La tour d'Astronomie était réputé pour être un lieu de rendez-vous galant pour tous les admirateurs de la voie lactée. Avec ses nombreux livres de la chronologie stellaire et les cartes du ciel, elle profitait d'autres atouts. Les derniers modèles de télescopes ainsi que le fait que le campus était situé loin de toute source de lumière polluante en excluant le centre-ville à quelques kilomètres. L'enseignant avait envie de profiter du ciel dégagé en cette nuit. Avec excitation, il voulait pouvoir contempler les trajectoires des lunes de Jupiter, la belle Saturne et les autres constellations qui scintillent avant le prochain solstice d'été. Le vieil homme avait déjà manqué les belles et grosses lunes du printemps à cause de ses heures de correction des examens de révision qu'il fournissait à ses étudiants avant les examens finaux. Certes, il avait pu retrouver quelques images circulant sur le net, mais ce n'était pas comparable à pouvoir l'observer à oeil nu.

Alors qu'il atteignait la dernière marche, un hululement strident interrompit son geste. Ford fronçait les sourcils. Est-ce encore un animal de compagnie égaré ? Un oiseau de la volière qui s'est échappé pour venir rôder dans les environs ? Un gadget qu'un étudiant avait laissé à l'intention des rondes des préfets pour se marrer ? De toute façon, il se devait de s'assurer de la sécurité des lieux : le couvre-feu était dépassé pour certains étudiants. Il laissait ses yeux s'habituer à la pénombre de la pièce. Quelques livres avaient été éparpillé au sol, visiblement quelqu'un ne les avaient pas remis à leur place. Et cette personne en question observait le ciel avec un télescope tandis que son familier virevoltait autour de lui pour l'avertir du danger. "Ma présence doit l'affoler. Pauvre créature", pensait-il tandis que Ford sentait un air sérieux se dessiner sur son visage. Il s'avançait d'un pas calme, fouillant dans ses poches de son cardigan. Les rebords d'un carnet, les dents d'une clef, la pointe d'un stylo, un dé, l'étui où reposait sa baguette et... un bonbon sucré. Ah voilà. Voilà, ce qui pouvait probablement apaiser la chouette. Il l'extirpait de son emballage déposant la friandise sur une table proche. Le professeur éclaircissait sa voix, toussant discrètement dans son poing. Sa voix était ferme. Il s'avançait vers le télescope.

«Bonsoir. Jeune homme, vous ne devez pas être à cette heure-ci, ici.»

Sa silhouette tout comme ses vêtements modernes pouvaient lui rappeler vaguement quelqu'un. De toute façon, les jeunes portaient toujours un jeans ou un t-shirt même dans son temps... Simplement qu'il était de moins en moins facilement d'identifier quelqu'un avec les tendances ''modes''. Par souci de ne pas créer un sentiment de gêne, Stanford ne préférait pas l'appeler par un prénom qui n'était pas le sien. Une fois à côté de l'objet, Ford posait une main devant la lentille pour avoir toute son attention. Une fois son geste accompli, il reprenait de la même tonalité autoritaire.

«Déclinez votre identité et vos explications, je vous prie.»

D'un œil soucieux, il observait les mouvements de la chouette tout en plongeant son regard sur l'adolescent qui se tenait devant lui. Attendant que le brunet ose daigner lui répondre. Visiblement, le professeur allait devoir discipliner et devoir profiter de la présence des étoiles, à plus tard. Il espérait avoir de bonnes justifications de la part du jeune homme.

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Ford se taisait en se demandant quels argumentaires son interlocuteur allait lui sortir. Ce dernier avait sursauté à son approche, mais il essayait de se donner un peu de prestige. C'était honorable. Un brin amusant de le voir gesticuler consciencieusement avec l'air d'un candidat en politique. Le professeur n'en demandait pas moins : un léger sourire apparaissait. Il opinait pour dire qu'il buvait les paroles. Un futur justicier ? Un abus social ? Oh, certes, mais Fordie n'y pouvait pas y remédier. Dans le meilleur des cas, il glisserait quelques mots à ses pairs pour élaborer un débat. Une fois, le discours terminé, le vieil homme applaudissait gentiment avec un large sourire confiant. Le familier qui grignotait sa gâterie était une chance en soi.  

