The world is a machine feat  Annabeth

28 mai, 13h03. Le thermomètre annonce une petite quinzaine de degrés à l’extérieur. Peut-être indiquerait-t-il une température un peu plus clémente si quelques nuages plaisantins se n’amusaient pas à cacher le soleil. Au fond, c’est comme ça que se perçoit Léo, un nuage malicieux qui gâche tous les rayonnants soleils que sont ses amis. Enfin, si on lui pose la question, il répondrait qu’il est tel l’astre de lumière brûlant du Texas : aveuglant tellement il est brillant, et bien évidemment chaud comme la braise.

Comme tous les mardis, il profite de sa pause méridienne pour se rendre dans une zone quasi déserte à cette heure-ci : l’espace sportif. Plus précisément, il se dirige vers le bâtiment où sont entreposés les chars servant à la course avec Sombrals, situé dans un coin un peu reculé du secteur. Il a bien sûr pris avec lui sa mallette de bricoleur, outil indispensable pour la tâche qu’il s’apprête à effectuer. Cette petite habitude constitue le moment de la journée préférée de l’américain : il peut enfin oublier les cours, les professeurs, les devoirs, les mauvaises notes qui s’enchainent, les quelques remarques des autres élèves qui persistent… Ici, il peut être lui-même et faire ce qui lui plaît, sans crainte d’être jugé. Ici, c’est son domaine, il maîtrise parfaitement chacun de ses gestes.

Après s’être assuré que les portes soient ouvertes, le lutin du père Noël se faufile à l’intérieur de l’entrepôt. En franchissant l’entrée, une certaine forme de pression avait disparu pour laisser place à de l’enthousiasme : il peut désormais s’adonner à sa passion, l’ingénierie.

« Yo les petites engins de course ! J’espère que l’illustre et unique Léo ne vous a pas trop manqué ! »

Il parle souvent aux machines, peut-être même plus qu’aux êtres humains. Il faut dire que ce sont sûrement les seules qui ne bronchent pas à ses blagues parfois douteuses. Puis, faire la conversation avec un appareil lui est plus simple : elle est à sens unique et il n’a pas à redouter la réaction de son interlocuteur, maladroit comme il est.

« Je vais commencer par toi Buford ! J’ai entendu dire que tu avais bien mordu la poussière à la dernière course… Faut dire, vu l’imbécile que tu devais te trimballer, je comprends que tu aies voulu en finir rapidement ! »

Chaque char a un nom bien particulier fourni par Léo. Pour lui, chaque machine est comme un individu, tous sont différents et possèdent leurs propres particularités, bien que peu de monde s’attarde vraiment dessus.

« Vous voulez une bonne nouvelle ? La saison des courses va bientôt reprendre à plein temps. Vous savez ce que ça veut dire ? Ouais, bon ok, vous allez morfler encore plus qu’en temps normal. Mais ça veut aussi dire que je vais passer plus souvent réparer vos bobos ! C’est pas génial ça ? »

Bien sûr, aucune réponse. Il s’installe près du premier char et pose sa mallette qu’il ouvre par la même occasion. C’est parti pour une heure de détente à s’occuper de l’entretien des chars d’Ilukaan, à l’abri du temps encore bien frais pour le sorcier.

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The world is a machine feat   Annabeth

Vous connaissez l’expression avoir des sueurs froides ? C’est exactement ce qui arriva à Léo au moment où il reconnut la voix d’Annabeth. Un frisson lui parcourut l’échine. Vous savez, comme si vous deveniez chatouilleux tout le long de la colonne vertébrale et qu’une personne s’amuse à y passer une plume. Sauf que vous ne rigolez pas du tout. Vous êtes paralysés en plus de ça, parce que la personne qui vous chatouille vous maintient par des liens invisibles. Oui, un peu sadique.

Pourquoi donc une telle peur ? Annabeth n’était pas un monstre déguisé en élève pour pouvoir manger d’autres étudiants… Quoique... Non, elle était juste blonde… et intelligente. C’est à peu près tout. Il faut dire, avec les préjugés qui courent sur les personnes aux chevelures dorées, l’américain fut fort pris au dépourvu avec la Cerviralde. Une vraie tête de classe, sérieuse, disciplinée, tout le contraire du sang-mêlé. Si ça s’arrêtait là, la jeune femme était en plus dotée d’un caractère plus que bien trempé. Autant dire que personne ne souhaiterait affronter son courroux, et encore moins l’Ursirre. Les sirènes et autres Strangulots ? Pff, ce sont des gentils animaux de compagnie à côté. Un sacré bout de femme, dirait-il. Aussi, il la craignait autant qu’il la respectait. Enfin, est ce que la crainte n’est pas une forme de respect ?

Toujours est-il qu’il était là, toujours caché en dessous de Buford et qu’il n’avait toujours pas rendu son salut à la demoiselle. Il décida après ce qui lui parut une éternité de sortir de sous le char pour écouter la requête de son aînée. Son uniforme était désormais taché de cambouis, comme à chaque fois qu’il terminait une intervention auprès de machines. Ses lunettes de mécanicien sur le nez ne le protégeaient pas tant que ça du regard lancé par deux yeux semblant abriter un ciel d’orage, ce qui l’intimida d’autant plus. Est-ce qu’il avait fait une gaffe ? Est-ce qu’elle allait lui demander d’améliorer son char afin qu’elle devienne la meilleure conductrice ? Est-ce qu’elle voulait qu’il trafique une machine pour qu’un autre perde une course ?? Pour la deuxième question, elle serait parfaitement capable de le lui demander… Quoique, elle aurait peut-être trop d’ego pour ça.

 « Bonjour, Annabeth. »

Pas question de faire le pitre, ce serait prendre trop de risques. Il joua avec sa clé à mollette à mesure qu’il se redressa, éternelle petite boule de nerfs qu’il est.

«  Et que peut faire le flamboyant Léo pour toi ? »

Si les propos étaient confiants, on ne pouvait en dire autant du ton, bien qu’il ne soit pas totalement timide pour autant. Pitié, une question facile. « Comment ça va ? » « Tu ne trouves pas qu’il fait beau aujourd’hui ? » « Quelle heure est-il s’il te plaît ? » Il savait très bien qu’il se leurrait, mais il a bien le droit d’espérer.

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