la blessure telle quelle. Enfin, c’est la réflexion qu’il se fait dans son cerveau embrumé.

Haruka se redresse un peu plus pour se concentrer, et ferme les yeux avant de prononcer l’incantation.

« Brachium emendo ! »

[Lancer de dé :

OUI : le sort est réussi, son bras n’est plus brisé.
NON : le sort est raté, il fait juste… Disparaître la section d’os brisée.]

Lorsqu’Haruka se rend compte de l’état dans lequel se trouve Aedan, il se tourne immédiatement vers son camarade, faisant fi de ses quelques blessures qui lui semblent bien inoffensives à côté de la douleur aiguë que provoquait un os brisé. Il n’ose pas trop le toucher, voyant bien que celui-ci tente désespérément de calmer une crise de panique assez violente. Il ne peut pas lui en vouloir, et ressent lui-même une pointe de culpabilité assez désagréable. C’est, après tout, bien lui qui a insisté lourdement pour explorer cet endroit qu’il n’imaginait pas aussi… Dangereux.

« Hé, Aedan… Je suis là, ça va aller, okay ? T’inquiète pas, on va sortir sans problème. »

« De… De l’eau, s’il te plaît. »

Haruka s’empresse immédiatement de fouiller dans son sac et en sort une bouteille encore bien remplie et bien fraîche pour la tendre à son compagnon d’aventure. Il le regarde boire avec inquiétude, et en profite également pour se rhabiller de son côté. Bien qu’il ait dû se battre contre une créature magique presque nu, pour ainsi dire, il ne peut pas dire qu’il regrette avoir eu la présence d’esprit de retirer ses vêtements avant de plonger dans l’eau, puisque ceux-ci sont restés secs. Alléluia. Il se rattache correctement les cheveux, avant de tourner la tête vers Aedan lorsqu’il l’entend parler.

« Aedan, ce n’est pas grave. Est-ce que tu as raté tes tentatives ? Oui. Moi aussi, d’ailleurs. Mais personne ne t’en veut, et surtout pas moi, d’ailleurs ! Je connais personne qui soit capable de tout faire parfaitement, tout le temps. Même ceux qui prétendent le contraire. On est tous les deux vivants, on est sortis de là, je n’ai plus le bras en miettes, et on a juste quelques bleus et égratignures. Rien qu’un baume bien préparé ne puisse effacer d’ici quelques heures. »

Il joint son index et son pouce en cercle, les autres doigts dressés en symbole d’absence de problème.

« Tout est OK. Et si tu veux continuer, on continue ! Mais te force pas. On va y aller plus doucement et prendre notre temps. J’aurais dû mieux réfléchir avant de faire n’importe quoi. »

Haruka rassemble ses affaires tranquillement, sans se presser. Il en profite pour regarder où ils se trouvent : la salle est plutôt sombre, illuminée seulement par des végétaux luminescents semblables à des bulbes et des champignons. Il peut entendre l’eau qui coule quelque part dans la salle sans tout à fait savoir où.

Au centre de la pièce, il devine une silhouette dans l’obscurité, et reste interdit une courte seconde – avant de réaliser qu’il s’agit d’une statue. Il récupère sa baguette et s’approche pour l’examiner, veillant à ne pas trop s’éloigner d’Aedan pour le laisser récupérer sans le stresser.

Il s’agit d’une sirène. Enfin, en tout cas, c’est ce qu’il pense. Haruka sait que les sirènes prennent de multiples apparences selon leur origine géographique : les sirènes grecques sont les créatures magnifiques décrites dans les mythes moldus, tandis que les selkies britanniques ont une apparence plus terrifiante qu’autre chose. Celle-ci est à mi-chemin, une sorte de beauté éthérée aux angles drus.

« Hmm… Je crois que la statue pivote… »