«Alors Monsieur, que suggérez-vous. Que nous abolitions le couvre-feu de cet établissement pour pouvoir observer la voie lactée ?»

Il levait son index vers le brunet comme pour lui intimer de l'écouter avant de passer ses mains dans le dos tout en faisant les cents pas à côté du télescope. Ford repensait qu'à son âge, le jeune garçon qu'il était s'attirait des ennuis, car il désirait découvrir ce qui l'entourait. Les jeunes ont toujours voulu défier les interdits pour différentes causes. La noble cause du savoir, de l'indépendance et tout autre raisonnement similaire pour se divertir. D'un autre côté, ça le chagrinait d'être tomber sur ce garçon qui ne demandait qu'à satisfaire son envie d'astronomie. Quoiqu'il en était l'un comme l'autre ne s'attendait pas à être surpris dans cette tour. Il retournait son regard vers son interlocuteur. Sa voix autoritaire qui ne laissait place à aucune argumentation.

«Je suis désolé, mais toute société doit avoir ses lois. J'avoue que je ne suis pas toujours du même avis de ceux qui les rédigent. Il y a quelques exceptions à considérer. J'en conviens que vous semblez avoir une noble cause, jeune homme. CEPENDANT !»

Son intonation se fait menaçante sur le dernier mot. L'enseignant laissait planer un silence de quelques minutes levant la tête vers le ciel étoilé qui les narguent. L'homme sortait sa baguette de son étui, faisait flotter la carte que tenait son interlocuteur devant ses yeux. La constellation de la Lyre. Et que dire de celle de Pégase. Il avait pensé qu'elle n'était pas aussi visible que celle de l'Altair dans la constellation de l'Aigle. Très intéressant. Ford l'observait avec une certaine rêverie qui s'éclipsait rapidement en un regard sérieux. Sa voix semblait s'être adoucie comme si le professeur faisait un exposé sur les merveilles de l'Astronomie.

«Cependant, il n'est pas de mon ressort de les contredire. Même si je peux comprendre que vous avez envie d'étudier les secrets du ciel. Qui ne s'est jamais senti en admiration devant une telle merveille ! Qui n'a jamais rêvé de vouloir découvrir les prochaines galaxies, des nébuleuses et des étoiles à des millions d'années lumières de notre planète.»

Ford démontrait avec un grand arc de la main le télescope et la voie lactée, puis se retournait vers lui en tendant le papier qu'il enroulait rapidement d'une main experte qui avait déjà roulé beaucoup de parchemins. Il rangeait dans la poche gauche sa baguette et son étui après avoir fait voler vers la table, plusieurs cartes portant sur les constellations estivales.

«Mais, je vous rappelle que je suis comme la justice, je dois me montrer impartial envers votre faute, jeune homme, aussi légère soit-elle.»

L'homme remarquait la chouette qui lissait ses plumes sur l'épaule de son maître. Il ne voulait pas lui faire peur : il voulait lui faire comprendre que l'étudiant s'était engagé à respecter le code de l'établissement. Stanford dardait son regard calme dans les prunelles mordorés du jeune homme qui se présentait. Un certain Seiya Kido en deuxième année. Hmm, ça lui disait vaguement quelque chose. Ah ça lui revenait, il l'avait déjà empêché de se battre avec des étudiants à peine plus vieux que lui. Le professeur fronçait légèrement les yeux en remontant la monture de ses lunettes. Peut-être que Mason lui avait parlé de cet ami qu'était Seiya. Si seulement, il pouvait se concentrer sur tout ce qu'il pouvait lui raconter quand il corrigeait ses copies. La prochaine fois, Ford se promettait d'y donner toute son attention.

«Stanford Pines, ou Ford, comme vous le voulez. Je suis professeur de langues magiques.»

Son autre main fouillait dans la poche de son cardigan. Mince, son carnet avait glissé au fond. Il extirpait son stylo qu'il portait à son oreille et son livret. Le professeur tournait rapidement ses pages rempli de théorèmes et de dessins. Il arrêtait sur une page vierge et y inscrivait la date et l'heure et les tendait à Seiya.

«Veuillez signer votre délit et votre nom, je vous prie. Votre punition sera évalué plus tard.»

Le professeur ajustait le télescope dans une direction en étalant les cartes sur la table autour de l'objet.

