Nul ne pourrait douter de la rudesse de l'obstacle qui sépare l'homme d'un monde qui n'est pas le sien - plus encore, quand ce dernier dépasse tout ce qu'il a pu imaginer enfant. D'ordinaire lassé dès qu'il intégrait le monde magique, Oliver s'était subitement senti d'humeur à le découvrir, lorsqu'il eut l'étrange initiative de demander à sa professeure de lui montrer ces choses qu'il n'avait encore jamais vues : les Mooncalves. Ignorant de par ses origines moldues, Oliver ne connaissait ces discrètes créatures qu'au travers des livres qui constituaient ses études.

Celles-ci y étaient décrites comme mignonnes et ne sortant de leur terrier que les nuits de pleine lune (un point commun entre lui et elles, pensait-il), là où ses yeux ne pouvaient guère s'aventurer et ses pas encore moins. Maudits étaient Ilukaan et son règlement qui l'empêchaient d'agir à sa guise en privilégiant de la sorte sa sécurité ; à croire qu'ils pensaient que l'écossais portait le moindre intérêt à sa survie. Amer de frustration, il ne pouvait donc que compter sur la gentillesse d'un professeur pour pouvoir - enfin ! - en approcher une.

Par chance, une de ses professeures enseignait les soins aux créatures magiques, l'une des options choisies par le jeune étudiant qui ne pouvait qu'être admiratif devant ses enseignements - et ses quelques doigts manquants. On pouvait ainsi dire qu'elle savait donner de sa personne, ce qui est toujours une qualité. Bien qu'il tenait à conserver les siens pour des raisons évidentes (il n'allait pas coudre avec les dents, ou alors difficilement), l'écossais voyait en cette femme un modèle, autant auprès des animaux qu'en ce qui concernait son futur, qui allait très probablement s'apparenter au cliché de la  folle entourée de chats.

Profitant d'un vendredi (de pleine lune, vérifiez) qui lui permettait de contourner le couvre-feu, il lui avait donc demandé, avec toute la politesse dont il était capable (c'est-à-dire beaucoup, la dame était une adulte), s'il avait son autorisation pour l'accompagner pendant le repas des créatures ; une demande qui fut approuvée, à son plus grand bonheur. Le soir tombant, Oliver enfila avec précipitation la première robe blanche qu'il fit sortir de son placard, idée qu'il ne trouva plus aussi maligne quand il approcha des jardins et des salissures éventuelles, puis rejoignit Carmela à petits pas soignés : L'envie de provoquer les bestioles l'entourant ne lui traversait en rien l'esprit.