Talk.

Tu pousses la porte de l’another round. Déjà, les échos d’une musique sorcière – équivalent au rock moldu – viennent te chatouiller les oreilles. Tu glisses tes lunettes de soleil sur le col de ton tee-shirt bordeaux, réajuste vaguement ta veste en cuir d’un mouvement de la main. La lumière est tamisée, l’alcool coule à flot, l’ambiance est animée. Et toi, tu es dans ton élément. Déjà, l’ombre d’un sourire apparait au coin de tes lèvres alors que tu t’avances vers le comptoir. Il ne t’a fallu que quelques secondes pour reconnaitre la silhouette d’une élégante femme blonde. Mary.

Tu n’as pas beaucoup de contact avec ton passé. Presque aucun. Mary est une des seules personnes qui est restée dans ta vie. Elle avait, bien entendu, énormément changé depuis votre tendre enfance. Toi aussi, au demeurant. Et il ne s’agissait pas juste de la barbe qui poussait désormais sur ton visage. Votre pureté, vous l’aviez perdue depuis des années. Elle avait été remplacée, peu à peu, par les pates d’oies qui se creusaient au coin de tes yeux noisette. Néanmoins, malgré les années, Mary restait une très belle femme. Tant qu’elle attirait bien souvent de curieux opportunistes dans des bars comme celui-ci. Ce soir, par chance, elle était seule. Tu te doutais qu’elle ne tarderait pas à chercher une proie parmi les clients du bar et tu ne chercherais pas à l’en empêcher ; en attendant, cependant, tu pourrais lui faire la discussion.

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« Madame Christiansen. » Le ton de ta voix est bien trop révérencieux, tes yeux et le sourire taquin à tes lèvres, eux, montre bien que tu te moques. Gentiment, cela va sans dire. Tu recules le tabouret de bar à côté d’elle et t’y assois rapidement. T’accoudant au comptoir, tu fais rapidement un signe au barman et lui demande un verre de whisky. Tes yeux amusés reviennent alors se poser sur la directrice adjointe d’Ilukaan. « Alors, on passe une bonne soirée ? »

Talk.

Tes yeux se plissent en un sourire amusé, dévoilant tes pates d’oies. Tu laisse ton regard glisser sur le visage et la silhouette de ton amie d’enfance. Elle ne change pas, jamais. Le petit pull pourpre, les cheveux châtains incroyablement bien coiffés. Et son regard, perçant, souligné par de légers cernes virant au violet. Tu les connais par cœur, ses traits. Cependant, tu es toujours surpris par son charisme, par l’aura qu’elle déploie autour d’elle lorsqu’elle parle, lorsqu’elle bouge. Quand elle se tourne vers toi, elle te toise de toute sa hauteur. Comme une reine. La reine du bar.

Un rire chaud franchit tes lèvres alors que ta main droite se colle tout contre le verre d’alcool. C’est frais sous ta paume. Tu le soulèves, fait tourner le liquide ambré à l’intérieur. Tes yeux, eux, fixent toujours Mary. Tu observes, quelques secondes, la grimace qui se forme sur ses lèvres. Tu la connais assez pour savoir qu’il lui en coûte de dire de telles choses. Ça ne fait qu’accentuer ton sourire de loup. « Et bien, très chère, cette tristesse est partagée. Ça fait bien trop longtemps. » Un grognement amusé s’échappe de ta gorge alors que tu lèves ton verre vers le sien. « Trinquons à ces retrouvailles ! » L’entrechoc des verres. Le bruit, un peu désagréable. Tu bois une longue gorgée, repose le verre avec un soupir de satisfaction.

« Et tu as raison … j’dirais même que je passe pour un expert dans la matière », laches-tu après un petit silence. « Faire languir les gens, c’est une science ardue, tu sais ? » Un nouveau sourire taquin vient prendre place sur tes lèvres. Là, juste au coin de ton visage. « Bon. Puisque cela fait plusieurs semaines que tu me délaisses pour tes papiers et autres tourments administratifs. Dis-moi. Quoi de nouveau dans ta jolie vie ? » C’est une question, comme ça, pour passer le temps, pour discuter. Elle te dira ce qu’elle veut, et ça te va. Tu ne la forceras jamais à dévoiler son intimité, jamais à dire ce qu’elle ne veut pas. Tu te fais l’oreille tranquille sur laquelle elle peut se reposer.

Talk.

Tes yeux se plissent, amusés, alors que tu observes ton amie de toujours. Comme à son habitude, elle ne manque ni de verve, ni de sass. Elle te déride, un rire rauque s’échappe de ta gorge, vient atterrir tout prêt de ton verre de whisky. Tu ne te lasse pas de la regarder, alors qu’elle t’explique ses diverses aventures. En tant que professeur, tu as affaire à quelques gamins compliqués, tu sais ce que c’est. Mais Mary … vu son poste, elle en voyait des biens pires que toi. L’anecdote des fourmis confirme bien cet état de fait. Les gens devenaient de plus en plus tarés, pour sûr.

Une gorgée de whisky plus tard, tu te dis que bon, après tout, vous deux, vous n’étiez pas parfaitement sain. Tu la vois se resservir, vider presque aussi sec son verre. Et toi, t’es là, avec ta gueule de déterré. Deux vieux fatigués, un peu abimés. Mais charismatiques aussi. Les regards se tournent souvent vers vous, et ce n’est pas uniquement parce que ta compagne enchaine les verres plus vite que son ombre. Enfin, tu parles, tu parles. Mais tu as bientôt fini le tien.

Tu secoues la tête, et sous ton air amusé, un peu de tendresse. Tu sais bien qu’elle se sent seule. Tu la comprends, un peu. Mais toi ça te dérange un peu, la solitude. Et puis, tu sais la combler avec des jolies paires de seins ou des jolies paires de fesses. Tu ne doutes pas qu’elle aussi mais .. si elle n’a pas le temps… Un nouveau rire franchit tes lèvres sèches.

« Évidemment, évidemment. Ma vie est palpitante ! » Tu fais tourner le whisky dans ton verre, puis le repose, vide, sur le comptoir. « Ma vie n’est pas si passionnante. Je trouve toujours un lit dans lequel me glisser le soir, et ca me suffit bien. Mais je ne peux pas t’offrir de grandes histoires de romance non plus. Tu sais bien que ce n’est pas à moi qu’il faut demander ça. Mais j’peux te trouver un bon livre ou deux si tu veux occuper tes folles nuits. Ou des vidéos, dans un autre genre… » Sourire goguenard au bout des lèvres tu demandes à ce que l’on te resserves. Allez, deux partout.