«Maintenant, parlons d'un autre sujet voulez-vous. Avez-vous toutes les informations que vous désirez pour votre cours d'astronomie ? Ou dois-je assumer que vous êtes venu pour... Comment on dit ? Ah les mots m'échappent encore. Avoir délibérément sorti de votre dortoir pour satisfaire des questions personnelles. Voyez-vous, j'étais venu pour la même raison. Que faisons-nous maintenant ?»

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Stanford acquiesçait à la proposition de ne pas résilier le couvre-feu. Au moins, ils étaient d'accord sur ce point-ci. L'effacer serait complètement futile. Il ne voyait pas l'intérêt de se pencher davantage sur cette réflexion. De toute façon, ils ne pouvaient que se perdre en conjonction sur les démarches à effectuer. Ford corrigeait rapidement l'étudiant.

«Il faut que je discute de cette situation avec mes collègues. Ahem, "avez-vous" est la forme grammaticale correcte, mais c'est un bon essai de votre part. L'anglais n'est pas votre langue maternelle, corrigez-moi si je fais fausse route. Vous venez de quel pays ?»

L'enseignant lui offrait un sourire apologique. C'était plus fort que lui-même. Il reprenait volontairement son carnet pour vérifier que tout y inscrit. Il ajoutait d'une écriture cursive dans la marge : "Vérifier les antécédents. Semble guidé sa curiosité vers les ennuis ?" Il relevait un sourcil intrigué lorsque Seiya mentionnait Mason. L'homme était surpris quasiment impressionné. Ce petit avait-il décidé de l'associer avec le strixyst et la cervirald à cause de son nom de famille. Un sourire en coin relevait à la commissure de ses lèvres. Sa voix se faisait intrigué :

«Vous connaissez Mason et Mabel Pines ? Vous êtes l'un de leurs amis ? Quel est votre raisonnement pour dire que je suis un membre de leur famille.»,  disait-il en enfouissant ses outils d'écriture dans sa poche. Il faisait une pause volontaire tout en éludant la question. Il reprenait une carte pour l'étudier rapidement en marchant vers l'objet convoité par le petit à son arrivée. Ford voulait bien évidemment voir si le petit allait mordre à l'hameçon et ce qu'il allait lui répliquer. La chouette s'amusait à lisser la tignasse rebelle de son maître et ses plumes depuis quelques temps. Dommage qu'il n'avait pas trouvé quelque chose d'autre pour l'occuper. Elle va devenir peut-être jalouse ou affolée si on ne lui accorde pas d'attention... Un scénario possible. Il se retournait vers le télescope, Ford se penchait pour observer le ciel et recalculer l'angle d'observation jusqu'à ce qu'il trouvait la première planète marbrée qu'il désirait pouvoir analyser. Il l'avait trop orienté vers le nord plus tôt. Une petite erreur toute bête. La belle Jupiter avec sa texture digne d'une crème glacée à la vanille et au caramel. Un large sourire confiant illuminait son minois. Seiya lui racontait qu'il était venu pour approfondir ses connaissances et se plaignait qu'on ne lui laissait guère le choix. Il enchaînait avec une question de vocabulaire. Ford se retournait vers lui avec un air pensif, s'écartant de l'objet. Il s'avançait et posait une de ses mains sur l'épaule du jeune homme pour le rassurer.

«Bref... Vous savez que vous pouvez admirer Jupiter et Saturne, Seiya. Vous pouvez contempler la première citée dès maintenant grâce au télescope. Je me suis dit qu'elle devait vous intéresser puisque vous étudiez la constellation de Pegasus. La mythologie vous intéresse ? »

Il désignait rapidement d'un coup de menton vers sa droite. Puis il allait chercher une chaise où il s'assoyait en prenant un ton pédagogique en enfouissant la carte dans les poches de son vieux cardigan:

«Délibérément est un adjectif. C'est un synonyme pour de manière volontaire. En résumé, vous avez décidé d'accomplir un geste ou une action malgré les risques et les conséquences qui y sont associés. En ce qui est de ma relation avec les deux jeunes Pines je suis l'un de leurs grands-oncles. Je répondrais à certaines de vos questions au meilleur de mes connaissances en ce qui concerne l'Astronomie. Je crois que cette proposition est raisonnable pour nous deux, mais vous ne devez dire à personne que je vous ai offert cette faveur.»

