2013, une année pleine de découverte pour le jeune élève qu’était Antonio à cette époque. 13 ans et toutes ses dents. Et 3 ans de bétises !
Aujourd’hui, samedi, Antonio avait décidé de se balader dans l’extérieur de l’école. Son sourire était toujours aussi radieux et rien, ô rien ne pourrait l’empêcher de passer une de ces magnifiques journées. Lundi, il reprendrait les bétises avec ses deux amis, Gilbert et Francis, avec qui il avait déjà fait pleins de connerie. Et ce qui est le plus impressionnant, était qu’ils ne s’étaient presque jamais fait chopé ! La seule fois où c’était arrivé, cela avait été la faute à l’indiscrétion de Gilbert. Mais cela n’avait pas été grave. Ils avaient bien rit et ce qui comptait le plus !

En passant proche des grands sapins et des allées blanches des jardins, Antonio était loin de se douter qu’il ferait une des plus belles et importantes rencontres de sa vie d’enfant qu’il était encore. Marchant à grands pas, les bras s’activant automatiquement frénétiquement, la guitare accrochée dans le dos, il sifflotait joyeux en sentant le soleil cogner sa peau. Son regard pomme se tourna peut-être au bon moment. D’habitude, lorsqu’il marchait ici, la seule « chose » blanche qu’il voyait était le sol, le chemin se frayant parmi les arbres. Mais aujourd’hui, une tâche clairs retint son attention. Et ce n’était pas le chemin. Non.

Antonio s’arrête de marcher, et ses lèvres se pincent.
De magnifiques cheveux long et blond platines. De fins yeux bleu froid. De ravissantes lèvres. Une peau de procelaine. Il cligne des yeux, comme l’idiot qu’il est, devant ce soleil de glace qui a éclairé son après midi. Alors comme l’idiot qu’il est, Antonio attrape sa guitare. Il commence à la gratter de ses doigts qui étaient encore à l’époque, épargné de ses cicatrices. Et il se met à chanter, ensuite, pas très loin d’elle, avec un laaaarge sourire, dont les deux dents de devants sont comme toujours légèrement écartés. « Me quedo callado, soy como un niño dormido ~ Que puede despertarse con apenas solo un ruido. Cuando menos te lo esperas, cuando menos lo imagino. Sé que un día no me aguanto y voy y te miro ~ » Et en chantant il s’approche de la jeune fille qui semble nouvelle. Si elle l’est vraiment, elle va vite découvrir qui est Antonio Fernandez Carriedo!

La belle demoiselle s’était levée de son banc. Mais c’était mal te connaître (oui Antonio vu qu’elle ne te connaît pas???). Alors l’idiot qu’était le petit musicien espagnol resta bête quelques secondes en la regardant se lever et partir. Il n’avait pas grand-chose dans sa tête, à peine deux pois-chiches qui se rentraient parfois dedans et faisaient marcher son seul neurone. Alors, au lieu de comprendre que la demoiselle blonde n’avait pas envie d’être dérangée aujourd’hui, Antonio se dit qu’il allait la suivre, jusqu’à ce qu’elle le remarque. Alors en continuant à faire glisser ses doigts sur la guitare, il marcha, à grand pas, restant tout de même à une distance correcte (de deux grandes enjambées) de la fille.

Mais au bout d’un certain moment, et ce, malgré ses chants qui ne s’interompaient pas, il comprit que la demoiselle ne le remarquerait pas s’il continuait à chanter, même s’il augmentait le volume. Alors il finit par pincer ses lèvres, cherchant un moyen d’avoir son attention. Gardant sa guitare en main, Antonio appela. « Hey ! Coucou ! Euh, tu veux devenir mon amie ?? » … Aucune réponse. Il cligne des yeux. Peut-être était-elle sourde, malentendante.

Alors il fait glisser sa guitare le long de son attache pour qu’elle retourne dans son dos, et une fois les mains libres, il accéléra le pas pour arrive rà ses côtés et lui prendre doucement (enfin, il croyait que c’était doucement) le poignet de Natalia. Ses grands yeux verts se posent sur le visage de porcelaine de la belle russe. « Salut ! Tu m’entends ?? »

Et voilà ! La voilà ! Sa toute première claque. Ni ses parents, ni son frère ni ses meilleurs amis ne lui avait jamais foutu une gifle !
Peut-être qu’au fond, sans même aucun doute, il méritait, cette gifle. Peut-être même qu’inconsciemment il le savait que c’était mérité. Mais peut-être aussi qu’inconsciemment cette gifle venait de le faire chavirer.

Bien au lieu de rester là, pantois, blanc comme un linge, les larmes au yeux, Antonio sentit un sourire s’afficher sur son visage. Les picotements sur sa joue lui firent porter sa main au dessus. C’était chaud et douloureux...? Il ne ressentait pas cette douleur aiguë, de toute façon. Mais ce n’était pas ce qui allait l’arrêter. Alors oui, il resta bête quelques secondes, surtout après l’avoir entendu dire qu’elle ne souhaitait pas devenir son amie… Mais voilà. Antonio est idiot. Et surtout attiré par les gens qui ne veulent pas de lui aux premiers abords. Ce n’était plus un problème pour lui.

