Chère et tendre mère;

Cela faisait depuis longtemps que je voulais vous écrire cette lettre, mais que je n’ai pu m’y mettre. Je me daigne de la faire actuellement puisque, suite à notre appel téléphonique, je n’ai réellement pu dire ce que je pensais de la situation. J’ai tellement de choses à vous expliquer mais que l’on ne pouvait se dire, soit la dernière fois lorsque je m’étais déplacée dans le manoir des Stocker’s, soit via appel téléphonique. Vous savez aussi bien que moi que les murs ont des oreilles, surtout au sein de notre famille. La dernière fois que l’on s’est regardé dans les yeux, on les a baissés immédiatement pour éviter que l’on se juge à plein nez, que l’on se maudisse. Que je vous maudisse de ma naissance sur cette terre. Mais… j’ai appris énormément de choses.

Comme vous le savez, je suis actuellement en alternance chez l’entreprise familiale des Stocker’s. Si vous vous le demandez (bien que je sais que la personne concernée vous as sûrement mis au courant, père et vous) si tout se passe bien avec la branche canadienne des Stocker’s et oui, cela se passe bien. Je dirai même qu’ils sont beaucoup plus aimables que la branche roumaine ou bien anglaise, mais là n’est pas le sujet. Le sujet ici c’est que la société canadienne m’a donné comme travail de gérer et de trier les archives et ce que j’ai pu lire était intéressant sur notre branche à nous. Notre branche à nous est la plus importante à cause de notre ancêtre mais j’ai pu comprendre beaucoup de choses. Vous étiez une noble roumaine qui, par simple association de contrats, s'est mariée avec père et j’ai pu voir beaucoup de choses sur vous, chère mère. Vous étiez apparemment une sacrée metteuse de troubles entre branches, comme par exemple dans cet extrait:

“Elena est une femme qui va ruiner nos contrats avec ses caprices de jeunesse. Elle devrait apprendre à s’assagir et à devenir une jeune femme convenable, non une simple fille qui n’a pas fini de grandir. Je veux dire par là, tout de même, qu’elle va se marier avec James Stocker, et ce n’est pas qu’une simple responsabilité. Elle va être la représentation des sang-purs roumains en Angleterre, tout de même.” [Traduit du roumain pour le lecteur]

…Que s’est-il réellement passé, mère? Pour que vous soyez aussi soumise et dépressive? Vous ne me faites pas pitié, loin de là, puisque la pitié n’est que pour ceux qui m’ont abandonnés ou bien qui sont mes ennemis. J’ai pitié pour eux mais pour vous, je suis triste, parce que j’aurai fini comme vous si je m’étais mariée avec le fils des Wang et c’est tout ce que je ne veux point. Cette lettre n’est point pour vous rabaisser mais au fur et à mesure de mes recherches, de mes tris dans les archives de la famille Stocker, je me demandais réellement si vous n’aviez point besoin d’aide, d’une main à qui vous rattachez comme ce que j’avais espéré avoir de votre part, vous, père, Alaric, ou bien tous les autres de la famille Stocker mais j’ai pu comprendre assez vite que cela n’était pas possible avec vous, et ni possible avec personne de la famille. Mis à part ma rude éducation, j’ai dû apprendre à me forger seule et à commencer à manipuler ma vie comme vous la manipulez auparavant et donc… j’ai des contacts, bien que je le cache. Je voudrai vous aidez, mère, je vous en prie. Je vous tends la main et je sais que vous n’allez pas gâcher cette opportunité puisque je sais que cela sera la dernière. Je ne vous dis pas que vous irez mieux du jour au lendemain, que vous pourriez sourire à nouveau comme dans ces photos que j’ai gardé, enfant, près de moi lorsque je devais m’endormir le soir.