Le vieil enseignant croisait ses bras sur son torse en lui adressant un sourire complice et compréhensif. Ils avaient tout le temps désiré devant eux pour profiter de ce moment particulier. Au pire, si on les découvrait, Ford pourrait sortir la carte du : "leçon privée", bien qu'il a un fort doute sur la crédibilité de la justification. L'homme attendait les prochaines questions et révélations du deuxième année.  

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Un éclat de regret assombrissait ses prunelles lorsque Seiya lui détaillait les similitudes du visage des jeunes Pines avec le sien. Il arquait un sourcil dubitatif laissant le jeune garçon démontrer son association d'idées légèrement boiteuses. Ford se retenait de lui dire que quelqu'un qui prononçant parfaitement un prénom, ça ne valait pas grand chose. De même que si une personne ne voulait pas déclarer la présence ou le nom d'un frangin c'est parce qu'elle avait ses raisons de ne pas le mentionner. Il secouait légèrement la tête en signe de désapprobation en calant son dos contre le dossier de sa chaise. Il osait même avoir un rire qui s'estompait rapidement suivi d'un dérisoire ''AH''. Il voulait bien aider ses grands neveux à affronter quelques petits problèmes. Ils étaient jeunes, inventifs et créatifs : il se disait qu'il ne devait pas toujours s'interposer dans leur chemin. Fordie aimait leur présence qui lui rappelait parfois sa propre enfance avec son jumeau. Cependant être professeur était un métier exigeant : il ne pouvait pas leur accorder tout son temps libre. Ford enfouissant son nez dans ses livres de sci-fi pour se détendre ou il suivait une conférence vidéo sur les nouvelles adaptions de... Enfin qu'importe ! Expliquer tout ceci à un étudiant de deuxième année pouvait être un vrai calvaire. Surtout que Seiya pensait que Mason et lui devaient être très proches. Au vu de son regard et de sa voix enjouée, il ne considérait pas une autre option alternative. Une fois l'attention du jeune homme qui était rétabli sur lui, Ford déclarait humblement :

«Jeune homme, un professeur qui prend son métier au sérieux se doit de connaitre, au minimum, les liens de parenté entre les étudiants. Je ne veux pas vous attrister ou quoique ce soit... Je ne sais pas ce que Mason vous a dit à mon sujet, mais il s'est passionné de lui-même pour l'astronomie. Il a développé ce qu'il apprécie et l'intéresse et il en est ainsi pour sa soeur jumelle. Je ne leur ai rien transmis en particulier. J'essaie de les connaitre et de les aider au mieux de mes connaissances.»

L'américain aurait même eu un brin de fierté si c'était le cas. Le brunet lui racontait qu'il aimait les étoiles parce qu'elles avaient un récit différent de sa propre culture. Dans un coin de son esprit, l'homme admirait ce les sociétés ancestrales et ce qu'elles avaient bâties. Les temples, les sculptures dans le roc, etc. Qu'importe si les chaînes télévisées ripostaient en attribuant avec l'aide de théories farfelues que ces réussites étaient le fruit d'une aide galactique. Ford les balayait du revers de sa conscience cartésienne.  C'était tout un accomplissement selon les astres et l'ingéniosité mathématique. Ahem ! Il se concentrait sur les propos du deuxième année. Il se raclait la gorge nerveusement. Stanford se passait une main derrière sa nuque.

«Ce que je trouve intéressant dans la Mythologie, c'est qu'elle a ses similarités et ses différences avec celles des autres nations. Chaque peuple a été fasciné par les astres depuis qu'ils peuvent les observer et j'adore toujours ces histoires fascinantes.»

L'enseignant fronçait les sourcils quand Seiya se plaignait de ne pouvoir pas contempler de Pegasus dans la vraie vie. Il ressortait son carnet et sa baguette, tournant les pages en acquiesçant de temps à autre pour ne pas offusquer son interlocuteur. Analysant les faits intrigants dans le charabia continu du brunet. Il lui fournissait que le Japon regorgeait de créatures surnaturelles. Peut-être pourrait-il l'interroger sur ces derniers. Ford ne connaissait pas les coutumes des nations orientales. On lui avait bien glissé quelques anecdotes ici et là, mais ça remontait à loin. Une étape à la fois. Finalement, il réussissait à trouver la page en question ! Un magnifique Abraxam dessiné par sa main. Le professeur relevait la tête à la mention de "grande ourse". Un sourire rusé apparaissait sur son visage.