Antonio se tourna rapidement, ce même grand sourire idiot aux lèvres, main portée à la joue. « Attends ! » Toujours la guitare dans le dos, il se mit à courir sur une petite distance et gueula « Je m’appelle Antonio Fernandez Carriedo !! J’adore la musique ! D’ailleurs ma guitare s’appelle Lola ! Et j’adore aussi ma Tortue ! Et je suis Ursirre ! Et toi ?? Comment tu t’appelles ? Tu es dans quelle maison ?? Tu veux faire quoi plus tard ??? Moi je veux être Agriculteur magique !! » Il faisait de grands geste de bras, s’ouvrant comme un éventail et se fermant de même.

Sûrement que voilà, voilà comment Antonio Fernandez Carriedo est tombé sous le charme de Natalia Arlovskaya. Voilà, par une gifle, elle l’a fait chavirer. Tomber sous son charme froid et rude.
Elle était l’hiver mordant et insensible, pendant qu’il était l’été fougueux et joyeux.

Finalement, la demoiselle s’était arrêta à quelques pas de ceux de l’espagnol. Dans ses yeux, seule la rage ressortait. De ceux vert ne transparaissaient que le coup de foudre de l’enfance. L’envie soudaine de creuser, creuser, et de tomber sur une mine d’or. Alors il se fichait bien qu’elle lui crit dessus, ou qu’elle le regarde mal, c’était fichu. Antonio était déjà tombé à ses pieds depuis quelques minutes.

« Mais je veux être ton ami ! » Insista le jeune homme avec le grand sourire et les dents du bonheur.

Antonio, gardant son sourire, écouta sa « nouvelle amie » semblant se plaindre de quelque chose de « bizarre ». Antonio ne pouvait pas laisser sa pensée s’orienter vers une idée saugrenue, alors il la rattrapa.

« Je lui ai donné un prénom parce que quand j’étais tout seul, en première année, avant que je rencontre Francis et Gilbert, elle était ma seule amie ! Elle, elle a toujours été là pour moi, et elle me laissera jamais tomber ! » Il resta bête quelques instants avant de la regarder à nouveau et de reprendre, s’éclaircissant la voix. « Mh-mh, pardon, ma façon de me présenter n’était peut-être pas correcte. » Il tend la main vers la jeune fille. « Antonio Fernandez Carriedo, Ursirre, en 3e année ! Mes parents disent de moi que je suis l’enfant du Soleil ! Et mes professeurs pensent que je suis un Trublion ! Enchanté ! »

C’était vrai que cela pourrait paraître bizarre de s’imaginer Antonio seul. Mais, en fait, quand il parlait des instants de solitudes, ceux-ci n’avaient durés qu’une journée ! Le soir même il avait fait la rencontre d’amis de sa maison. Sociable, il l’était, mais avoir sa Lola avec lui était plus important que tout le reste.

Oh, il n’avait pas fait attention à la remarque de la blonde sur le fait de qui pourrait bien vouloir être ami avec lui. Peut-être parce que beaucoup de gens dans son genre c’était posés la même question. Enfin, de toute façon, elle changerait d’avis, pour sûr.

Oh ? Pas de serrage de main. Pas grave. Agilement, il replace son bras sur sa nuque, et se met à rire.

« C’est bien ce que je me disais, tu es en première année ! Une Lupy, tu dois avoir un sacré caractère ! J’ai l’uns de mes deux meilleurs amis qui est Lupy aussi, Gilbert ! Tu verras il est super gentil ! » Antonio l’écoute à nouveau avant de dire quoi que ce soit d’autre. Oh, et il trouvait cet accent si… Agréable. D’où venait-il ? Allemagne ? Non ça ne ressemblait pas à celui de Gilbert ! Ni à celui de Francis le français. Mmh…

« Ooh ! Un Trublion c’est quelqu’un qui met le bordel, je crois, un truc du genre ! » Dit-il en lâchant un rire amusé. « Dis-moi, tu viens de quel pays ? Moi je suis espagnol ! Ça doit s’entendre à mon accent non ? Toi aussi tu as un accent mais j’arrive pas à savoir d’où ! »

Natalia, d’après Antonio, avait l’air de se foutre de ses détails inutiles. Mais Antonio s’en fichait qu’elle n’en avait rien à faire. Il voulait en apprendre le plus sur elle.

« Je suis comme ça ! Au moins, avec moi dans la classe, on s’ennuie jamais ! On m’a dit que si je continuais à être si nul, on m’enverrais dans le cursus Vol et Sports magiques, mais je m’en fiche, j’aime bien le sport ! »  Il rit, joyeux, avant de reposer son regard sur la russe, donc, qui se confiait un petit peu.