Vous allez vous demander pourquoi je suis actuellement en train de vous écrire tout cela, à la veille de la rupture de notre contrat avec la noblesse Sud-Coréenne. Pour maintes raisons, à vrai dire. Pour tout vous dire, je me dis bizarrement que je suis légèrement plus libre, bien que je sois toujours enchaînée à notre famille, tout comme vous l'avez été. Mais même par écrit, c’est compliqué de l’expliquer. Colton, fils des Wang, était mon ami d’enfance et même mon plus proche ami à vrai dire. Le soir de l’accident du baiser avec mon actuel amant, il était là. Je l’avais vu, du coin de l'œil, mais je n’avais rien dit. Je savais que c’était trop tard et je savais aussi aussi le fait qu’il allait en profiter pour s’ôter ses propres chaînes qu’il avait avec sa famille. Cet homme est tout de même bien gentil, bienveillant mais je pouvais bien voir ses racines de noblesse. Il s’est senti trahi, et en a profité pour mettre cela sur ma faute pour être enfin libre. Depuis ce moment, il m’évite dans les couloirs, à la sortie des cours, alors que je l’avais maintes et maintes fois regardé, comme par simple envie de lui parler… sans grand succès. Je le vois entouré désormais avec du beau monde et c’est bien pour lui, je ne dirai jamais le contraire mais… j’ai toujours ce sentiment d’amertume dans mon coeur, mère et je ne sais pourquoi. Cette distance m’a doucement tué, avec la musique de ma solitude… mais pour le meilleur. Moi et cet homme avions parlé de nos fiançailles et suite à mon impulsivité, la seule lumière que j’avais vu et qui m’a fait pousser mes ailes, j’ai senti tout se noircir à nouveau alors que je pensais qu’il allait comprendre. Il n’a rien compris. Après, venant de lui, je savais que ça allait se passer de cette manière. L’égoïsme noble est là, et je peux le comprendre mais… En tant que son ancienne amie d’enfance, je me suis sentie humiliée, voir même comme une simple inconnue désormais à son égard. Mais c’est pour le mieux à vrai dire. Cette envie de m’émanciper de chaque personne de mon passé, sauf de ma propre famille, est belle est bien présente et donc lui n’était qu’une personne en plus, et si c’est le destin qui l’avait demandé, ainsi soit-il et si un jour je reviens à parler avec Colton Wang, cela sera de mon propre choix et non le vôtre, à père et aux Stocker’s, parce que je sais que vous n’avez aucun contrôle sur père ou bien sur la famille avec tout le respect que je vous dois et que j’aime vous apporter, mère, bien évidemment.

Bien que je pense que cela n’aboutira jamais. Je l’évite et lui aussi m’évite. Je pense même qu’il me hait et à vrai dire… Cela me passe au dessus mais en même temps non. Je suis tiraillée avec mes propres sentiments envers cet homme et mes émotions sont négatives, donc j’essaie pour mon bien et celui de mon entourage, de ne point les écouter et de le laisser tranquille. Je n’ai même pas eu l’audace de répondre à son message, puisque je me suis sentie tellement indignée. Il avait fait ce qu’il avait à faire, et moi, j’ai dû me taire et souffrir pour notre famille et aussi du mépris des Wang. Je n’étais pas seule, grâce à Owen, mais la solitude face à tout cela était tout de même là. Il me manque, mais si il est heureux ainsi, qu’ainsi soit-il.

De toutes manières, notre nouveau contrat, de ce que j’ai appris avec la noblesse japonaise est en train de bien s’aboutir pour Alaric, n’est-ce pas? Je trouve cela merveilleux que Alaric commence à comprendre qu’il faut plus de contrats pour étendre notre pouvoir. Moi, je ne suis qu’une femme bonne à donner un héritier, donc je préfère me restreindre à l’Angleterre, avec mon actuel amant. Pour être honnête, je tiens à vous remercier d’avoir accepté le contrat de Mister Knight pour que j’ai la permission de côtoyer son fils. Bien que je pense que père ne l’apprécie pas à cause des rumeurs de ce qu’il s’est passé sur le groupe de messagerie sur l’école, pensant peut-être qu’il soit immature (et à vrai dire, toute cette immaturité m’a réellement pesée au fil des heures et des jours que j’avais essayé de retenir Owen de ne rien dire sur le groupe pour maintenir notre relation secrète, en vain.) Je me suis sentie humiliée et mes pires ennemis ont dû bien rire, à vrai dire et… je n’en ai jamais pu réellement parler avec mon amant. Mais disons qu’il commence peu à peu à me connaitre et j’ai même l’impression qu’il se soit assagi depuis qu’il est avec moi. Owen est un numéro, c’est pour te dire mais… je n’ai pas envie de le manipuler comme tu m’as toujours appris avec les hommes. Je n’ai plus envie d’être une mauvaise femme maltraitée ou autres, lorsque je suis près de lui. Même si un jour, comme le doit la tradition Stocker, au niveau de la magie noire, je ne veux absolument pas lui faire du mal. Je veux, comme vous, la liberté d’être qui je suis et de qui je veux devenir: Une femme avec ses propres pensées et ses propres qualités et défauts.

J’ai une dernière requête à faire pour vous, mère: J’aimerai tellement que vous rencontrez physiquement Owen, mon nouvel amant. Bien que des rumeurs qui le dénigrent en étant un coureur de jupons étaient vraies, cela n’est que du passé. Ne faites point attention aux rumeurs, je vous prie, puisqu’elles ne viennent que de personne sans grand intérêt. J’aimerai donc, qu’un week-end en Janvier ou Février, aller en Angleterre et vous le présenter, personnellement. Sans l’avis de père ou d’une autre personne de notre famille. Faisons cela discrètement, et soyez vous-même, s’il vous plait.

Je compte sur vous pour me faire parvenir en retour une lettre, pour que j’ai en ma possession votre accord et que nos échanges restent secrets;

Bien à vous, chère mère et avec toute mon affection;

Votre chère fille, Carmilla Stocker.