«Oh ? Vraiment ? Vous avez pu observer l'Ursa Major sur le corps d'un humain ? Quelle découverte ! C'est l'une de mes constellations préférés.»

Le jeune Kido pouvait se vanter comme il le voulait d'avoir pu trouvé cette constellation sur le front de son ami. Ce qu'il ne pouvait pas savoir, c'est que Ford n'était pas impressionné :  il avait fait le même constat des années auparavant en tenant les jumeaux dans ses bras. Il tapotait du bout de sa baguette contre le dessin qui s'élevait dans les airs. Elle s’agrandissait jusqu'à prendre la taille d'un véritable cheval avec des ailes apparaissant à quelques pas de sa chaise. Un animal formé de courbes graphites en trois dimensions. Un simple mouvement de poignet et le voilà qui trottinait vers Seiya, s'arrêtant pour abaisser son museau à la portée de sa main. Un regard noir placide qui plongeait dans celui de l'enfant. Il déployait ses larges ailes fit quelques pas autour de l'étudiant avant de disparaître dans un bruit de papier déchiré. Ford commentait rapidement après la disparition:

«Ceci est un Abraxam. Cette créature se promène dans quelques contrées européennes. Il y a aussi les sombrals, les griffons et les hippogriffes, mais ils sont plus difficiles à observer que cette majestueuse bête.»

Il bombait légèrement le torse. Il avait bien plus d'un tour dans ses manches pour accomplir ces petits miracles. C'était un de ses sortilèges personnels. Ford sentait son sourire confiant s'effriter à la demande du jeune garçon. Il clignait des yeux à deux reprises pour assimiler l'information adéquatement. Ce gamin avait un sacré toupet. Ça aurait pu aller s'il était lui-même le père des jeunes Pines, mais c'était loin d'être le cas. Cette décision ne pouvait pas être prise à la légère. Ses épaules s'abaissaient et il avait une mine perplexe en rangeant son bout de bois. Son carnet toujours ouvert sur ses cuisses. Dans son enfance, ses parents ne leur accordaient pas de règles strictes lors de leurs chasses aux monstres et aux pirates : tant que lui et Stanley devaient toujours revenir pour le souper. Ford ressentait un pincement au coeur. Voyager à leur âge était une toute autre réflexion. Nul doute, Mason et son ami avaient pensé à un projet ambitieux. Le professeur avait une tonalité sérieuse :

«Dans un premier temps, Seiya, je ne suis pas une encyclopédie linguistique sur deux jambes... À quelques détails près. Bref, pour y répondre un grand oncle ou une grande tante, c'est la soeur ou le frère d'un des grands-parents. La prochaine fois, j'aimerais que vous utilisez un des dictionnaires qui se trouve sur l'étagère là-bas.»

Il s'accordait une pause en pointant la rangée des dictionnaires avec son index avant de reprendre avec une voix qu'il espérait plus douce :

«Il n'est pas de mon devoir de vous accorder cette permission immédiatement. Je comprends que Mason et toi, vous avez envie de découvrir les monstres magiques. À votre âge, j'ai voulu chasser des Sirènes et le démon du New Jersey.»

Ford s'interrompait de quelques minutes, sa main tirant sur le col de son cardigan. Ce type de situation le mettait mal à l'aise.

«Je pourrais vous raconter ces récits, si vous le désirez ! Dès maintenant ou une autre fois, c'est comme vous le voulez. Croyez-moi, j'aurais aimé pouvoir vous dire avec "plaisir", mais je pense que vous n'êtes pas encore préparé. Peut-être dans quelques années. D'ici là, vous pourriez... vous renseigner sur les créatures, élaborer vos approches pour les observer à loisir. Vous voyez ce que je veux dire. D'ici là, j'ai une petite question pour vous. Qu'est qu'un Yokai ? Ne me dites pas que c'est un poulet géant cracheur de feu. Mon frère en possède quelques-uns à sa résidence.»

Il se permettait une blague, mais il fallait bien refaire sourire ce petit bonhomme avec un sourire en coin compréhensif. Un petit clin d'oeil raté à leur grand lézard iconique terrorisant les villes.

Codage par Libella sur Graphiorum