« Russie !! Alors c’est ça ce petit accent que tu as ?? J’adore ! C’est super agréable à entendre en tout cas ! Saint Pétersbourg c’est une grande ville ?? Tu as quoi comme passion ? Je te vois bien faire de la natation, je sais pas pourquoi ! »

Peut-être était-ce son corps élancé et fin qui donnait cette impression ? Sans doutes.

« Ou alors ballerine ! Oh oui c’est ça ! Je t’imagine bien ballerine !! »

Il avait posé son poing dans sa main comme s’il avait trouvé ce qu’il cherchait depuis des minutes. Natalia ressemblait à une de ses danseuse à chignon haut, avec leurs tutus et leurs boites à musiques.

« Sérieusement ?! J’en étais sûr ! Et tu as arrêté ? C’est dommage, mais tu pourrais rejoindre le club de danse avec moi ! Je suis sûr qu’ils seraient ravis d’acceuillir une danseuse classique ! »

Il sautille sur ses jambes, comme s’il était sur ressort. Antonio était, en effet, un de ces gars trop extraverti et trop bavard. Mais il était ainsi, depuis sa naissance.

« Oh j’suis désolé si je parle beaucoup, mes parents m’ont toujours dit que j’étais super pipellet dès que j’ia appris à parler !! Mes parents, ils sont super gentils et ils sont fermiers ! Et les tiens ? Ils travaillent dans quoi ? Il fait pas trop froid à Saint Pétersbourg ? Brr, mon grand-père m’a ranconté qu’il faisait super froid en Russie à l’époque de la guerre ! Il y est jamais allé hein, il a juste entendu des amis le lui dire ! J’aimerais bien venie pour voir ! »

« Ah bon ? Bah pourquoi ?? J’suis sûr quet’es talentueuse en plus ! Tu as u peu peur ? C’ets normal ! Mais tu sais il y a plein de 1ère année qui vous nous rejoindre cette année, comme toi, si tu viens ! Puis si tu veux tu pourras danser devant moi pour que je te donne mon avis ? »

Il était définitivement trop bête. Puis en plus, il se tût d’un coup quand elle révela qu’elle n’avait pas de père- enfin que celui-ci avait disparu. Cela le mit mal et il se sentit comme désolé. Ses lèvres tremblèrent un peu, mal à l’aise. Mais il décida de revenir sur le fait que sa mère est une infirmière juste après.

« -30 ???? » S’exclama t-il, sous le choc. Ses yeux s’ouvrèrent en grand, comme l’idiot qu’il était et il resta bouche bée. « Il fait jamais moins de 0 en Espagne ! Même en hiver ! On a pas souvent de neige, alors tu te rends comtpe quand je suis arrivée ici et que j’ai vu la neige pour la première fois ! J’étais trop content !! »

En fait, il trouvait ça génial que Natalia vive dans un pays où il neigait souvent (enfin c’était la mince et seule image qu’il avait de la Russie). « Je veux trop venir en Russie maitnenant ! Un jour je viendrais et on ira dans la neige faire des Anges de neiges !! » Lançe t-il avec un grand sourire.

« Donc ta mère est infirmière… C’ets trop cool comme métier ! Et tu as des frères ? Ou des sœurs ? Moi j’ai un frère ! Un frère jumeau même ! Il est cool ! Mais on se ressemble pas trop dans la tête ! »

Une fille sûre d’elle et de ses capacités. Cela fit -un peu plus- craquer Antonio. La plus part des filles qu’il connaissait étaitent toujours peu certaines d’elle même, ayant besoin qu’on les rassure sur leurs capacités. Mais pas Natalia. Alors cela lui mit un nouveau sourire aux lèvres. Un sourire sincère.

« Tu parles ! Ça doit être génial d’avoir de la neige chez sois ! Tu sors de chez toi, et hop de la neige ! Comme pour les livreur de pizza, il suffit d’ouvrir ta porte et hop ! A domicile ! »

Puis il resta bête en l’entendant prononcer ces derniers mots, reculer et commencer à reprendre sa rote. Cette fois-ci, il était comblé, d’avoir pu parler avec elle. Alors il ne la rattrapa pas. Cependant… Il ne la laissera pas partir sans un dernier mot de sa part.

« D’accord!! On se reverra bientôt Natalia ! C’était super cool de pouvoir parler avec toi, t’es une chic fille et- ! » Mais lorsqu’il se rendit compte qu’elle était déjà trop loin pour l’entendre, Antonio se dit qu’il aurait dû prendre son numéro de téléphone-- avait elle au moins un numéro de téléphone ?
Ce n’était pas grave, il était persuadé qu’ils finiraient par se re croiser, tôt ou tard. C’était ce qu’on appelait le « destin » non ?

Avec un large sourire et les bras à l’arrière de la tête, Antonio reprit son chemin, à de grandes enjambées guillerettes. Il pensait déjà à la prochaine fois qu’il verrait cette petite poupée de porcelaine.